Reprise des discussions entre Grèce et Turquie, plusieurs mois après les tensions au large des îles grecques ; une initiative citoyenne demande plus de régulation des technologies biométriques par la Commission; après le Brexit, des voix s'élèvent pour un rééquilibrage des langues officielles dans les institutions européennes.
La Turquie et la Grèce ont annoncé reprendre les discussions sur leur différend maritime, le 25 janvier prochain, après plusieurs accrochages dans les eaux de la mer Egée. Les tensions se sont-elles apaisées ?
Malgré le calme apparent, les tensions sont toujours là et les deux pays campent sur leur position. Pour rappel, leurs relations déjà compliquées, ont pris un tour difficile après que la Turquie ait commencé, en août 2020, à rechercher des hydrocarbures à proximité des îles grecques.
Même si une escalade a pu pour l’instant être évitée, Athènes multiplie les initiatives diplomatiques et militaires pour parer à toute éventualité. A la fin 2020, le parlement grec a ainsi approuvé le budget militaire qui prévoit une augmentation des dépenses pour la défense de 60% qui devraient atteindre 5,5 milliards d’euros.
Athènes vient également d’allonger son service militaire de 9 à 12 mois et prévoit d'acheter 18 avions de chasse rafale ainsi que de nouvelles frégates. La Grèce travaille aussi à nouer de nouvelles alliances militaires, comme avec Israël la semaine dernière.
Mais cet activisme d’Athènes ne semble pas freiner la Turquie. Ankara a ainsi déclaré à nouveau, à la fin décembre, sa volonté de procéder à de nouvelles recherches d'hydrocarbures.
C’est donc une course aux hydrocarbures en Méditerranée qui alimente cette dispute ?
En grande partie oui. Les deux pays de la Méditerranée s’opposent en effet sur la délimitation de leur frontière maritime respective. Athènes accuse Ankara de violer ces eaux territoriales, notamment pour y extraire du gaz.
La Grèce continue de rappeler que ses îles font partie intégrante de son territoire maritime, en accord avec la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer de 1982 qu'elle a signée. Mais la Turquie est un des rares pays non-signataires de cette convention. Celle-ci affirme que la zone maritime grecque est plus restreinte car seul le continent, et non les îles, permettent de mesurer la zone marine ou la Grèce peut exercer sa souveraineté.
Évoquons maintenant une initiative citoyenne qui demande à ce que la Commission européenne régule l'usage des technologies biométriques.
En effet, cette pétition citoyenne adressée à la Commission est intitulée "Initiative de la société civile pour une interdiction des pratiques de surveillance biométrique de masse". Elle a été proposée par un mouvement regroupé sous le slogan "Reclaim your face" qui rassemble des citoyens et des associations concernés par la protection des droits fondamentaux dans le monde digital.
Ce mouvement s'inquiète du risque de surveillance de masse dans l'espace public, notamment la reconnaissance faciale qui limite les droits fondamentaux tel que le droit à la vie privée. Selon ce mouvement, son déploiement indifférencié et arbitraire va à l'encontre du droit européen sur la protection des données.
Pouvez-vous nous rappeler comment fonctionnent ces initiatives européennes ?
Le dispositif d’initiative citoyenne européenne à été introduit en 2012, suite au traité de Lisbonne. Si l'initiative est enregistrée et recueille plus d'un million de signatures à travers au moins 7 États membres en un an, la commission est invitée, dans les six mois suivants, à proposer ou non une législation sur la base de la proposition. Depuis son introduction, 76 initiatives citoyennes ont été enregistrées et 26 refusées.
Terminons en évoquant cette petite musique qui commence à se faire entendre à Bruxelles et qui déplore que l’anglais demeure la langue de travail principale des institutions européennes après le Brexit. Plusieurs tribunes appellent à un rééquilibrage en faveur du français.
En effet, après la fin d’année marquée par le Brexit, l'UE doit-elle abandonner la langue de Shakespeare. C’est une question que certains se posent depuis la sortie du Royaume-Uni de l’Union fin décembre.
Rappelons que le Royaume-Uni était le seul État membre à l'avoir comme langue officielle. Même si l’anglais est une langue d’usage majoritaire, l’Irlande et Malte ont respectivement choisis pour langue officielle le gaélique et le maltais.
Effectivement plusieurs tribunes ont été publiées dans ce sens dans différents Etats, ces derniers jours même si les institutions ne font pas montre d’un empressement excessif à abandonner l’anglais.
Quels sont les autres arguments des partisans de l’abandon de l’anglais ?
Normalement, tous les documents publiés par les institutions européennes doivent être disponibles dans les trois langues officielles : l’allemand, le français, et l’anglais mais on observe qu'ils sont édités d'abord en anglais.
Selon les partisans d’un usage moins généralisé de l’anglais, la promotion du multilinguisme ne ferait que renforcer l'Europe et le maintien de la langue anglaise confère à des acteurs extérieurs une influence plus aisée dans la politique de l’UE.
La sortie du Royaume-Uni ne s’est pas accompagnée d’initiatives prévoyant une modification du régime linguistique de l'UE, celui-ci nécessiterait un vote à l'unanimité du conseil européen.
Image: Gerd Altmann