Aujourd'hui en Europe est un format quotidien regroupant les actualités européennes du jour, réalisé par la rédaction euradio à Bruxelles.
Au programme du jour :
- le pro-russe Robert Fico se place en tête des législatives slovaque.
- tensions entre Bruxelles et Varsovie à l'approche des élections polonaises.
- Des manifestations qui ont eu lieu un peu partout en Europe ce week-end face à la situation au Karabakh.
Ouvrons ce journal en évoquant les élections législatives qui viennent de se tenir ce WE en Slovaquie. Les résultats ont placé en tête le parti SMER-SD de Robert Fico, un ancien Premier ministre à la réputation sulfureuse.
Oui la résurrection de Robert Fico était presque inimaginable il y a encore quelques mois et dans les autres pays de l’UE peu se réjouiront de sa victoire à l’exception certainement du premier ministre Hongrois Viktor Orban ou encore de Vladimir Poutine.
Robert Fico dont le parti a obtenu 23,3 % des voix est loin d’être un inconnu en Slovaquie dont il a dirigé le gouvernement pendant 12 ans d’abord de 2006 à 2010 puis de de 2012 à 2018.
Cet ancien communiste président du parti SMER-SD, théoriquement social démocrate, s’était fait suspendre du parti socialiste européen après qu’il ait, en 2016, fait alliance avec un parti d’extrême droite pour se maintenir au pouvoir.
Il avait été contraint de quitter la tête du gouvernement en 2018 suite au scandale provoqué par la mort du journaliste d’investigation Jan Kuciak et de sa compagne.
Oui l’assassinat de ce journaliste qui enquêtait sur les liens entre la mafia calabraise et le pouvoir slovaque avait créé un émoi considérable dans le pays et également à l’étranger. Il avait mis en lumière une inquiétante dérive mafieuse du pays et de ses élites.
Des mobilisations, les plus grandes depuis la révolution de velours en 1989 avaient, dans la foulée, contraint Robert Fico à quitter le pouvoir par la petite porte.
Comment est-il parvenu à revenir au centre du jeu et à fédérer presque un quart des électeurs sur son nom ?
Plusieurs raisons à cela, au premier rang desquelles la déception des partis au pouvoir ces dernières années. Un nouveau parti avait notamment suscité l’espoir, le parti des gens ordinaires. Mais ce parti composé très largement de néophytes de la politique n’a pas été à la hauteur de la tâche et l’expérience a rapidement tourné à la déconfiture.
La crainte de l’immigration a aussi pesé ; la Hongrie aurait d’ailleurs facilité le transfert de migrants vers la Slovaquie ces derniers jours pour peser sur les résultats de l'élection. Et enfin une avalanche de fake news s’est également déversée sur les électeurs. Comme l’écrivait dimanche le principal quotidien du pays, SME «Robert Fico a réussi à séduire plus de 23 % des électeurs grâce à un torrent de complots, de mensonges et de populisme antidémocratique débridé».
Avec son score de 23 % Robert Fico est-il assuré de revenir à la tête du gouvernement slovaque et quelles pourraient être les conséquences pour l’UE de son éventuel retour au pouvoir ?
Effectivement avec ses 23% des voix Robert Fico devra forcément trouver des alliés. Il est probable qu’il y arrive mais ce n’est pas encore totalement certain tant sa figure demeure un repoussoir pour beaucoup de Slovaques qui craignent qu’il n’entraine son pays une trajectoire eurosceptique voisine de celle de la Hongrie.
A Bruxelles on s’inquiète d’ailleurs fortement du tropisme pro-russe de Roberto Fico qui a annoncé qu’une fois revenu à la tête du gouvernement il n’y aurait plus aucune livraison d’armes pour l’Ukraine. On s’inquiète aussi des menaces sur la démocratie qu’il pourrait faire planer sur la Slovaquie ou encore du retour de la corruption pour laquelle beaucoup de proches de Fico ont été condamnés.
Autre scrutin qui se profile prochainement et pourrait avoir des conséquences majeures à l’échelle européenne : les élections en Pologne. L’’opposition de la plate-forme civique espère renvoyer les conservateurs du PIS dans l’opposition et a organisé ce dimanche une démonstration de force inédite dans les rues de la capitale Varsovie.
Oui avec un million de participants il pourrait s’agir de la plus grande manifestation de toute l’histoire de la Pologne. L’objectif du leader de l’opposition, l’ancien président du Conseil européen Donald Tusk, était de compter et de fédérer ses troupes avant cette élection cruciale du 15 octobre
L’objectif de Donald Tusk était aussi de créer une dynamique électorale positive alors que, malgré la démonstration de force de ce dimanche, le parti de l’opposition, la Plate-forme civique de Donald Tusk, demeure en léger retard dans les sondages.
Après des années de tensions entre Bruxelles et Varsovie le retour de l’opposition au pouvoir à Varsovie serait vue d’un très bon oeil à Bruxelles
Oui bien sûr et cela signerait immanquablement la fin d’années de relations particulièrement âpres marquées notamment par des contentieux récurrents notamment sur le respect des règles du jeu démocratiques, des règles particulièrement malmenées pendant ces 8 ans de pouvoir du PIS.
On se rappelle notamment les tensions entre Bruxelles et Varsovie suite à des réformes judiciaires qui ont très fortement limité l’indépendance de la cour constitutionnelle.
Continuons ce journal en évoquant les manifestations qui ont eu lieu un peu partout en Europe ce week-end dans l’objectif de montrer la solidarité en Europe face à la situation au Karabakh
Oui thomas Partout en Europe les manifestants ont mis en garde contre les risques d’épuration ethnique alors qu’une très grande partie des 120 000 habitants Karabakh ont abandonné ces derniers jours leurs foyers dans l’urgence face à l’arrivée de l’armée azerbaïdjanaise face à laquelle l’armée du Karabakh n’a pas pu faire le poids.
Les manifestants ont aussi multiplié les critiques contre les autorités de l’Union européenne, Ursula Von der Leyen en tête, accusée d’avoir privilégié les intérêts économiques avec l’Azerbaïdjan sur la défense des Arméniens.
Beaucoup ne pardonnent pas à la présidente de la commission européenne son voyage qu’elle avait effectué à Bakou en juillet 2022 et les mots particulièrement amènes qu’elle avait alors eu pour son président Ilham Aliev.
Un journal de Thomas Kox et Ulrich Huygevelde.