Russie, Jean-Yves le Drian et Heiko Maas, les deux ministres des affaires étrangères, français et allemand, réclament des sanctions suite à l'empoisonnement de l'opposant politique Alexei Navalny; en France, la lutte sur les droits d'auteurs se poursuit entre la presse et les géants du numériques; enfin, la commission européenne se donne dix ans pour améliorer les conditions de vie des roms en Europe.
Pour cette édition, intéressons à l’évolution de l’affaire Navalny. Du nom d’Alexei Navalny, un des principaux opposants à Vladimir Poutine, qui a été empoisonné lors d’un voyage à Omsk, en Sibérie, le 20 août. Transféré dans un hôpital spécialisé à Berlin, il est sorti du coma début septembre et va aujourd’hui bien mieux. Cette affaire a profondément choqué en Europe dans la mesure où elle s’inscrit dans une longue liste d’empoisonnements d’opposants russes?
Oui une longue série ! En 2006, Alexandre Litvinenko, un ancien membre des services secrets, qui avait fuit la Russie et dénonçait la corruption du régime, avait été empoisonné au Polonium. Le politicien en exil Vladimir Kara-Murza aurait lui survécu à deux tentatives d’empoisonnement. Plus récemment, Sergei Skripal, aussi un ancien membre des services secrets, réfugié en occident, a été empoisonné à Salisbury au Royaume-Uni, en mars 2018. Il est aujourd’hui vivant et sous protection britannique.
L’affaire Navalny rappelle également l’assassinat de l’opposant politique libéral Boris Nemtsov, qui fut abattu en 2015 non loin du Kremlin. Assassinat qui avait déclenché une onde de choc dans toute la Russie
Suite à cette tentative d’assassinat, les autorités militaires allemandes avait conclu que Navalny avait été empoisonné à l’aide d’une substance appelée Novitchok. Un poison développé à l’époque par l’Union soviétique. Les gouvernements européens ont appelé la Russie à procéder à une enquête mais Moscou a toujours rejeté la possibilité d’un empoisonnement, ainsi que sa propre responsabilité.
En effet, et c’est l’inaction du pouvoir russe face à leurs demandes d’enquête qui a poussé les ministres des affaires étrangères français et allemand à proposer des sanctions à l’encontre la Russie. Selon la France, le manque de coopération de Moscou démontre une implication. Le contenu d’une conversation entre Emmanuel Macron et Vladimir Poutine a d’ailleurs filtré et suscité un certain émoi. On y entend Vladimir Poutine suggérer que Navalny se serait empoisonné tout seul. Il se peut que la fuite ait été organisée par l’Elysée pour démontrer le cynisme du Kremlin. Pour l’Allemagne, le fait que ce poison particulier ait été utilisé, le Novitchok, ne laisse que peu de doutes sur le fait qu’il s’agit d’une décision d’un service étatique.
Jean-Yves le Drian et Heiko Maas, les deux ministres des affaires étrangères, français et allemand, ont annoncé des sanctions. Celles-ci viseraient 9 personnes, membres de l’appareil d’Etat proches de Vladimir Poutine. Ces sanctions prévoient une interdiction de voyager en Europe ainsi que le gel de leurs avoirs dans l’UE. La Russie fait déjà l’objet de sanctions européennes et américaines notamment suite à son annexion de la Crimée en 2014.
Ces événements aggravent encore davantage la relation très tendue entre l’Union européenne et la Russie, et ce surtout depuis 2014, avec l’annexion de la Crimée et le conflit en Ukraine.
Intéressons-nous maintenant à un autre sujet, la lutte entre les géants du numérique et la presse française. En cause, l’attribution « des droits voisins », les droits que doivent payer les plateformes numériques aux médias français pour diffuser leur information. Pouvez-vous nous expliquer ce que cela représente exactement ?
Oui, lorsque vous allez sur Google, par exemple, et que vous tapez un sujet d’actualité dans la barre de recherche, Google va vous montrer de petits extraits d’articles, donc du contenu ne lui appartenant pas.
Une directive européenne sur les droits d’auteurs régit ce cas de figure. Elle impose aux plateformes et à la presse de négocier ensemble une rémunération pour l’utilisation de ces courts extraits. La directive a été transposée en juillet 2019 en France, et depuis la presse française exige de Google des droits d’auteurs. C’est un enjeu important pour la rémunération des journalistes sur internet.
Google a toujours refusé de payer ces droits en arguant qu’elle favorise le trafic internet et donc engendre une rémunération pour la presse française. Sous l’impulsion de l’Alliance de la presse d’information générale, les médias français ont réagi et ont saisi en novembre 2019 l’autorité française de la concurrence. Suite à cette pression judiciaire, Google a accepté de négocier et va donc éventuellement débourser jusqu’à 1 milliard d’euros sur les trois prochaines années.
Google est-elle la seule plateforme mise en cause ?
La presse française semble vouloir s’attaquer à un autre géant du numérique, Apple, la société qui produit les iphones. C’est toujours l’Alliance de la presse d’information générale qui reproche cette fois-ci à la société américaine de maintenir une concurrence déloyale. Apple force les créateurs de contenus, comme la presse, à passer par son application de payement, celle-ci prenant 30% de commission sur chaque transaction. La presse française reproche à Apple d’abuser de sa position et de demander une commission beaucoup trop élevée.
De manière générale, ces développements s’inscrivent dans la situation déjà précaire de la presse, aggravée par la pandémie. On semble se diriger de plus en plus vers une presse payante.
Terminons par un aperçu rapide sur la situation des Roms en Europe. Ils vivent généralement à l’écart de la société et cela engendre de nombreuses problématiques pour eux qu’elles soient d’ordre sanitaire, éducatif ou liées à des pratiques de discrimination. L’Union européenne a émis le souhait de résoudre cette situation, quels sont les objectifs mis en place ?
En effet, la Commission européenne se donne dix ans pour améliorer les conditions de vie des Roms en Europe. Les principaux points visent à permettre un accès généralisé à l’eau potable, à diminuer la pauvreté, et à augmenter leur espérance de vie.
Il y a 6 millions de Roms dans l’Union européenne et plus de 50% d’entre eux n’ont pas d’emploi, et de manière récurrente, les enfants ne sont soit pas envoyés à l’école ou y subissent des discrimination. La Commission prévoit un nombre important de mesures accompagnées de financements. Néanmoins, la question de l’intégration des Roms est un sujet épineux. Outre les clichés entourant cette communauté, les autorités locales craignent souvent que les intégrer davantage n’affecte leurs résultats dans les urnes.
Victor D’Anethan – Thomas Kox