Retour sur le sommet européen qui avait lieu les 10 et 11 décembre ; tensions entre l'UE et l'Iran après l'exécution d'un journaliste iranien ce week-end ; selon un rapport de la Cour des comptes, la pandémie a touché les Etats membres de manière inégale, renforçant ainsi des disparités déjà existantes.
Pour cette édition, revenons sur le sommet européen qui s’est déroulé les 10 et 11 décembre. De nombreux thèmes cruciaux ont été abordés lors de cette réunion du Conseil de l’UE. En cette fin d’année, il reste de nombreux dossiers à clôturer. L’un des points sensibles a été l’adoption du budget européen et du plan de relance.
Tout à fait, nous en avons beaucoup parlé, la Hongrie et la Pologne s’y opposaient depuis plusieurs mois. En cause, un mécanisme qui lie l’octroi de fonds européens au respect de l’Etat de droit. Varsovie et Budapest sont régulièrement pointés du doigt pour leurs réformes antidémocratiques.
Finalement, les 27 Etats membres ont approuvé le mécanisme. L’Allemagne a proposé que le mécanisme d’octroi des fonds européens puisse être soumis au contrôle de la Cour de justice de l’UE. La perspective d’un contrôle de légalité de la Cour a rassuré les deux irréductibles.
Selon l’eurodéputé finlandais Petri Sarvamaa, il s’agit d’une victoire symbolique pour la Hongrie et la Pologne qui n’a aucun effet légal.
Au programme de ce sommet, la question climatique. Les dirigeants européens se rencontraient également pour signer une réévaluation de leurs objectifs environnementaux. Pour se conformer à l’accord de Paris de 2015, l’UE doit relever son niveau d’ambition.
En effet, les dirigeants européens ont approuvé un objectif contraignant. Pour 2030, ils visent une réduction des émissions de gaz à effet de serre d’au moins 55%. Cet objectif a déjà été formulé mais il sera cette fois-ci coulé dans un texte législatif. Les négociations ont été âpres en raison notamment de l’opposition de certains Etats membres comme la Pologne et la République Tchèque. Étant moins avancés en matière de transition écologique, ils craignent que leur économie ne paie un trop grand prix.
De leur côté, les verts européens ont dénoncé cet accord, trop timide selon eux. Le Parlement européen avait exprimé sa préférence pour une réduction de 60% des émissions. Un objectif que les Etats n’ont pas suivi.
Enfin, les relations UE-Turquie constituait un autre point sensible. En cause, les provocations d’Ankara qui effectue des explorations d’hydrocarbures controversées près des côtes grecques.
Tout à fait, et le dialogue entre l’UE et la Turquie s’est également sérieusement envenimé depuis plusieurs mois. Les dirigeants européens se sont accordés sur des sanctions à l’égard d’individus. La liste doit être encore établie. Ces noms s’ajouteront à une liste créée en 2019 pour sanctionner des ressortissants turcs en lien avec des forages controversés dans les eaux chypriotes. Un rapport doit être rédigé pour mars 2021 et évaluera l’éventualité de nouvelles sanctions si la Turquie continue ses actions.
Intéressons-nous aux relations entre l’UE et l’Iran! L’UE et certains États membres se montrent intransigeants envers l’Iran. En cause, l’exécution d’un journaliste iranien. Il était accusé d’avoir soutenu des manifestations anti-gouvernements en 2017. Il a été condamné à mort en juin et exécuté ce samedi.
En effet ! Un sommet économique devait se tenir ce lundi en Iran. Dans le sillage de l’exécution du journaliste, Josep Borrell, le représentant de l’UE pour la politique extérieure a annulé sa participation. La France, l’Allemagne, l’Autriche et l’Italie ont aussi refusé de participer.
Rouhollah Zam, le journaliste iranien, avait le statut de réfugié en France depuis 2011. Lors d’un retour en Iran, il est capturé et mis en prison. Son exécution a déclenché de nombreuses critiques sur la scène internationale. Dans sa déclaration, l’UE a dénoncé la pratique des aveux télévisés. Une pratique qui consiste à montrer sur les chaînes d’Etat des accusés admettre leur culpabilité après avoir été torturés.
Et quelle a été la réaction des autorités iraniennes ?
L’ambassadeur de l’UE à Téhéran a été convoqué par les autorités iraniennes pour s’expliquer. Il devrait en être de même pour l’ambassadeur français. Les autorités ont dénoncé une ingérence dans les affaires intérieures de l’Iran. Néanmoins, les organisateurs ont décidé de reporter l’organisation du forum commercial.
Terminons en évoquant un rapport de la Cour des comptes européenne. Publié mercredi passé, celui-ci souligne les conséquences de la crise du covid-19 sur les disparités économiques entre les Etats membres. La pandémie a touché les pays de manière inégale et cela va avoir de sérieuses implications. Pouvez-vous nous donner les conclusions de ce rapport ?
Oui, selon la Cour des comptes, la pandémie vient s’ajouter à des disparités déjà existantes entre les Etats membres. La Cour redoute l’endettement qui va résulter du plan de relance européen. Pour rappel, l’UE emprunte 750 milliards d’euros pour gérer les conséquences économiques du covid-19. De plus, les Etats ont pris différentes mesures pour sauver des emplois et des entreprises accroissant leur déficit budgétaire.
Surtout, le rapport contient des mises en garde. L’adoption du plan de relance est une mesure ambitieuse. Néanmoins, il ne peut garantir à lui seul la stabilité économique des Etats membres. Il faudra que l’UE soit attentive à la convergence des politiques économiques nationales. Surtout, il s’agira de s’assurer que les Etats ont bien les capacités de mettre en œuvre les mesures nécessaires. Elle préconise l’adoption d’une évaluation régulière pour suivre la situation de près.
Victor D’Anethan – Thomas Kox
crédits photo: European Parliament, CC BY 4.0