Accord-cadre Suisse/UE, Guy Parmelin en visite à Bruxelles pour tenter de débloquer les négociations. Elections législatives sous haute tension en Albanie. Bercy accusé de saper le projet de transparence fiscale de l'UE. Bras de fer autour de la création de deux nouvelles mines de lithium en Espagne et au Portugal.
Accord-cadre Suisse/UE, Guy Parmelin en visite à Bruxelles pour tenter de débloquer les négociations.
Débutons ce journal par la visite vendredi dernier à Bruxelles du président de la Confédération suisse Guy Parmelin. Il s’est entretenu avec la présidente de la Commission européenne Ursula Von der Leyen pendant une heure trente au sujet de l’accord-cadre entre l’UE et la Suisse qui doit régir leurs relations dans le futur.
Effectivement Bruxelles et Berne négocient depuis 2014 pour harmoniser les règles juridiques et établir un tribunal pour statuer sur leurs différends à venir, et ce, afin de continuer à commercer librement. L’UE et le pays alpin ont passé des accords bilatéraux par secteurs mais certains arrivent à expiration et plongent les entreprises dans l’incertitude. En témoigne l’accord sur les appareils médicaux qui arrive à échéance en mai. Les exportations des entreprises médicales helvétiques vont donc se compliquer et les Européens pourraient délaisser le marché suisse.
Pourquoi les négociations sont-elles apparemment si compliquées ?
Et bien les deux parties semblent favorables à un accord mais chacun campe sur ses positions. En particulier, côté suisse, sur les aides d'État, la libre circulation des personnes et le niveau de salaires des travailleurs détachés.
Des syndicats et une partie de la classe politique suisse craignent notamment la concurrence européenne sur les salaires et mettent en avant un risque de perdre le contrôle de l’immigration. La suisse demande à l’UE de retirer ces trois points de l’accord mais l’exécutif européen le refuse avec fermeté. Berne semble déjà envisager un scénario où les négociations n’aboutiraient pas comme le relate le quotidien suisse le SonntagsBlick.
Ces négociations avec la présidente de la commission ont-elles permis de débloquer la situation ?
Pas vraiment à ce stade. Les discussions qui ont duré 1h30 n’étaient d’ailleurs pas présentées comme des négociations mais comme des discussions permettant un état des lieux de parts et d’autres. La personnalité même du président en exercice de la confédération suisse, Guy Parmelin, issu du parti populiste anti-immigration UDC, un parti connu pour ses dérives extrémistes, laissait, il est vrai, peu de place à l’optimisme.
Elections législatives sous haute tension en Albanie
Intéressons-nous à présent aux élections législatives en Albanie qui se sont déroulées dans un climat tendu entre les deux forces politiques majeures du pays.
Oui, les Albanais étaient appelés à voter dimanche pour leur parlement. Malgré une multitude de partis politiques, l’élection portait surtout sur le duel entre le Parti socialiste de l’actuel premier ministre Edi Rama qui brigue un troisième mandat et le Parti démocrate conservateur. Les semaines et les mois qui ont précédé le scrutin ont été marquées par plusieurs scandales et les deux partis se sont violemment opposés. Ces violences ont déjà fait un mort mercredi dans une fusillade entre les deux camps.
Le parti socialiste met en avant un programme de grands travaux pour renouveler les infrastructures du pays alors que le Parti démocrate se pose en rassembleur, prêt à aider les petites entreprises.
Et quels ont été les résultats du scrutin ?
Et bien, le résultat du scrutin est particulièrement serré et il est encore trop tôt pour désigner un vainqueur. Selon la Commission électorale centrale, la publication des résultats pourrait prendre jusqu’à deux jours. Le chef de file du Parti démocrate a affirmé devant ses partisans avoir gagné l’élection alors que le Premier ministre sortant préfère temporiser.
Selon un sondage pour Euronews, le parti d’Edi Rama sort gagnant mais la majorité absolue au parlement n’est pas certaine. Un résultat qui sera sûrement contesté alors que cette élection est vécue comme un test vers une adhésion à l’Union européenne.
Bercy accusé de saper le projet de transparence fiscale de l'UE.
Attardons-nous maintenant sur les négociations européennes sur la transparence fiscale. Ce texte, poussé de longues dates par plusieurs députés et des ONG, obligerait les entreprises à publier leurs informations financières pays par pays. Notamment les bénéfices, les impôts payés ou encore le nombre d’employés. La directive européenne est actuellement en négociation entre les États membres et le Parlement européen. Une note révélée par Le Monde et Contexte dévoile la position de la France.
Effectivement, les deux médias révèlent que plusieurs États membres, au premier chef la France, souhaitent que cette obligation de transparence ne s’applique que dans les pays de l’UE et ceux inscrits sur la liste noire des paradis fiscaux.
Les multinationales pourraient aussi différer la publication de leurs informations financières pendant six ans si elles jugent que les données sont trop sensibles pour être dévoilées publiquement. A contrario, le Parlement souhaite que cette obligation de transparence concerne tous les pays où les entreprises opèrent.
Selon le média Contexte, « le document a été construit sur la base d’une note rédigée par le Medef ». Des députés et des ONG s’insurgent et accusent Paris de saper le projet de transparence fiscale.
Oui, dans un communiqué publié vendredi, les ONG Terre Solidaire, Oxfam et Transparency International dénoncent un « travail de sape que la France mène en coulisse pour amoindrir toute chance d’adoption d’un texte efficace, en endossant sans filtre les demandes du premier lobby d’entreprises françaises ».
Des eurodéputés ont aussi vivement réagi sur Twitter. « Si cela était confirmé ce serait évidemment inacceptable », dénonce Pascal Canfin, eurodéputé Renew Europe. Bercy regrette, je le cite, « la confusion qu’a pu engendrer l’utilisation d’un document créé au départ par le Medef » mais profondément remanié par le ministère.
Bras de fer autour de la création de deux nouvelles mines de lithium en Espagne et au Portugal.
Terminons ce journal en Espagne et au Portugal, où des habitants tentent d’empêcher la création de deux mines à ciel ouvert. L’extraction du lithium, métal indispensable et convoité pour les batteries électriques, inquiète les habitants de la région.
En effet, face à la demande croissante pour ce métal qui est utilisé pour les batteries d’ordinateurs ou encore des voitures électriques, l’UE souhaite relocaliser toute la chaîne de fabrication sur le continent. La mise en place de l’Alliance européenne des batteries en 2017 envisage par exemple de produire suffisamment de batteries pour couvrir l’ensemble du marché européen d’ici à 2025. L’approvisionnement en lithium est perçu comme hautement stratégique face à une demande mondiale grandissante.
Ainsi, comme le rapporte Euronews et Marianne, deux projets de mines de lithium devraient voir le jour à Barroso au nord du Portugal et à Caceres au sud-est de l’Espagne. Mais la population s’y oppose fermement et la résistance s’organise. Les promesses de retombées économiques convainquent peu et les habitants s’inquiètent des conséquences écologiques, notamment sur les nappes phréatiques. Les deux projets de mines sont pour l’instant à l’arrêt et rien n’est encore acté quant à leur éventuel redémarrage.
Romain L'Hostis - Armand Duthil
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