Aujourd'hui en Europe est un journal consacré aux actualités européennes du jour, réalisé par la rédaction d'euradio à Bruxelles. Avec Gaspard Timmermans, Robin Job Thomas Kox, Paul Thorineau et Ulrich Huygevelde.
Au programme :
- Pays-Bas : chute de la coalition, Geert Wilders claque la porte sur fond de tensions migratoires
- Pologne : une victoire nationaliste sous influence américaine
- Allemagne : malgré un jugement, Friedrich Merz persiste sur la ligne dure migratoire
Bonjour Assia, on commence ce journal en revenant sur le coup de tonnerre politique aux Pays Bas.
Oui Isaline, ce mardi 3 juin, Geert Wilders, leader du Parti pour la liberté (PVV, parti d’extrême droite), a annoncé sur X le retrait de son parti de la coalition gouvernementale. En cause, l’absence de consensus sur son plan d’asile, qualifiée de “politique d’immigration la plus stricte jamais vue” aux Pays-Bas. Il annonce alors, je cite, “Pas de signature pour notre plan sur l’asile. Pas d’amendement à l’accord sur les grandes lignes. Le PVV quitte la coalition.”
Le départ du parti d’extrême droite PVV, première force de la Seconde Chambre avec 37 sièges, fait chuter l’exécutif dirigé par Dick Schoof, devenu minoritaire.
Ce départ précipite le pays dans une nouvelle crise politique Assia, et ce moins de deux ans après les dernières élections législatives.
Oui, effectivement Isaline, le gouvernement, formé en juillet 2024, réunissait le parti d’extrême droite PVV, et trois partis de droite modérée. Mais les tensions internes, notamment sur les questions migratoires, sont apparues au fil des mois.
Geert Wilders reproche à ses partenaires de coalition leur lenteur dans l’application du programme commun sur l’immigration.
Oui, fin mai, le leader du premier parti de la coalition estimait que sa patience était “à bout” et exigeait la mise en œuvre rapide de son plan. Un plan radical qui comprenait la fermeture des frontières aux demandeurs d’asile, la fin du regroupement familial, la fermeture des centres d’accueil, ou encore l’expulsion des binationaux condamnés pour crime. Des exigences maximalistes qui auront finalement eu raison de la coalition.
Mais dans le cadre du système de coalition, qui est la pierre angulaire du système politique néérlandais Geert Wilders avait dû revoir ses ambitions à la baisse.
Oui, et même si son parti avait obtenu la première place aux législatives, ses partenaires de la coalition avaient refusé de laisser la place de Premier ministre à Geert Wilders qui avait alors dû accepter la nomination de Dick Schoof. Moins d’un an plus tard, l'alliance vole donc en éclat, ce qui relance les ambitions du leader du PVV, bien décidé à prendre les rênes du pays. Des élections législatives anticipées devraient être convoquées dans les prochaines semaines, en vue de former une nouvelle majorité.
On continue ce journal Assia en revenant sur l’actualité polonaise, une actualité peu réjouissante pour l’avenir de ses relations avec l’UE. La victoire serrée ce dimanche 1er juin du nationaliste Karol Nawrocki avec 50,89% des voix, illustre une nouvelle fois la montée du conservatisme en Europe. Si un scénario aux lignes similaires s’est déroulé en Roumanie le 18 mai dernier, le scrutin s’était quant à lui soldé par la victoire du candidat pro-européen de Nicusor Dan.
Oui Isaline, en Pologne, le scrutin extrêmement serré n’a pas suscité le même soulagement, notamment au sein de l’exécutif européen.Porté notamment par le soutien de Donald Trump, Karol Nawrocki occupe maintenant la présidence polonaise sans aucune expérience politique passée.
Alors que la Pologne est un Etat membre clef en tant que sixième économie de l’UE, elle assume également une fonction essentielle sur les plans diplomatique et logistique pour l’aide à l’Ukraine. Karol Nawrocki, même s’il n’est pas pro-russe, s’oppose notamment à l’adhésion de Kiev à l’OTAN et entend soutenir les forces souverainistes de l’Union.
Dans la foulée de ce scrutin qui est pour lui un important désaveu, le Premier ministre Donald Tusk a annoncé, ce 3 juin, qu’il allait demander le vote de confiance du Parlement le 11 juin prochain.
Oui Isaline, alors que les prochaines législatives ne devraient se tenir qu’en 2027, le chef de gouvernement qui entend mettre en œuvre son programme progressiste, devra faire face au droit de véto législatif dont dispose le président. Le vote qu’il demande au parlement vise à conforter sa position dans le bras de fer qui s’annonce.
On conclut ce journal à Berlin, où le chancelier allemand Friedrich Merz a déclaré, mardi 3 juin, qu’il continuerait de refouler les réfugiés aux frontières du pays, malgré une décision d’un tribunal berlinois déclarant la veille que sa politique migratoire était « illégale ».
Oui, en effet. Dans un communiqué de presse publié le lundi 2 mai, le tribunal administratif de Berlin a indiqué que la police allemande avait violé le droit de l’UE lorsqu’elle avait ordonné le retour de trois réfugiés somaliens. Le groupe, composé de deux hommes et d’une femme, était arrivé dans l’est de l’Allemagne en train depuis la Pologne et avait demandé l’asile. Mais avant de recevoir une réponse, ils avaient été contraints de repartir. Le communiqué indique, je cite : « les personnes qui présentent une demande d’asile lors des contrôles aux frontières sur le territoire allemand ne peuvent pas être refoulées. »
Oui, en effet. Après leur expulsion vers la Somalie , les trois Somaliens ont porté plainte contre le gouvernement allemand et ont gagné le procès. Selon le juge, et selon la procédure Dublin, l’Allemagne était obligée de déterminer l’État membre responsable de la procédure d’asile pour cette demande.
La décision représente un défi majeur pour Merz, qui avait promis, pendant sa campagne électorale, de mettre en œuvre une « interdiction d’entrée efficace » pour les migrants sans papiers et les demandeurs d’asile dès son premier jour en fonction. Il déclare que ce jugement pourrait limiter la répression migratoire de son gouvernement mais ne l’arrêterait pas complètement. Il a affirmé, et je cite : « les personnes continueront à être refoulées à la frontière allemande. »
Un journal d’Isaline Feller, Thomas-Jan Meekers et Assia Patel