Aujourd’hui en Europe

Aujourd'hui en Europe - 30 septembre 2025

Une affiche de l’Agence Frontex sur un bateau de garde-côtes (Exif, 7 novembre 2024) Aujourd'hui en Europe - 30 septembre 2025
Une affiche de l’Agence Frontex sur un bateau de garde-côtes (Exif, 7 novembre 2024)

Aujourd'hui en Europe est un journal consacré aux actualités européennes du jour, réalisé par la rédaction d'Euradio à Bruxelles. Avec Thomas Kox, Baptiste Maisonnave, Paul Thorineau et Ulrich Huygevelde.

Au programme : 

  • Migrations : les 27 veulent renforcer le mandat de Frontex 
  • Donald Trump présente son plan de paix, Benyamin Netanyahu acquiesce 
  • Fin des trains de nuit entre Paris, Vienne et Berlin, faute de moyens. 

On commence ce journal à Bruxelles, où les 27 prévoient de renforcer le mandat de Frontex, l’Agence européenne de garde-frontières et de garde-côtes. Sa principale mission, contrôler les migrations vers le continent européen, pourrait être étendue à l'extérieur des frontières de l’UE.

Oui, l’information a été révélée par le média Euractiv, qui a eu accès à une note du Conseil européen. L’un des principaux sujets : permettre l’organisation de transferts de migrants entre les pays non membres de l’Union européenne, ce qui n’est pour l’instant pas autorisé par le règlement. 

La réforme sera abordée lors du prochain conseil des affaires intérieures, prévu le 13 et 14 octobre prochain, mais elle est soutenue par une grande partie des pays membres. En mars déjà, la Commission annonçait mettre en place un projet d’extension de l’autorité de l’agence à l’occasion du renouvellement de son mandat en 2026. Elle rappelait alors que “quatre personnes sur cinq ayant reçu l’ordre de quitter l’UE ne respectent pas cette décision”.

Et concrètement, comment ce renforcement impactera l’immigration en Europe ? 

Si le projet est validé, les migrants refoulés aux frontières européennes auront devant eux trois scénarios : retourner dans leur pays d’origine, être renvoyé dans le pays d’où ils ont transité ou repartir vers un pays ayant un accord dit de “centre de retour” avec un Etat membre de l’UE. Ce dernier point, le plus controversé du projet, concerne les pays rémunérés par un pays membre pour accueillir les migrants refoulés.

Avec le renforcement de son mandat, Frontex aurait donc une plus grande autorité sur ces décisions de déplacement et sur les centres de retour, pour en faire, je cite, “un partenaire plus attractif sur les routes de migration” dit la note.

Ursula von der Leyen a par ailleurs demandé l’augmentation des effectifs de l’agence - 30 000 gardes-côtes et frontières sont attendus d’ici 2027.

Un accord de renvoi de migrants est déjà effectif entre Londres et Paris, et a été mis en œuvre pour la première fois jeudi dernier.

Oui, à bord d’un avion Air France. L’homme, d’origine indienne, était arrivé en Angleterre en traversant la Manche à bord d’une petite embarcation - un renvoi dont s’est félicité le parti travailliste de Keir Starmer, qui a fait face à plus de 31 000 arrivées depuis le début de l’année. 

Ce weekend encore, près de 400 migrants ont été interpellés par les autorités françaises alors qu’ils tentaient de rejoindre l’Angleterre. Deux femmes ont perdu la vie. 

L’accord, censé diminuer le nombre de traversées, est prévu pour durer jusqu’à juin 2026 et fait l’objet de nombreuses contestation de la part des ONG - “un marchandage cynique de vies humaines” dénonce l’Association française “l’Auberge des migrants". Un recours juridique fait d’ailleurs débat en angleterre, puisqu’un renvoi a été contesté sous prétexte d’être victime de trafic d’êtres humains et que la régulation n’est pas encore complète.

On poursuit en évoquant la rencontre hier à la Maison Blanche, à Washington, entre Donald Trump et Benyamin Netanyahou. Le Premier ministre israélien, soumis à une pression internationale extrême, a dit accepter le plan de paix proposé par son homologue américain pour mettre fin à la guerre à Gaza qui dure depuis presque 2 ans désormais, et a entraîné la mort de 65 000 personnes selon le dernier bilan relayé par l’ONU. Que contient ce plan ?

Il s’agit d’un document en 20 points, qui évoque notamment un cessez-le-feu immédiat, la libération de tous les otages dans les 72 heures, le retrait graduel des forces israéliennes jusqu’à une ligne convenue ou encore l’acheminement massif d’aide humanitaire. Le plan prévoit également que la gouvernance de l’enclave soit confiée à un “comité palestinien technocratique et apolitique”, supervisé par un “comité de la paix” présidé par Donald Trump, et le déploiement d’une force internationale de stabilisation. A rebours des projets de déplacement massif de populations évoqués il y a quelques mois  le texte affirme qu’aucun habitant ne sera forcé de quitter Gaza,

Quels pourraient être les principaux obstacles à sa mise en œuvre ?Le Hamas réserve sa réponse et son accord est encore loin d'être assuré. Déjà hier le Jihad islamique a parlé, je cite, d’un « accord américano-israélien » prolongeant l’agression. Derrière une acceptation jugée, par beaucoup, de façade, Benyamin Netanyahou s’est dit prêt à « finir le travail » si le Hamas rejette l’offre. 

Quelles ont été les réactions en Europe ?

Dans l’ensemble, les capitales européennes saluent l’initiative américaine. La France s’est dite prête à travailler à sa mise en œuvre, quand Londres l’a soutenue sans réserve. Rome et Berlin appellent les parties, y compris le Hamas, à saisir cette chance. À Bruxelles, le président du Conseil européen Antonio Costa parle d’un « moment à ne pas manquer ».

On termine ce journal entre Paris, Vienne et Berlin. Les trois villes ne seront plus reliées par des trains de nuit à partir du 14 décembre - une annonce qui fait suite à la décision du ministère des transports français de mettre fin aux subventions qui permettaient à ces trains de nuit de rouler.

Et oui, une triste nouvelle pour ceux qui appréciaient la lenteur calme/poétique des wagons lits. Sans partenaires internationaux, sans la France donc, impossible de maintenir ces connexions. Il faut dire que le coût était élevé : la seule ligne Paris-Berlin représentait environ 10 millions d’euros par an. Relancée en 2023, deux ans après Paris-Vienne, elle n’était pas rentable sans financement public, comme l’a rappelé la SNCF

La décision fait grincer des dents. 

Une manifestation d’usagers avait été organisée gare de l’Est il y a quelques jours et même au sein des services de l’État, certains reprochent à l’opérateur de n’avoir jamais respecté l’engagement d’une circulation quotidienne : les trains ne roulaient que trois fois par semaine. La SNCF réplique qu’un tel service restait déficitaire, avec une seule rotation possible par jour, moins de places qu’un train classique et des coûts d’exploitation bien plus élevés.

De leur côté, les défenseurs du rail dénoncent une concurrence déloyale de l’avion en Europe. Le collectif Oui aux trains de nuit accuse le secteur aérien de profiter d’exemptions fiscales sur le kérosène, ce qui détourne les voyageurs d’une alternative pourtant plus écologique.

Un journal de Baptiste Maisonnave, Ulrich Huygevelde et Paul Thorineau.