L'essentiel de l'actualité européenne du jour :
- Mise sur écoute lors des élections législatives polonaises de 2019 : un scandale politique d'ampleur européenne
- Le Contrôleur européen de la protection des données sonne l'alerte
- Manifestation au siège du Parti démocrate conservateur albanais
Mise sur écoute lors des élections législatives polonaises de 2019 : un scandale politique d'ampleur européenne
Commençons ce journal en Pologne, alors que vendredi dernier, Amnesty International a confirmé la mise sur écoute de l’opposition politique polonaise durant les élections législatives de 2019. Ces écoutes ont été réalisées au moyen du logiciel espion Pegasus, ajoutant un nouveau chapitre aux multiples scandales entourant l'usage de ce logiciel par certains Etats.
En effet, en décembre dernier déjà le groupe Associated Press avait révélé que trois personnes du principal parti d’opposition avaient été espionnées grâce au logiciel Pegasus et ce notamment durant la période des élections. Des faits contestés par le gouvernement mais qui sont aujourd’hui confirmés par Amnesty International. “Ces conclusions [...] soulèvent de graves préoccupations pour les responsables politiques, mais aussi pour la société civile polonaise dans son ensemble”, a déclaré à ce propos la directrice d’Amnesty vendredi dernier.
Des révélations qui pourraient maintenant déboucher sur un scandale politique d’ampleur européenne.
Tout à fait ! A la suite de ces révélation, les députés polonais appellent la Commission européenne à enquëter sur les écoutes du gouvernement, ce qui pourrait alimenter le conflit qui oppose la Pologne à l’Union européenne sur la question de l’Etat de droit. De nombreuses voix se sont déjà élevées au sein du Parlement pour condamner l’utilisation du logiciel espion Pegasus. "Ce qui se passe en Pologne, ce n'est plus une démocratie. Ce n'est plus un État de droit", a ainsi déclaré l'eurodéputée néerlandaise Sophie in 't Veld.
L’utilisation du logiciel espion place la Pologne dans la même catégorie que la Hongrie, dont le gouvernement avait déjà reconnu l’utilisation d’un tel dispositif en novembre dernier.
Effectivement, l’ancien ministre des Affaires étrangères polonais, Radoslaw Sikorski, a d’ailleurs lui aussi déploré un indéniable glissement autoritaire de Varsovie “qui abuse des capacités criminelle et technologiques pour cibler [...] ses rivaux politiques”. Une pente empruntée également par le parti Fidesz au pouvoir en Hongrie, où le ministre de l’intérieur avait légitimé l’utilisation du logiciel espion.
Le Contrôleur européen de la protection des données sonne l'alerte
Continuons ce journal en nous intéressant au communiqué de presse publié lundi dernier par le Contrôleur européen de la protection des données (CEPD). Ce dernier alerte quant au traitement des données effectué par Europol, qui ne serait pas réglementaire.
Effectivement, et ce n’est pas la première fois que le contrôleur européen appelle Europol à régulariser le traitement de ses données. En septembre dernier, Europol avait déjà été épinglé à ce sujet. Le CEPD estime que l’agence de police européenne est susceptible de "traiter continuellement des données personnelles sur des individus pour lesquels il n'est pas autorisé à le faire". Concrètement, Europol manipule plus de deux millions de giga octet de données, un volume tel que le CEPD, alerte sur le traitement de ces dernières et leur stockage pour une période indéterminée.
Quel risque cela représente-t-il pour les citoyens européens ?
Eh bien en septembre, le chef du CEPD, Wojciech Wiewiorowski a déclaré que "les risques pour les [citoyens] sont élevés et l'impact sur leurs droits et libertés fondamentales est grave", car sans une mise en œuvre appropriée des garanties spécifiques contenues dans le règlement d’Europol, les personnes concernées courent le risque d'être liées à tort à une activité criminelle dans toute l'UE.
A ce propos, Europol avait jusqu’en novembre dernier pour régulariser sa situation.
En effet, l’agence de police européenne avait jusqu’au 17 novembre pour présenter un plan de résolution des problèmes. En son absence, Europol a maintenant un an pour se conformer à l’ordonnance du CEPD.
Cependant, la Commission européenne a exprimé son soutien à Europol.
Effectivement Ulrich, la commissaire chargée des affaires intérieures Yla Johansson a déclaré qu’elle était en contact avec les gouvernements des Etats membres dans l’optique de leur proposer une nouvelle loi qui légaliserait ce type de stockage des données. Elle s’est d’ailleurs dite “inquiète” du risque potentiel de la décision du CEPD, qui doit à terme supprimer les données illégales stockées par Europol.
Manifestation au siège du Parti démocrate conservateur albanais
Terminons ce journal en nous rendant dans les Balkans. Samedi dernier à Tirana, capitale de l’Albanie, des dizaines de manifestants ont pris d’assaut le siège du Parti démocrate conservateur albanais. Des protestations qui se déroulent sur fond de lutte de pouvoir entre rivaux du parti.
Effectivement, les manifestants sont des partisans de l’ancien président Sali Berisha, qui a été exclu du parti l’année dernière après que Washington lui a interdit l’entrée aux Etats-Unis en raison d’actes de corruption présumés. Sali Berisha rejette en bloc ces accusations, et a convoqué le mois dernier une assemblée du parti, s’auto-proclamant leader du mouvement.
Une décision forcément contestée par l’actuel chef des conservateurs, Lulzim Basha.
Oui Ulrich, c’est en effet Lulzim Basha qui a renvoyé Sali Berisha du groupe parlementaire en septembre dernier. Dans un communiqué publié à la suite des échauffourés de samedi, le parti a déclaré que “les actes de violence [...] contre le Parti démocratique marquent l’isolement définitif de Sali Berisha et son retrait honteux de la scène politique”.
Quelles ont été les réactions de la communauté internationale face à ces débordements ?
Eh bien, le bureau de l'Union européenne à Tirana a appelé au calme et à la retenue tandis que l’ambassadeur de Etats-Unis en Albanie s’est dit profondément préoccupé par l'escalade des tensions dans la vie politique du pays. En avril de l’année dernière déjà, des manifestations et épisodes de violence s’étaient déroulés à Tirana, à l’occasion des élections législatives en cours.
Des tensions politiques récurrentes vues d’un très mauvais œil par Bruxelles alors que l’Albanie est candidate à l’adhésion à l’UE.
En effet, dans ce cadre, le pays s’est notamment engagé à lutter contre corruption endémique dans la sphère politique du pays et dont est soupçonné l’ex président Sali Berisha. Néanmoins, Amnesty international souligne dans son rapport 2017/2018 que la procédure d’adhésion de l’Albanie à l’UE est freinée par la lenteur des progrès en matière de lutte contre la corruption et le crime organisé.
Juliane Barboni - Ulrich Huygevelde
Tous les journaux "Aujourd'hui en Europe" sont disponibles ici