Les députés britanniques ont approuvé en deuxième lecture un projet de loi controversé dans le cadre du Brexit. La loi fait débat depuis plusieurs semaines car elle contredit certaines dispositions de l’accord de sortie de l’UE signé en 2019 ; en Allemagne, Rupert Stadler, l’ancien patron de la marque automobile Audi, fait face aux tribunaux, pour un scandale en 2015 de trucage des moteurs diesel de plusieurs marques de voiture ; la Belgique a enfin formé un gouvernement après plus de 600 jours d’un interminable intérim.
Mardi, les députés britanniques ont approuvé en deuxième lecture un projet de loi controversé dans le cadre du Brexit. La loi fait débat depuis plusieurs semaines car elle contredit certaines dispositions de l’accord de sortie de l’UE signé en 2019. Quel est le contenu de cette loi qui fait tant polémique ?
Devant l’enlisement des négociations, Boris Johnson, le premier ministre britannique, avait décidé mi-septembre revenir sur la parole du Royaume-Uni. La loi revient sur certaines dispositions déjà convenues avec l’Union européenne, notamment en ce qui concerne les aides d’Etat et la pêche. Elle va maintenant être analysée par la Chambre des Lords, la chambre haute du parlement.
Ce qui irrite le plus l’Union européenne, c’est le volte-face britannique sur le futur de la frontière entre la République d’Irlande et l’Irlande du Nord, territoire britannique. En effet, l’hypothèse d’un retour d’une frontière dure entre les deux Irlandes fait craindre le pire pour la paix sur l’île. Je le rappelle, l’Irlande a été secouée par des violences jusqu’à la fin des 80dix. Ces violences opposaient les indépendantistes catholiques contre les loyalistes protestants, désireux de rester attachés au Royaume-Uni.
Cette loi britannique a porté un nouveau coup important à la confiance entre l’Union européenne et le Royaume-Uni. Une confiance déjà largement érodée par des mois de laborieuses négociations. Elle a été approuvée alors que pourtant l’opposition était très forte !
Tout à fait ! ce projet de loi a provoqué la colère de nombreuses personnalités politiques et ce, même au sein du camp conservateur de Boris Johnson, premier ministre britannique. Des anciens premiers ministres tels que Tony Blair ou Gordon Brown, côté travailliste, ou Theresa May et John Major, côté conservateur, ont vertement critiqué le projet. Néanmoins, il faut préciser que Boris Johnson jouit d’une majorité écrasante à la chambre des communes, la chambre basse. Le projet est passé avec 340 voix contre 253.
Du côté de l’Union européenne, l’exaspération prévaut. Cette loi britannique constitue un coup de massue dans des négociations pourtant engagées dans leur dernière ligne droite pour aboutir à un accord commercial post-Brexit.
En faisant passer cette loi, Boris Johnson prend le pari d’un « no-deal », donc d’une absence d’accord commercial au 1er janvier, jour de la sortie effective du Royaume-Uni. Une situation qui fait craindre le pire à de nombreux experts, qui prédisent des conséquences économiques désastreuses, à fortiori dans le contexte de pandémie que nous connaissons.
Y a-t-il déjà des conséquences concrètes dans cette perspective d’absence d’accord ?
Oui, prenons le secteur bancaire, par exemple. Des banques comme Lloyds ou Barclays ont déjà écrit à leurs clients britanniques qui vivent sur le continent européen. Elles ont prévenus leurs clients qu’elles allaient devoir fermer leurs comptes dans l’Union européenne. Sans accord de l’Union, les banques britanniques ne pourront plus proposer leurs services bancaires sur le continent Elles devront postuler à une licence dans chaque pays. Une situation qui promet de nombreuses incertitudes.
Intéressons-nous maintenant à l’Allemagne ! Rupert Stadler, l’ancien patron de la marque automobile Audi, fait face aux tribunaux. En 2015, un scandale avait éclaté autour du trucage des moteurs diesel de plusieurs marques de voiture. Il fait face à la justice pénale à Munich. Pouvez-vous nous rappeler de quoi il s’agit exactement ?
Et bien, en 2015, le scandale dit du « dieselgate » a été révélé au grand jour. Durant de nombreuses années, le groupe Volkswagen, dont Audi fait partie, aurait écoulé près de 11 millions de voitures truquées. Les moteurs diesel étaient trafiqués pour paraître bien moins polluants qu’ils ne l’étaient en réalité. Rupert Stadler est accusé de fraude, d’émissions de faux certificats et de publicité mensongère.
Il s’agit aussi du premier patron qui subit un tel traitement en Allemagne. Il avait été mis en détention provisoire pendant quatre mois en 2018. Le procès qui vient de début devrait durer des années.
Il n’est pas le seul dans cette affaire, d’autres ont été inculpés ou ont déjà été condamnés ?
En effet, le scandale a également fait grand bruit aux Etats-Unis. La justice américaine a condamné deux ingénieurs impliqués à des peines de prisons. Le groupe automobile a déjà du payé une amende de près de 30 milliards d’euros aux autorités américaines.
En Allemagne, Rupert Stadler, l’ancien patron d’Audi, n’est pas le seul mis en cause. Il est accompagné sur le banc des accusés par deux autres ingénieurs accusés d’avoir développé le stratagème. Le grand patron de Volkswagen, Martin Winterkorn, fera face à son procès l’année prochaine. Le groupe automobile fait encore face à de nombreuses requêtes de clients lésés. Cette affaire va continuer à faire parler d’elle dans les années à venir.
Terminons par la Belgique, qui a enfin formé un gouvernement après plus de 600 jours d’un interminable intérim. Pouvez-vous nous parler de la composition de ce nouvel exécutif ?
Après 21 mois depuis la chute du gouvernement Michel en décembre 2018, une nouvelle coalition voit le jour. Les médias lui ont trouvé un nom : la Vivaldi en référence aux quatre couleurs incarnées par quatre courants politiques différents qui la composent. Il y aura les socialistes, les libéraux et les écologistes, tant francophones que flamands, ainsi que les chrétiens flamands. Cela fait donc 7 partis au total.
Le premier ministre est Alexander de Croo, un libéral flamand et précédent ministre des finances. Tout comme Charles Michel, le précédent premier ministre, il est le fils d’un politicien chevronné. Il perpétue une dynastie politique.
Vu la composition très variée de la coalition, le programme du gouvernement doit l’être tout autant ?
Tout à fait, satisfaire toutes les parties n’a pas été facile. L’accord de gouvernement constitue un véritable compromis. Il s’appelle « pour une Belgique prospère, solidaire, et durable ». Comme mesures phares, les partis se sont notamment accordés sur une allocation de 2, 3 milliards d’euros pour la politique sociale. 1 milliard sera investi dans la justice, la sécurité et la défense. Les écologistes ont également insufflé leurs priorités, leur rapport insiste également sur l’urgence climatique. T – Merci Victor, merci pour votre attention !
Victor D'Anethan - Thomas Kox