Les yeux de l’Europe sont rivés sur le Caucase : une guerre couve entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan ; en Roumanie, la victoire de Nicușor Dan, candidat de centre-droit aux élections municipales à Bucarest pourrait mettre fin à la domination de la gauche sur la ville depuis 12 ans ; les Suisses étaient appelés à voter dimanche par référendum sur plusieurs questions, dont celle de la liberté de circulation entre la Suisse et l’Union européenne.
Les yeux de l’Europe sont rivés sur le Caucase ! Une guerre couve entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan ! Dimanche matin, des combats ont éclaté dans le Nagorno-Karabakh, une région peuplée majoritairement d’Arméniens et qui a fait sécession de l’Azerbaïdjan à la chute de l’URSS. Des affrontements ont eu lieu entre les troupes azéris et les forces arméniennes. Pouvez-vous nous rappeler d’abord le contexte dans lequel intervient cette poussée de fièvre?
C’est un événement absolument inattendu qui vient réactiver semble-t-il un conflit quasiment gelé. A la chute de l’Union soviétique, le Nagorno-Karabakh, peuplé à 95% d’arméniens déclara son indépendance de l’Azerbaïdjan. Une guerre terrible s’ensuivit. Elle se solda par 25.000 morts. Une trêve fut signée en 1994 sous médiation russe.
A part en 2016, et une flambée des affrontements pendant 4 jours, le conflit est resté quasiment gelé, depuis 1994. Le statu quo prévalait et les affrontements n’étaient que sporadiques.
Comment expliquer cette brusque flambée de violence ce dimanche qui aurait déjà fait plus de 20 morts, dont des civils ? Sait-on qui a lancé les hostilités ?
Cela reste difficile encore à déterminer, tant l’Arménie que l’Azerbaïdjan accuse l’autre partie d’avoir lancé une offensive et d’y avoir donc répondu. Les deux pays ont déclaré la loi martiale et imposé un couvre-feu dans plusieurs villes. L’Arménie a également annoncé la mobilisation de tous ses effectifs.
Les observateurs savaient qu’un jour le conflit reprendrait entre Bakou et Erevan autour de la question du contrôle du Karabakh. Depuis des années les deux pays renforcent leurs arsenaux militaires. Et Bakou, avec ses immenses revenus pétroliers, a les moyens. L’autoritaire Ilham Aliyev, président azerbaïdjanais dépense chaque année l’équivalent du budget total de l’Arménie pour ses seules forces armées. Il n’a jamais fait mystère de sa volonté de reconquérir un jour ce territoire.
La communauté internationale a certainement déjà réagi à ces événements, quelles ont été les réactions ce weekend ?
C’est intéressant parce que chacun des deux pays est soutenu par une grande puissance différente. La Turquie a affiché son soutien indéfectible à l’Azerbaïdjan. Les deux pays partagent la même religion, l’Islam, et parlent des langues très voisines. Le président turc, Recep Tayyip Erdoğan a dénoncé le comportement agressif de l’Arménie qui empêche, selon lui, toute résolution du conflit. La Russie, de son côté, est un partenaire de l’Arménie et a appelé à un cessez-le-feu immédiat. Derrière cette apparent manichéisme, la situation est un peu plus complexe. La Russie est notamment soupçonnée de profiter des tensions entre les deux pays depuis de nombreuses années en leur vendant des armes.
Le président du Conseil de l’Union européenne, Charles Michel, a appelé à la désescalade immédiate. L’Allemagne et la France ont également exprimé leur préoccupation. L’Iran a offert sa médiation.
Dirigeons-nous vers la Roumanie, et plus précisément les élections municipales à Bucarest. La ville est gouvernée par la gauche, depuis 12 ans. La victoire de Nicușor Dan, candidat de centre-droit, pourrait mettre fin à cette domination.
Tout à fait ! Nicușor Dan est un mathématicien et homme politique. Il s’est présenté avec son parti appelé de manière assez évocatrice « L’Union, sauvez la Roumanie ». Selon les premiers sondages de sortie des urnes, il aurait remporté 47% contre 39% pour la maire sortante, Gabriela Firea. Celle-ci a d’ailleurs affirmé ne pas croire les premiers résultats et attendre les chiffres officiels.
De quoi veut-il sauver Bucarest ? Dans quel contexte se sont déroulées ces élections ?
Nicușor Dan a créé son parti en affichant sa volonté de lutter contre la corruption et la spéculation immobilière. Il bénéficie du soutien du parti national libéral, le parti conservateur roumain, au pouvoir depuis 2019. Ludovic Orban, le premier ministre conservateur s’est déclaré satisfait d’avoir libéré Bucarest, je cite, « de la pieuvre socio-démocrate ». Le parti social-démocrate, a longtemps jouit d’une bonne réputation dans le sillage de la chute du communisme. Néanmoins, celle-ci a pris du plomb dans l’aile dans les dernières années, à cause des scandales de corruption et une tentative de réforme de la justice controversée.
Terminons par la Suisse. Les Suisses étaient appelés à voter dimanche par référendum sur plusieurs questions. Le vote qui attirait tous les regards portait sur la liberté de circulation entre la Suisse et l’Union européenne. Quelle a été l’issue de ce scrutin ?
Même si la Suisse ne fait pas partie de l’Union européenne, des accords existent pour permettre la liberté de circulation des travailleurs, des biens et des services. La Suisse est même membre de l’espace Schengen. L’UDC, l’Union démocratique du centre, parti conservateur, a déposé un projet de référendum, appelé votation chez les Suisses. Les conservateurs voulaient mettre fin à la liberté de circulation avec l’Union européenne, selon eux, pour protéger les emplois suisses.
Le « non » l’a largement emporté avec 61% des suffrages et une participation de 59%.
Que se serait-il passé si les Suisses avaient voté oui à cette votation ?
L’Union européenne aurait probablement pris des mesures équivalentes. En 2014, la Suisse avait voté pour une limitation forte de l’immigration. L’Union européenne avait alors limité la participation de la Suisse au sein de programmes européens tels que les échanges Erasmus. Le projet n’a jamais abouti car le parlement suisse avait finalement préféré passer une loi plus souple.
Sur quoi portaient les autres votations ?
Et bien, les Suisses ont refusé un projet controversée sur la chasse qui auraient assoupli les conditions pour abattre les loups. Ils ont par contre approuvé un projet d’augmentation des dépenses militaires pour l’armée de l’air et l’instauration d’un congé paternité de deux semaines.
Victor D'Anethan - Thomas Kox