L'essentiel de l'actualité européenne du jour :
- Christine Lagarde et ses actions pour enrayer l'inflation
- Ukraine : les combats violents se poursuivent
- Rencontre sous tension entre Olaf Schölz et Aleksandar Vucic
Christine Lagarde et ses actions pour enrayer l'inflation
Commençons ce journal en nous intéressant aux déclarations de Christine Lagarde, jeudi dernier. La Présidente de la Banque centrale européenne y a fait plusieurs annonces qui visent à enrayer l’augmentation de l’inflation qui a atteint des taux record dans la zone euro, de près de 8,1%.
En effet, une réunion du conseil des gouverneurs, qui regroupe les responsables des banques des Etats de la zone euro, s’est tenue, jeudi à Amsterdam. Ces grands argentiers ont acté la fin de l’ère de l’argent pas cher. La BCE a annoncé mettre fin aux achats d’actifs et une hausse progressive des taux directeurs. Ce qui constitue une première depuis 11 ans.
À quoi servent les taux directeurs et quelles sont les conséquences de leur augmentation ?
Et bien, lorsqu’un particulier souhaite faire un prêt auprès d’une banque, cette banque doit elle-même emprunter de l’argent auprès de la BCE. Le coût de cet emprunt est défini en fonction du taux directeur. Il s’agit d’un outil efficace pour combattre l’inflation mais présente le risque de limiter la croissance. Concrètement, l’argent circulera moins rapidement dans l’économie car il coûtera plus cher d’emprunter pour l'État et pour les ménages.
En ce qui concerne les achats d’actifs, la BCE intervenait depuis 2015 pour racheter les dettes d'État. Que signifie la fin de cette mesure ?
Ce programme a permis à la BCE de racheter des obligations étatiques sur le marché afin de réduire les coûts de financement. Cette mesure visait elle aussi à relancer l’économie. Près de 5.000 milliards d’euros d’obligations ont été rachetés par la BCE depuis 2015. Un soutien devenu aujourd’hui inutile en raison de l’inflation.
Et certains déplorent que ces mesures soient adoptées trop tard.
En effet, la BCE semble être la dernière parmi les grandes banques centrales mondiales à agir. Fortement à la traîne derrière ses homologues, la Fed américaine et la Banque d’Angleterre.
Ukraine : les combats violents se poursuivent
Poursuivons ce journal en nous rendant en Ukraine où des combats violents se poursuivent dans les villes de Sievierodonetsk et Lyssytchansk.
En effet, il s’agit de deux villes dont la prise de contrôle semble décisive pour les Russes dans l’opération qu’ils mènent depuis près de 3 mois et demi en Ukraine. Leur contrôle ouvrirait la porte à la conquête de l’entièreté du bassin du Donbass, région russophone d’Ukraine et partiellement sous contrôle de séparatistes prorusses, depuis 2014.
Les autorités des régions séparatistes du Donbass - non reconnues par la communauté internationale - viennent d’ailleurs de condamner à mort deux citoyens britanniques et un marocain ayant servi l’armée ukrainienne.
Tout à fait ! Les prisonniers ont été condamnés à la peine capitale à la suite d’un procès spectacle de trois jours au cours duquel ils n’ont pu déposer aucune preuve. Ils ont été condamnés en tant que, je cite, “mercenaires participant à des activités terroristes”. Ils disposent d’un mois pour faire appel de la décision et espérer une réduction de leur peine.
Toujours en Ukraine, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a rencontré le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, ce samedi, en Ukraine. Leur échange portait sur le dépôt de la candidature de l’Ukraine à l’Union européenne. Violette, pourriez-vous nous en dire un peu plus ?
Bien sur ! Le Président ukrainien a réclamé un engagement juridique concret de la part des Européens afin que l’Ukraine obtienne le plus rapidement possible le statut officiel de candidat à l’Union européenne. Pour appuyer son propos Volodymyr Zelensky a alerté sur la menace que constitue, selon lui, la Russie pour toute l’Union. Les Etats-membres sont toutefois fortement divisés sur la question et le processus d’adhésion pourrait prendre des années.
Quelle a été la réaction de la présidente de la Commission ?
Et bien, Ursula Von der Leyen a félicité l’Ukraine pour ses efforts notamment concernant la réforme de l’administration. Elle a toutefois déclaré qu’il restait beaucoup d’efforts à faire surtout en matière de lutte contre la corruption. Ursula von der Leyen s’est engagée à donner un avis sur la question de l’adhésion de l’Ukraine dans le courant de la semaine.
Et le président ukrainien est également intervenu en visioconférence lors du forum de la sécurité en Asie-Pacifique qui s'est tenu ce week-end à Singapour.
Il a appelé les instances internationales à exiger la mise en place d’un corridor maritime sécurisé afin de débloquer le port d’Odessa sur la Mer Noire et libérer les céréales qui y sont bloquées depuis plusieurs mois.
Rencontre sous tension entre Olaf Schölz et Aleksandar Vucic
Terminons enfin ce journal en nous rendant en Serbie. Une réunion assez tendue a eu lieu vendredi dernier entre le chancelier allemand, Olaf Schölz, et le président serbe, Aleksandar Vucic. Les deux chefs d'État s’opposent sur différentes questions. Violette, pourriez-vous nous en dire un peu plus ?
Cette rencontre s’est déroulée dans le cadre d’un d’une tournée du chancelier allemand dans les Balkans, en Grèce et en Bulgarie. Olaf Schölz a déclaré que la Serbie, en tant que candidate à l’adhésion à l’Union européenne, devrait appliquer les mêmes sanctions à l’encontre de la Russie que les pays membres. Le président serbe a répliqué en établissant une comparaison polémique entre l’invasion russe en Ukraine et l’opération de l’Otan en Serbie en 1999.
Comment la Serbie explique-t-elle ne pas appliquer de sanctions envers la Russie après l’invasion de l’Ukraine ?
Le président serbe estime que son pays a une position délicate. Il a justifié l’absence de sanctions par la “loyauté” de Moscou envers son pays et les relations très proches entretenues depuis des siècles. La Serbie est par ailleurs très dépendante des importations énergétiques russes.
Autre sujet de crispation : la question de la reconnaissance par Belgrade du Kosovo en tant qu'État indépendant.
Le chancelier allemand a déclaré plus tôt dans la journée que le Kosovo et la Serbie pouvaient uniquement devenir membres de l’Union européenne s’ils se reconnaissaient mutuellement. Il s’agit d’une question compliquée pour la Serbie qui n’a jamais accepté l’indépendance de son ancienne province.
Comment a réagi le président serbe face à cette déclaration ?
Et bien, il a rétorqué que la Serbie ne répondrait pas à ce genre de pression et a dit qu’il considérait les déclarations du chancelier allemand comme une menace. Cet échange assez virulent a surpris dans la mesure où l’Allemagne est un allié des pays des Balkans dans leur quête d’adhésion à l’UE alors que d’autres pays, tel que la France, y sont plus réticents.
Violette de Croÿ & Juliane Barboni
Tous les journaux "Aujourd'hui en Europe" sont disponibles ici