Le projet de la Commission européenne pour rendre l'intelligence artificielle plus sûre, éthique et transparente. En Allemagne, pouvoir renforcé pour le gouvernement fédéral. L'Union européenne épinglée par la Cour des comptes européenne. Six ans après son naufrage meurtrier, l'épave d'un chalutier fait son retour à Augusta (Sicille).
Le projet de la Commission européenne pour rendre l'intelligence artificielle plus sûre, éthique et transparente.
Débutons ce journal par le projet de la Commission européenne de rendre l’intelligence artificielle plus sûre, éthique et transparente à travers un nouveau texte cadre. Cette technologie permettant à une machine de prendre des décisions en s’appuyant sur d’innombrables données récoltées ne cesse de se répandre, mais de nombreux chercheurs craignent que ces systèmes ne soient discriminants.
Oui l’exécutif européen souhaite donc impulser un modèle pionnier qui pourrait être dupliqué ailleurs dans le monde comme ce fut le cas avec le règlement européen sur la protection des données.
Le projet présenté mercredi envisage notamment de réguler les usages dits à “risque élevé” comme l’utilisation de programmes informatiques pour sélectionner des candidats à une offre d’emploi ou pour un prêt bancaire ainsi que son utilisation pour les contrôles aux frontières.
Lors de la présentation Margrethe Vestager, vice-présidente de la Commission en charge du numérique et de la concurrence a insisté sur le fait “qu’il n’y a de place pour la surveillance de masse dans notre société”
Tout à fait et le texte européen entend ainsi limiter l’usage de la reconnaissance faciale. Cette technologie d’identification pourra être utilisée uniquement pour certains cas précis comme la traque d’un suspect, la recherche d’une victime ou pour empêcher une attaque terroriste.
Mais plusieurs parlementaires et des ONG s’inquiètent déjà de ces outils de surveillance de masse et dénonce des exceptions dont la formulation ne permet pas de protéger efficacement les droits des citoyens européens.
Et certains usages de l’intelligence artificielle devraient, selon le texte, être tout simplement interdits.
Oui comme la mise en place de ‘crédit sociaux’. Ce système de notation a fait son apparition dans plusieurs villes chinoises où les résidents se voient attribuer des récompenses ou des sanctions en fonction de leur comportement.
Les technologies capables de manipuler les utilisateurs vont également être interdites. Et les entreprises risquent des amendes pouvant aller jusqu’à 6% de leur chiffre d’affaires mondial. Le texte doit néanmoins obtenir l’aval du Parlement européen et des États membres avant sa mise en application.
En Allemagne, pouvoir renforcé pour le gouvernement fédéral.
Dirigeons-nous maintenant vers l’Allemagne où une loi offrant plus de pouvoir au gouvernement fédéral a obtenu l’aval du Parlement. Le texte, farouchement décrié par l'opposition, a été voté grâce aux voix des conservateurs et des sociaux-démocrates le 21 avril.
Oui, dans ce contexte où les infections continuent de grimper en Allemagne le gouvernement fédéral a pris cette décision afin de pouvoir mettre en place des mesures sanitaires uniformes à travers le pays. Les restrictions sont décidées en accord avec les différentes régions allemandes mais plusieurs d’entre elles contournent ces mesures.
Désormais, dans les villes et districts ou le nombre de cas est supérieur à 100 pour 100 000 habitants pendant trois jours, les commerces non essentiels doivent pratiquer le ‘click and collect’, le couvre-feu est de mise de 22 heures à 5 heures du matin, et les contacts au sein du foyer sont limités à une personne extérieure.
Les écoles doivent par exemple passer en distanciel quand le taux d’incidence atteint 165 pour 100 000. Après le vote du Parlement mercredi à Berlin où s’étaient rassemblés plus de 8000 manifestants, la chambre haute allemande a approuvé le texte jeudi 22 avril.
L'Union européenne épinglée par la Cour des comptes européenne.
Intéressons-nous à présent aux derniers travaux de la Cour des comptes européenne qui s’est notamment penchée sur les programmes spatiaux de l’UE. L’Union dispose selon la cour d’un haut potentiel mais qui est mal exploité selon un rapport publié le 21 avril.
Effectivement, la cour souligne que “les programmes satellitaires Galileo et Copernicus en particulier, fournissent des données et services précieux, mais des efforts supplémentaires sont nécessaires pour tirer profit des investissements considérables” que ces projets nécessitent. Des investissements qui “avoisinent à ce jour les 18 milliards d'euros” selon le rapport.
Ainsi, la Cour constate que le programme Galileo de positionnement par satellite offre de nombreuses possibilités notamment pour les applications de smartphones ou les transports autonomes. De même, le programme Copernicus d'observation de la Terre est presque exclusivement utilisé par les scientifiques alors que ces usages pourraient être multipliés. Selon la Cour « il n'existe pas encore de vision à long terme en ce qui concerne un accès efficient à ces données ».
La Cour des comptes a également publié un autre rapport une semaine plus tôt consacré à l’objectif de l’UE d’installer plus d’un million de points de recharges pour véhicules électriques d’ici à 2025.
Tout à fait, ce rapport du 13 avril salue l’harmonisation progressive des prises et des bornes en Europe mais déplore le déploiement lent et inégal des bornes électriques sur le continent. Ainsi, “l'Allemagne, la France et les Pays-Bas concentrent à eux trois 69 % des points de recharge”. De même, le document indique que “si le déploiement des infrastructures continue au rythme de la période 2014-2020, il y a fort à parier que l'objectif du million de points de recharge ne sera pas atteint”.
La cour constate par ailleurs le grand nombre d'exploitants sur le marché. Un véritable casse-tête pour les utilisateurs européens qui doivent donc “souscrire à plusieurs abonnements et utiliser différentes méthodes de paiement”.
Six ans après son naufrage meurtrier, l'épave d'un chalutier fait son retour à Augusta (Sicille).
Terminons ce journal en Italie où l’épave d’un chalutier tristement célèbre a fait son retour mardi dernier à Augusta en Sicile pour devenir un lieu de mémoire de la tragédie du 18 avril 2015. Une tragédie qui, on s’en souvient, avait couté la vie de plus 1000 migrants.
En effet, comme le rapporte le New York Times et Mediapart six ans plus tôt ce navire avait beaucoup fait parler de lui et est devenu le symbole d’une politique migratoire européenne défaillante.
Le 18 avril 2015, le bateau avait coulé au large des côtes libyennes. Comme l'avait promis le président du conseil italien de l’époque, Matteo Renzi, l’épave du chalutier a été repêché en juin 2016. S’ensuit de longues recherches et d’identifications des corps menés par plus de 200 médecins légistes du pays.
Et les recherches pour l'identification des victimes portent leurs fruits ?
Le Comité international de la Croix rouge a pu dresser une liste de 474 passagers mais seulement six sont formellement identifiés. Les recherches sont toujours en cours notamment grâce à plus de 1500 numéros de téléphones retrouvés dans l’épave et pour la plupart griffonnés sur des bouts de papier.
Le bateau était exposé à la biennale de Venise en 2019 mais tardait à être rapatrié. Après une semaine de traversée, le chalutier est arrivé mardi à Augusta. La municipalité, propriétaire du bateau, a annoncé vouloir créer un jardin de la mémoire autour de l’épave.
Thomas Kox - Armand Duthil
Tous les journaux "Aujourd'hui en Europe" sont disponibles ici
Image par Gerd Altmann de Pixabay