L'essentiel de l'actualité européenne du jour :
- La Pologne, principal acteur du soutien à l'Ukraine
- Le Danemark développe sa défense nationale
- La Moldavie au bord de la crise
La Pologne, principal acteur du soutien à l'Ukraine
Alors que l’invasion de l’armée russe en Ukraine se poursuit, au sein de l’Union européenne, la Pologne se distingue de plus en plus comme un des principaux protagonistes de la riposte européenne face à Moscou.
Depuis le début de l’invasion, la Pologne, se positionne comme un des principaux acteurs du soutien à l’Ukraine. Elle a déjà accueilli des centaines de milliers de réfugiés ukrainiens, et c’est aussi la Pologne qui coordonne l’acheminement des armes que l’UE livre à Kiev. Enfin, ces derniers jours, la Pologne était engagée dans des négociations avec les Etats-Unis pour d’un côté recevoir des avions militaires américains, et de l’autre, céder ses avions que les Ukrainiens savent piloter à Kiev.
Et le 26 février c’est aussi Mateusz Morawiecki le premier ministre polonais, qui a rendu visite au chancelier allemand Olaf Scholz pour le convaincre de rejoindre le front uni européen dans la prise de sanctions plus sévères contre la Russie.
Ce leadership polonais dans la réaction européenne face à la guerre en Ukraine suscite pourtant quelques crispations. Par exemple le français Stéphane Séjourné, chef du groupe Renew Europe au Parlement européen, a élevé la voix le 3 mars dernier. Il a appelé l’Europe à ne pas oublier les problèmes d’Etat de droit persistants en Pologne. Pour reprendre ses propos, “abandonner nos priorités européennes serait un écueil dans cette crise ukrainienne”.
Rappelons en effet que ces dernières années, l’Etat polonais a violé à plusieurs reprises les règles européennes notamment en matière d’Etat de droit, d’indépendance des juges polonais ou encore de liberté des médias.
Le Tribunal constitutionnel polonais, réputé proche du gouvernement ultraconservateur de Morawiecki, est même allé jusqu’à contester la primauté du droit européen et l’autorité de la Cour de justice de l’UE. Fin décembre, ces infractions ont valu à la Pologne le lancement contre elle d’une nouvelle procédure judiciaire décidée par la Commission européenne. Plus récemment, l’UE bloquait encore l’accès de la Pologne au plan de relance européen, pour les mêmes raisons.
Le Danemark développe sa défense nationale
Dirigeons-nous à présent vers le Danemark, qui vient d’annoncer des décisions majeures en matière de défense.
Oui, dimanche 6 mars, une majorité de partis politiques du parlement danois ont accepté ce que la presse considère comme un “bouleversement dans la défense nationale” : le “Compromis national sur la politique de sécurité danoise”. Parmi ses mesures phares, ce plan prévoit d'augmenter notablement le budget consacré à la défense, pour lui faire atteindre 2% du PIB danois, d’ici à 2033, soit près de 2,5 milliards d’euros de dépenses en plus, chaque année.
Une nouvelle tendance danoise fortement influencée par le conflit en Ukraine.
Dimanche, la première ministre danoise Mette Frederiksen a déclaré “il y a une Europe d’avant le 24 février et une Europe d’après”. Déjà le mois dernier, alors que les tensions entre Ukrainiens et Russes approchaient de leur paroxysme avec le déploiement de troupes russes toujours plus nombreuses aux frontières de l’Ukraine, le Danemark avait pour la première fois donné son accord pour accueillir sur son sol des troupes américaines.
Le Danemark développe donc sa défense nationale mais pas seulement.
Oui, le gouvernement a annoncé la tenue le 1er juin prochain d’un référendum pour mettre fin à la dérogation dont bénéficie actuellement le Danemark. Une dérogation décidée en 1993, en accord avec les autres Etats-membres de l’UE, et qui lui permettait jusqu’à présent de rester en dehors de la Politique de sécurité et de défense commune (PSDC) de l’UE. C’est également à cette occasion que le Danemark avait obtenu une autre dérogation pour rester en dehors de la zone euro. Selon un sondage réalisé récemment, 49 % des Danois sont d’accord ou partiellement d’accord pour que le Danemark puisse participer une armée européenne commune.
La Moldavie au bord de la crise
Terminons ce journal en nous rapprochant d’un voisin de l’Ukraine, la Moldavie. Le week-end dernier, le gouvernement a exprimé son inquiétude quant aux conséquences pour la Moldavie de l’invasion russe en Ukraine.
Ces derniers jours, la Moldavie disait craindre un scénario d’invasion russe également en Moldavie, notamment à partir de la Transnistrie, une région occupée par des séparatistes pro-russes qui se sont séparés de facto du reste de la Moldavie après un conflit au début des années 1990. Le pays en a d'ailleurs profité pour demander son adhésion à l'Union européenne, avec l'Ukraine et la Géorgie.
Mais samedi 5 mars, le ministre des affaires étrangères Nicu Popescu a déclaré que la Moldavie serait en fait déjà "au bord de la crise".
Le ministre a pointé du doigt la crise économique et migratoire provoquée en Moldavie par le conflit en Ukraine. Tandis que la Moldavie compte seulement 2,6 millions d'habitants, le pays accueille déjà plus d'une centaine de milliers de réfugiés ukrainiens. Un poids difficile à gérer pour la Moldavie qui reste l'un des pays les plus pauvres d'Europe..
Devant l'afflux de réfugiés ukrainiens, le ministre moldave a expliqué que les moyens financiers et matériels commencent d'ailleurs à manquer.
Oui, selon lui, la Moldavie commence à manquer de ressources pour fournir des abris et des soins aux réfugiés ukrainiens. D'autant que le pays ne peut plus compter sur le commerce ou les investissements avec son principal voisin l'Ukraine, pratiquement réduits à néant depuis le début de la guerre. Nicu Popescu a donc réclamé davantage de soutien de la part de ses partenaires, européens notamment. La semaine dernière, le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell s'est rendu en Moldavie et a promis 15 millions d'euros pour aider à gérer la crise.
Romain L'Hostis - Thomas Kox
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