Au programme :
- Le déficit public élevé, classe la France parmi les mauvais élèves de l’Union Européenne
- L’adoption du Pacte asile et immigration par le Parlement européen
- Les nouvelles tensions entre la Grèce et la Turquie en Mer Egée
Ouvrons ce journal en évoquant les prévisions de déficit public français pour 2024. Plus de 5% du PIB, c’est le chiffre envisagé par le ministère de l’économie, contre 4,6% initialement prévu. Des chiffres passablement inquiétants qui pourraient obérer les capacités financières françaises.
Oui, déjà en mars l’annonce du déficit budgétaire sur l’année 2023 par l’INSEE avait inquiété l’Union européenne. Les prévisions pessimistes pour l’année en cours vont donc dans la continuité de cette mauvaise période pour les finances françaises. Alors que Bercy anticipait un déficit de 4,9% du PIB en 2023, il s’élève finalement à 5,5%. Au risque de pousser les grandes agences de notation financières à dégrader la note de la France. Un constat inquiétant, qui provoquerait un renchérissement du coût de la dette, difficilement supportable pour les finances françaises.
Cette augmentation du déficit vient renforcer le pessimisme quant à la capacité de la France à tenir ses promesses et à repasser sous la barre des 3%, d’ici 2027.
Pour rappel, 3% c’est la limite à ne pas dépasser instaurée par le pacte de stabilité et de croissance de l’Union européenne. Cet accord, mis en place en 1997 oblige les États membres à rester dans ce cadre. Il avait été suspendu entre 2020 et 2023, mais a été ré-instauré en 2024.
Pour s’y conformer, la France a décidé de réduire drastiquement ses dépenses. Après les avoir réduites de 10 milliards d’euros en février, le ministère de l’économie a déclaré vouloir économiser 10 milliards supplémentaires dans le budget de 2024.
Et à deux mois des élections européennes, ce dérapage du déficit public place la France en bas du classement des grands pays européens.
Tout à fait, sur le front du déficit budgétaire la France se classe en avant dernière position de la zone euro devant l’Italie, déficitaire à hauteur de 7,2% de son PIB au contraire des pays dits « frugaux », comme l’Allemagne ou les Pays Bas qui tiennent leur déficit.
Certains pays affichent même un excédent budgétaire, c’est le cas du Danemark ou encore du Portugal qui enregistre une des croissances les plus fortes de l’UE et retrouve sa crédibilité financière.
Toutefois, la France n’est pas la seule à être pointée du doigt par l’Union.
Si la majorité des États membres ont redressé leurs finances par rapport à 2022, les pays de l’Est creusent un déficit public, déjà élevé. La Slovaquie à 7%, et la Bulgarie à 6,6% ont également aggravé leur déficit par rapport à l’année précédente.
Poursuivons ce journal en évoquant l’adoption du pacte européen sur l’asile et la migration par les eurodéputés le 10 avril.
Plus de trois ans après sa proposition par la Commission européenne, ce texte est peut-être au bout de son processus législatif. Les eurodéputés réunis en session plénière à Bruxelles ont approuvé le pacte grâce à l’accord auquel étaient parvenus les trois principaux groupes du Parlement. Reste encore à le faire approuver formellement par les États membres, qui auront ensuite deux ans pour appliquer ce pacte.
Et justement, ce pacte, que prévoit-il ?
Tout d’abord, les ressortissants étrangers seront soumis à un filtrage en arrivant dans l’UE. Ceux qui auront le moins de chances d’obtenir l’asile seront déplacés dans des centres en attendant la fin de la vérification de leur dossier. L’objectif étant de pouvoir les renvoyer plus rapidement hors des frontières.
Un système de solidarité obligatoire a également été approuvé pour soutenir les États les plus touchés par l’arrivée de demandeurs d’asile, comme l’Italie ou l’Espagne. Une mesure d’ailleurs fustigée par certains États membres comme la Hongrie.
D’ailleurs, dans son ensemble, ce texte est loin de faire l’unanimité.
Non, plusieurs groupes du parlement ont exprimé leur mécontentement à la suite de l’adoption de ce texte. Les formations d’extrême droite estiment qu’il ne va pas assez loin dans les restrictions, tout en pénalisant certains états à cause des mesures de solidarité. De l’autre côté, l’aile gauche du Parlement, tout comme certaines ONG, s’inquiètent des risques humanitaires induits par le pacte. Dans une déclaration conjointe, quelques 161 organisations avaient d’ailleurs appelé au rejet d’un texte qui, je cite, “criminalise les exilés”.
Ce pacte n’est pas la seule réforme européenne sur le front de la migration. Des accords sont également en cours de négociations avec plusieurs États Africains.
Après avoir signé un accord avec la Tunisie, l’Union européenne continue de négocier avec plusieurs pays d’Afrique du Nord. Objectif : les aider financièrement à prendre en charge les départs directement depuis leur territoire. Une politique qui est pour le moment loin de porter ses fruits avec Tunis, en témoigne le renvoi de 60 millions d’euros par Kaïs Saied qui déclarait refuser la “charité” européenne.
Concluons ce journal en mer Égée, théâtre de nouvelles tensions entre la Grèce et la Turquie.
Alors qu’en décembre dernier les deux pays disaient vouloir ouvrir un nouveau chapitre, plus apaisé, dans leurs relations, ce nouvel épisode montre qu’il y a encore beaucoup de chemin à parcourir. Cause de l’imbroglio : la volonté de la Grèce de protéger deux zones maritimes connues pour leur biodiversité particulièrement riche. Une richesse qui vaut d’ailleurs à l’une de ces zones le surnom de “Galapagos grecs”. Problème étant que la Turquie a contesté le 9 avril la souveraineté de la Grèce dans cette zone. Elle l’accuse donc de prendre un décision unilatérale sur des territoires qui ne lui appartiennent pas.
La rivalité au niveau de la frontière maritime entre ces deux pays ne date pas d’hier.
Non, elles ont donné lieu à plusieurs épisodes de tensions et même à des affrontements militaires ces dernières décennies. Des frontières ont pourtant été clairement définies par plusieurs traités, mais celles-ci donnent à la Grèce la souveraineté sur une très grande majorité de la mer Égée. Un état de fait inacceptable pour la Turquie, qui a d’ailleurs déclaré « ne pas accepter le fait accompli », concernant les deux futurs parcs marins.
Un journal de Joris Schamberger et Paloma Biessy.