Nous retrouvons Sakina-Dorothée Ayata, maîtresse de conférences en écologie marine à Sorbonne Université pour sa chronique "Plongée dans les océans".
Sakina, la semaine passée vous nous avez parlé de la sardine. Cette semaine on continue sur les poissons, puisqu'il va être question de son cousin le maquereau.
Oui, en ce mois d'avril, je me suis dis qu'il serait de saison de parler de poissons. Cette semaine, il va donc être question du maquereau qui s'appelle en latin Scomber scombrus. Puisqu'en latin, Scomber signifie maquereau.
Et d'où lui vient le nom français de "maquereau" alors ?
Le mot maquereau viendrait du latin macula et peut-être aussi du mot latin radiata, puisque ces deux ensembles désignent un motif de taches (macula) disposées en bandes (radiata).
Par ce que le maquereau est en effet un poisson rayé.
Oui, exactement. Le dos du maquereau présente un motif rayé caractéristique, un peu zébré, avec des bandes obliques et parallèles de couleur bleu foncé, assez sombres, et des bandes vert irisé, plutôt claires. Et le ventre du maquereau est de couleur uniforme blanc nacré ou argenté. Les individus adultes font en moyenne 30 cm de long, pour un poids d'environ de 300 g.
Et où trouve-t-on le maquereau ? Est-il présent uniquement sur nos côtes ?
Non, le maquereau vit dans tout l'Atlantique Nord, depuis, au Nord, Saint-Pierre et Miquelon, qui se trouve à l'Ouest, jusqu'à l'Islande et le nord de la Norvège à l'Est, et puis jusqu'au Maroc au Sud. Et on trouve aussi le maquereau en Mer Méditerranée et en Mer Noire.
Et le maquereau vit en banc, c'est ça ?
Oui, le maquereau est un poisson fusiforme au comportement grégaire : on le retrouve souvent en bancs assez compacts. Il vit en moyenne entre 0 et 250 mètres de profondeur. Il est présent plus au large et plus profondément en hiver, d'octobre à février grosso modo. Puis de février à octobre on le retrouve plus près des côtes et plus en surface, et pendant sa période de reproduction, d'avril à juillet, il se regroupe sur les frayères. La fécondation est externe, comme chez la sardine, et elle se déroule à une température de 12 à 13 °C à environ une centaine de mètres de profondeur. Ses œufs font de l'ordre d'un millimètre de diamètre, ils flottent dans la colonne d'eau car ils possèdent une gouttelette d'huile et après 5 jours d'incubation, ces œufs éclosent pour donner de petites larves qui vont se diriger vers les zones côtières plus abritées et plus riches en nourriture.
Et j'ai cru comprendre que le maquereau a une particularité morphologique qui le distingue de ses cousins, c'est ça ?
Oui, tout à fait, car le maquereau ne possède pas de vessie natatoire ; contrairement à d'autres espèces proches. Il est donc obligé de nager continuellement pour ne pas couler. Mais le maquereau est un excellent nageur, en particulier grâce à son corps fuselé, à sa tête pointue, et à ses écailles qui sont enfoncées dans son derme, donc rien ne dépasse, ce qui lui confère d'excellentes qualités hydrodynamiques. Il peut ainsi nager jusqu'à 10 km/h.
Et qu'est-ce que ça mange un maquereau ?
Les plus petits individus se nourrissent de zooplancton, principalement des copépodes, et les plus grands peuvent ingérer les petits poissons qu'il rencontre, comme des sardines, des sprats, des anchois, des harengs ou encore des lançons. Pour se nourrir, il ouvre sa bouche et filtre l'eau en nageant, tout comme la sardine. Et on pense que le maquereau jeûne pendant les mois d'hiver.
Le maquereau est donc carnivore. Et j'imagine qu'il a lui-même de nombreux prédateurs.
Et oui. Parmi ses principaux prédateurs, on trouve de plus gros poissons, comme les thons, les oiseaux marins, comme les mouettes, mais aussi des mammifères marins, comme les dauphins, et bien sûr l'homme. La pêche au maquereau se pratique soit "à la traîne", c'est à dire qu'on tire une "ligne de traîne" depuis un bateau, soit "à la dandine", c'est-à-dire avec une ligne que l'on fait bouger à la verticale depuis un quai ou depuis un bateau. Les lignes pour pêcher le maquereau sont équipés d'une dizaine d'hameçons et sont appelées des mitraillettes. Les pêcheurs professionnels le pêche au chalut.
Merci Sakina pour ces informations. Nous y penserons la prochaine fois que nous mangerons du maquereau ! A bientôt.
Sakina Ayata au micro de Cécile Dauguet
Tous les épisodes de "Plongée dans les océans" sont à retrouver ici