Appel de la Commission européenne pour le lancement d'une stratégie de "biodéfense" ; Europol alerte sur la vente illégale de certificats PCR négatifs pour les voyageurs; visite du président serbe à Paris pour discuter de son adhésion à l'UE ; création d'un organe éthique européen, les négociations se poursuivent.
La Commission appelle au lancement d’une stratégie dite de biodéfense avec les acteurs industriels
La présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen s’est entretenue en visioconférence avec les représentants de plusieurs entreprises pharmaceutiques. Ils ont discuté des réponses à apporter aux variants du Covid-19 mais aussi pour “mieux se préparer aux futures pandémies”. Quelle est la stratégie européenne pour répondre à cet objectif ?
Après une réunion organisée le 31 janvier avec les sociétés productrices de vaccins, le responsable du marché intérieur Thierry Breton et la directrice exécutive de l’Agence européenne des médicaments Emer Cook, la Commission a déclaré que “les capacités de fabrication constituaient un facteur limitant” et donc une des raisons à l’ampleur de la crise sanitaire actuelle.
La Commission appelle donc au lancement d’une stratégie dite de biodéfense avec les acteurs industriels, pour obtenir “le développement, la fabrication et l’appropriation accélérée de vaccins au sein de l’UE.”
En prévision de la création d’une autorité européenne pour la réaction aux urgences sanitaires (HERA), Ursula von der Leyen a annoncé que d’autres discussions auront lieu avec les acteurs du secteur privé.
Selon le porte-parole de l'UE Eric Mamer ce mécanisme permanent aidera les partenaires publics et privés à lutter contre les menaces sanitaires immédiates mais aussi à long terme. Cette autorité financera l’action d’entreprises de technologie de pointe, et des organismes de régulation tels que l’Agence européenne des médicaments.
Vente illégale de certificats PCR négatifs - Europol lance l'alerte
L’effort européen pour lutter contre la pandémie de Covid-19 fait face à une autre difficulté : Europol vient d’alerter sur la multiplication d’actes de vente illégale de certificats PCR négatifs pour des voyageurs.
La fonction de l’office européen de police est de faciliter l’échange de renseignements entre les polices nationales en matière de stupéfiants, de terrorisme, de criminalité internationale. A ce titre et dans un contexte où beaucoup de pays exigent aux voyageurs de présenter un test négatif, l'agence a révélé que les autorités du Royaume-Uni, de l’Espagne, des Pays-Bas, ou encore de la France saisissent de plus en plus de ventes de ces faux certificats en ligne ou dans les aéroports.
Qu’il s’agisse d’actes individuels ou de réseaux de contrefaçon, Europol insiste sur l’importance de ce trafic qui ne diminuera pas tant que les restrictions de voyage liées à la crise sanitaire perdureront.
En effet, l’usage d’imprimantes ou de logiciels relativement accessibles rend difficile la détection de ces faux certificats lors des contrôles aux frontières, et cela constitue une menace croissante à l’efficacité des restrictions appliquées jusqu’à maintenant.
Le président serbe en visite à Paris pour discuter de son adhésion à l'UE.
Dirigeons-nous maintenant vers la France, où le président Emmanuel Macron a reçu le président serbe pour une visite officielle pour évoquer l’avenir des relations entre la Serbie et le Kosovo, et le processus d’intégration européenne du pays.
Tout à fait ! Le président serbe Aleksandar Vučić s’est rendu à Paris dimanche 31 janvier pour rencontrer Emmanuel Macron pour discuter de son adhésion à l’UE. Rappelons que la Serbie est officiellement candidate à l’adhésion depuis 2012 et que les négociations sont en cours depuis janvier 2014. La Serbie bénéficie de l’Instrument d’aide de préadhésion (IAP) et participe à certains programmes européens comme Erasmus+ ou Horizon Europe. Le précédent président de la Commission européenne Jean Claude Juncker avait d’ailleurs fixé l’objectif d’achever cette intégration avant 2025.
Une relation entre Serbie et Europe qui est cependant souvent loin d’être fluide !
Oui le rapprochement de la Serbie avec l’UE connaît aussi des moments difficiles et notamment dans le cadre de la pandémie. Au printemps le président serbe avait déjà clamé que la solidarité européenne n’existait pas » et devant la lenteur de la campagne vaccinale, Vucic s’est finalement tourné vers la Chine. Il est allé accueillir lui-même le million de doses de vaccin envoyées par Pékin, et la Serbie est aujourd'hui le premier pays d’Europe pour son nombre de vaccinations.
L’objectif primordial des Européens reste avant tout d’atteindre enfin une réelle stabilité politique dans la région des Balkans Occidentaux, et surtout entre la Serbie et le Kosovo.
Oui, malgré la proclamation d’indépendance du Kosovo en 2008, la Serbie ne reconnaît toujours pas l’existence de son ancienne province. En face, les dirigeants kosovars sont encore pour beaucoup issus de la guérilla qui avait combattu les Serbes en 1999, ce qui n’aide pas au resserrement des liens.
Le dialogue entre Belgrade et Pristina mené sous l’égide de l’Union a mené à des progrès considérables entre les deux pays mais le chemin reste long vers une complète normalisation.
Création d'un organe éthique européen - les négociations se poursuivent
Terminons cette édition avec la poursuite des négociations au sein des institutions européennes à propos de la création d’un organe éthique européen. L’enjeu est désormais de convaincre la droite politique européenne d’accepter le texte mis sur la table par l’eurodéputé Daniel Freund ?
Les députés de la Commission des Affaires juridiques chargés de travailler sur la mise en place de cet organe éthique européen se sont à nouveau réunis le mercredi 3 février pour atteindre un compromis sur cet organe. Celui-ci rassemblera neuf membres choisis par le Parlement européen et la Cour des Comptes, et contrôlera le respect de règles éthiques au sein des institutions européennes. En cas d’infraction vérifiée, le projet de législation prévoit la saisine de la Cour de Justice de l’UE, et la possible prise de sanctions.
Les groupes de la Gauche Unitaire, des Verts, et des socialistes affichent leur soutien au texte actuel. Cependant, le Parti populaire européen n’a pas caché ses réticences face à cette initiative.
Effectivement le député du PPE Geoffroy Didier a exprimé sa crainte que cette future autorité ne devienne un “instrument de contrôle ou de sanctions des députés”. Bien que le rapporteur du projet Stéphane Séjourné affirme chercher un compromis avec la droite, le chemin législatif sera encore long. Car lorsque la commission des Affaires juridiques aura voté cette législation, il lui faudra encore passer par un vote interne à la Commission des Affaires constitutionnelles, puis par l’ensemble des eurodéputés.
Image: Ahmad Ardity