L'essentiel de l'actualité européenne du jour :
- Ukraine : 10 millions de personnes ont dû quitter leur logement
- Brouille diplomatique au sujet du Sahara occidental
- Le premier ministre bulgare Boyko Borisov arrêté pour corruption
Ukraine : 10 millions de personnes ont dû quitter leur logement
Commençons ce journal en revenant sur la situation en Ukraine. Alors que les combats font rage depuis plus de trois semaines maintenant, 10 millions de personnes ont dû quitter leur logement selon l’ONU. Une situation toujours plus dramatique, alors que les forces armées russes continuent leurs assauts de grande agglomérations ukrainiennes, au premier rang desquels la ville portuaire de Marioupol. Quelle est la situation sur le terrain Juliane ?
Eh bien dans la ville de Marioupol ce week-end, les forces russes et ukrainiennes se sont livrées à d’intenses combats de rue. En effet, vendredi 18 mars l’armée russe a affirmé avoir réussi à entrer dans la ville pour poursuivre l’assaut. Marioupol continue de résister malgré d’immenses destructions et des combats particulièrement âpres. Des combats de plus en plus dévastateurs aussi les civils, alors que mercredi dernier le théâtre de la ville portuaire avait été délibérément bombardé par l’armée russe. Ce dernier servait de refuge à plusieurs centaines de civils.
Des attaques à l’encontre de la population civile, qui relèvent, selon plusieurs ONG, de crimes de guerre
Effectivement, Thomas, si le Kremlin assure viser uniquement des cibles militaires, ces informations sont démenties par les autorités ukrainiennes et les civils sur place. Selon les autorités, 80% des quartiers résidentiels de Marioupol sont actuellement détruits. De plus, les forces russes sont également soupçonnées d’utiliser des armes interdites par le droit international, notamment des bombes à sous-munitions. Une catégorie d’armes très imprécise, qui touche à 97% les civils, selon l’ONG Handicap International. Dans ce contexte, le procureur de la Cour pénale internationale a ordonné mercredi dernier à la Russie de stopper immédiatement ses agissements en Ukraine.
Peut-on encore espérer une sortie diplomatique de cette guerre ?
Eh bien, dimanche 20 mars, le président ukrainien, Volodymyr Zelensky a renouvelé son offre de négociation avec Vladimir Poutine. Interviewé sur CNN, le chef de l’Etat ukrainien a annoncé être “prêt à négocier avec lui [...] Mais si ces tentatives échouent, cela signifierait qu’il s’agit d’une troisième guerre mondiale.” Des pourparlers entre les deux pays ont déjà eu lieu depuis le début de l’invasion russe, mais sans résultat, les deux parties s’accusant mutuellement de ralentir les négociations.
Du côté de l’UE, les discussions sur de nouvelles sanctions butent toujours sur la possibilité de suspendre les importations de gaz russe ?
Oui Thomas, les ambassadeurs de l’UE se sont réunis vendredi dernier pour discuter des prochaines sanctions à l’encontre de la Russie. Des discussions suivies aujourd’hui d’une réunion des ministres des affaires étrangères qui doivent parvenir à un compromis. Car si certains Etats membres de l’est sont prêts à suspendre très largement les importations de gaz et de pétrole russes, d’autres pays comme l’Allemagne, y rechignent encore. L’exclusion de la Sberbank et de la Gazprombank du système SWIFT est également en discussion.
Brouille diplomatique au sujet du Sahara occidental
Continuons ce journal en nous intéressant au nouveau rebondissement entre le Maroc et l’Espagne, au sujet du Sahara occidental. Pouvez-vous nous rappeler l’historique de ce contentieux Juliane ?
Oui Thomas, depuis décembre 2020 une brouille diplomatique s’est ouverte entre Madrid et Rabat à propos du Sahara occidental. Cette ancienne colonie espagnole n’a toujours pas trouvé de statut légal définitif depuis le départ des Espagnols, en 1976. Le territoire est depuis très largement occupé par le régime de Mohammed VI mais disputé par le Front Polisario, un mouvement indépendantiste, qui revendique la création d’une nation indépendante. Les tensions avaient éclaté en avril 2021, à la suite notamment du transfert d’un des chefs indépendantistes dans un hôpital de Madrid pour y être soigné, ce que Rabat a considéré comme un acte hostile.
Une crise diplomatique qui semble toucher à sa fin, après que le premier ministre espagnol, Pedro Sanchez, a exprimé son soutien au Maroc au sujet du statut du Sahara occidental.
En effet, vendredi 18 mars, l’Espagne et le Maroc ont normalisé leurs relations, à la faveur d’un geste du premier ministre espagnol. Ce dernier a fait savoir que le plan marocain “d’autonomie” pour le Sahara occidental est, je cite, “la base la plus sérieuse, réaliste et crédible pour la résolution du différend”. Une position inédite pour l’Espagne, qui a toujours prôné sa neutralité vis-à-vis de ce conflit.
Une annonce accueillie positivement par les autorités marocaines.
Tout à fait ! Dans un communiqué, le ministère marocain des Affaires étrangères a salué “les positions positives et les engagements constructifs de l’Espagne au sujet du Sahara marocain”. Rabat considère en effet le Sahara occidental comme partie intégrante du Maroc, et se dit ouvert à une autonomie mais sous stricte souveraineté. Une option rejetée par le Front Polisario, qui lutte pour l’indépendance du Sahara occidental, et qui continue de réclamer un référendum d’autodétermination, normalement prévu lors de la signature en 1991 d’un cessez-le-feu.
Le premier ministre bulgare Boyko Borisov arrêté pour corruption
Terminons cette édition en nous intéressant à la Bulgarie, pour nous pencher sur le problème de la corruption, fortement ancrée dans ce pays d’Europe de l’est. Vendredi 18 mars, l’ancien premier ministre bulgare Boyko Borisov ainsi que plusieurs membres de son gouvernement ont été arrêtés lors d’une opération menée par le parquet européen. Pouvez-vous nous en dire plus Juliane ?
Eh bien Thomas, il s’agit là de la plus grande opération menée par le parquet européen depuis sa création en juin 2021. Cet organisme est chargé de lutter contre la grande criminalité transfrontalière dans l’UE, or la Bulgarie est considérée comme le pays le plus corrompu de l’Union. L’arrestation de l’ancien premier ministre Boyko Borisov n’a néanmoins pas eu les conséquences escomptées par le procureur, puisque ce dernier a été libéré peu après par le procureur général de Bulgarie, ayant apparemment constaté des vices procédures dans le dossier.
Une remise en liberté qui a suscité de vives critiques de la part du gouvernement.
Oui, et notamment venant de Kiril Petrov, le nouveau premier ministre qui a été élu le 13 décembre 2021. Durant sa campagne, ce dernier avait promis d’éradiquer la corruption en 4 ans. Un programme ambitieux, alors que Kiril Petrov voit dans cette affaire un énième “sabotage” de l’administration bulgare, qui est selon lui responsable de la corruption omniprésente dans le pays.
Juliane Barboni - Thomas Kox
Photo source : Donbass Danil Bugaenko
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