L'essentiel de l'actualité européenne du jour :
- Regard sur les inégalités salariales entre hommes et femmes avec l'enquête de Eurofound
- Les médias polonais visés par leur gouvernement
- Accords de lois au Danemark
Regard sur les inégalités salariales entre hommes et femmes avec l'enquête de Eurofound
Aujourd’hui, commençons notre journal en évoquant une nouvelle enquête de Eurofound, l’agence de l’UE pour l’amélioration des conditions de vie et de travail. Cette étude propose un nouveau regard sur le problème des inégalités de salaire entre hommes et femmes en Europe.
Oui, comme vous le dites, un nouveau regard, ou plutôt un nouveau chiffre marquant : 14,1%. Il signifie que les femmes gagnent en moyenne 14,1% de moins que les hommes, et cela alors qu’elles ont en général un niveau d’études plus élevé dans chaque Etat-membre de l’UE.
Et justement, en parlant d’Etat-membre, comment varie cet écart selon les régions de l’Union européenne ?
En termes d'inégalités de salaires entre hommes et femmes, des pays comme l’Estonie, la Lettonie, l’Autriche et l’Allemagne, atteignent des écarts de plus de 20 %, tandis que le Luxembourg, la Roumanie et l’Italie, présentent quant à eux une différence de rémunération inférieure à 5 %. Des observations à prendre toutefois avec précaution : selon un rapport publié en 2020 par l’Institut européen pour l’égalité des genres, c’est aussi l’Italie qui avait le plus mauvais score concernant l’accès à un emploi stable pour les femmes, celles-ci étant surreprésentées dans les secteurs peu rémunérateurs et les emplois précaires.
En 2010, cet écart de rémunération entre hommes et femmes était de 15,8%. Peut-on parler de progrès Romain ?
Eh bien, si on se réfère à l’agence Eurofound que vous citiez, à ce rythme les inégalités de salaire ne seront pas comblées avant 70 ans. Ce n'est donc pas encore un succès pour la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen qui a plusieurs fois répété cette année son slogan “à travail égal, salaire égal”.
Une directive européenne est actuellement en discussion au Parlement européen pour accélérer cette dynamique.
Oui, si cette législation est adoptée, elle obligera les employeurs à rendre publics les écarts de salaire entre hommes et femmes. En plus, le 15 décembre dernier, les eurodéputés ont publié un rapport demandant à ce que cette législation soit étoffée de davantage de mesures. Sa rapporteure, l’eurodéputée Sandra Pereira appelle ainsi à “augmenter les salaires” et promouvoir “l’accès gratuit à la santé et à l’éducation, et l’accès à la justice”.
Les médias polonais visés par leur gouvernement
Dirigeons-nous à présent vers la Pologne, où des milliers de manifestants se sont rassemblés ce week end dans plus d’une centaine de villes du pays. Quel était l’objet de cette protestation ?
La manifestation a été organisée en opposition à une loi votée vendredi 17 décembre et qui était voulue par le parti au pouvoir Droit et justice, le PiS. Concrètement, elle interdit aux entreprises non-européennes de posséder une part majoritaire d’un média polonais. Selon le gouvernement, cette loi aidera le pays à se protéger de la désinformation pratiquée notamment par la Russie.
D'après les manifestants cette loi est en réalité dirigée contre un média en particulier, c'est la principale chaîne de télévision indépendante TVN24.
Alors pourquoi ce média précis ? D’une part, TVN24 est détenue par le groupe américain Discovery, et d’autre part, cette chaîne de télévision se montre régulièrement critique à l’encontre du gouvernement polonais, ce qui lui vaut une hostilité franche de la part des autorités.
Les manifestants ont donc protesté contre ce qu’ils considèrent être une véritable attaque contre la liberté des médias.
Oui, et en outre, parmi les manifestants ce week-end on a retrouvé l’ancien président du Conseil européen Donald Tusk, qui dirige aujourd’hui un parti d’opposition en Pologne. Lors de l’événement, il a prononcé un discours dans lequel il a appelé les Polonais à “se débarrasser de ce gouvernement.”
Des protestations auxquelles le gouvernement n’a pas l’air de vouloir répondre.
Oui, rappelons ici que la chaîne principale de télévision TVP est détenue par le président du PiS Jaroslaw Kaczynski, et donc par le gouvernement, mais le 20 décembre le journal polonais Gazeta Wyborcza s’est dit “choqué” par le silence de la télévision publique, qui n’a “pas dit un mot sur les manifestations qui se sont déroulées dans toute la Pologne”. Un acte que le journal considère comme de la désinformation du gouvernement contre ses propres citoyens.
Accords de lois au Danemark
Terminons notre tour d’Europe au Danemark, où une autre loi a été proposée le 16 décembre par le gouvernement. Elle concerne la politique migratoire, un domaine dans lequel le Danemark s’est montré particulièrement dur ces derniers mois.
Oui, l’ancienne ministre danoise pour l’Intégration Inger Støjberg vient d’ailleurs d’être condamnée à deux mois de prison ferme le 14 décembre dernier pour avoir séparé des familles de demandeurs d’asile fuyant la guerre en Syrie en 2016, ce qui constitue une violation de la Convention européenne des droits de l’Homme.
Ce nouveau projet de loi propose d’étendre la déchéance de nationalité à des criminels binationaux.
Cette sentence qui consiste à priver une personne de sa nationalité et donc de ses droits de citoyen est déjà appliquée au Danemark pour les djihadistes. Le gouvernement voudrait désormais l'étendre aux binationaux dont les crimes “sont gravement préjudiciables aux intérêts vitaux de l’Etat”. Les pirates informatiques et trafiquants de drogue sont parmi les cibles recherchées.
Le même jour, le 16 décembre, le Danemark a passé un accord avec le Kosovo pour que des personnes condamnées au Danemark soient emprisonnés au Kosovo.
Oui, le Danemark “confiera” à une prison kosovare des étrangers, pour l’instant emprisonnés au Danemark. Le pays compte tout simplement louer des places de prison au Kosovo pour que les détenus étrangers quittent le sol danois. Plus de 300 détenus seraient déjà concernés.
Il s’agit d’une première pour le Kosovo. Le pays des Balkans recevra en échange 210 millions d’euros.
Jeudi la ministre kosovar de la justice Albulena Haxhiu a affirmé que “les lois en vigueur au Danemark s’appliqueront dans la prison, mais les agents pénitentiaires seront de la République du Kosovo”. De son côté, la directrice de l’Institut des droits de l’homme à Copenhague Louise Holck a critiqué “une décision je cite “controversée” du point de vue des droits de l’homme”.
Romain L'Hostis - Thomas Kox
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