Aujourd'hui en Europe est un format quotidien regroupant les actualités européennes du jour, réalisé par la rédaction euradio à Bruxelles.
Au programme :
- Une déclaration commune de l'Arménie et l'Azerbaïdjan
- Un accord des institutions européennes sur l'AI act
- La famille Amini n'a pas pu se rendre à Strasbourg pour recevoir le prix Sakharov
Ouvrons ce journal en évoquant une récente déclaration commune et inattendue de l’Arménie et de l’Azerbaïdjan, qui souhaitent toutes deux la “normalisation” de leurs relations.
Le chemin sera long pour parvenir à ce retour à la normale. Les deux pays sont sous très vive tension depuis la dernière offensive azerbaïdjanaise qui a vu Bakou reprendre le contrôle de cette enclave peuplée majoritairement d’Arménien•nes contrôlée depuis 1994 par Erevan.
De nombreux observateur•rices craignaient une nouvelle escalade du conflit qui toucherait cette fois-ci directement le territoire arménien. Un soldat de l’armée arménienne a d’ailleurs été tué non loin de la frontière entre les deux pays le 4 décembre.
Dans leur déclaration commune, les deux pays promettent pourtant des “mesures concrètes” pour tourner la page de plusieurs décennies de tensions.
Oui, cette annonce fait suite à des négociations qui étaient restées secrètes jusqu’alors. Les deux États annoncent comme première mesure remarquée un échange de trente-deux prisonniers de guerre arméniens contre 2 soldats azerbaidjannais.
Un premier pas dont se sont félicités les États-Unis, l’Union européenne et la Russie qui cherchent depuis des mois à parvenir à la paix dans la région. La Turquie, alliée de l’Azerbaïdjan, a également déclaré son souhait de parvenir “le plus tôt possible” à un accord de paix entre les deux pays.
Signe de bonne volonté : l’Arménie retire sa candidature pour l’organisation de la prochaine Cop au profit de celle de l’Azerbaïdjan.
Oui Erevan, voyant l’intérêt de Bakou pour accueillir le prochain sommet international pour le climat, a retiré sa candidature dans un geste de bonne volonté envers l’Azerbaïdjan. Si plusieurs défenseur•euses de l’environnement critiquent une nouvelle organisation par un pays dont l’économie est dominée par les hydrocarbures, du point de vue diplomatique cela montre une vraie amélioration des relations.
Est-ce donc la fin des tensions entre ces deux pays ?
Il faudra probablement plusieurs années pour le dire, la rivalité entre ces deux ennemis historiques étant fortement ancrée chez leurs populations. Toutefois ces déclarations témoignent d’une nette amélioration comparée à la situation d’il y a encore quelques semaines. Récemment le président azerbaidjanais parlait encore de l’Arménie comme de “l'Azerbaïdjan occidental” laissant entendre des revendications territoriales de son pays sur l’ensemble de l’Arménie, ce qui avait conduit la France à livrer des armes à Erevan.
Poursuivons ce journal en se penchant sur l’accord auquel sont parvenus le Parlement européen et le Conseil sur l’AI Act, le paquet de réformes autour de l’intelligence artificielle.
Oui après 22 heures de discussions entre les 3 principales institutions européennes, un accord a finalement été trouvé concernant les régulations européennes de l’Intelligence artificielle. Un texte qui était très attendu, à l’heure ou l’IA générative se développe particulièrement rapidement, à l’image de Chat GPT ou encore du générateur d’images Midjourney.
Ne reste plus qu’à approuver formellement cet accord et à l’inscrire au journal officiel. Sachant que certains points de ce texte ne seront applicables que d’ici à 6 mois voire un an.
La présidente de la Commission européenne s’est d’ailleurs félicitée d’un texte qui serait “le premier cadre législatif complet sur l’Intelligence Artificielle au monde”. Ce texte, qu’apporte-t-il concrètement ?
Tout d’abord, il interdit des dérives comme la surveillance de masse ou encore les systèmes de notation des citoyen•nes, comme celui qu’utilise la Chine. Une autorité de l’IA sera d’ailleurs mise en place au sein de la Commission pour s’assurer du respect de ce texte.
Une transparence des développeur•euses sur le code utilisé pour la création de l’IA sera également demandée, sans toutefois mettre en péril de potentiels “secrets commerciaux”. A la demande de la France, les programmes à vocation de défense et militaire seront également exemptés des restrictions apportées par ce texte.
Et ce bon nombre de compromis sont d’ailleurs l'objet de critiques par de nombreux observateur•rices.
Oui c’était tout le risque avec l’élaboration de ce texte. L’IA peut être un outil extrêmement bénéfique du point de vue économique, mais aussi la source de dérives telles que la désinformation ou le non-respect de la vie privée. Les législateur•trices devaient donc trouver un juste équilibre entre restrictions et soutien à l’innovation.
Dans son état actuel, le texte est donc victime de critiques des deux bords. Certains dénonçant le peu d’interdictions concrètes qui figurent dans la version finale de ce texte, tandis que les lobbys du secteur de la technologie craignent des conséquences désastreuses pour l’économie européenne. L’IA permettant un gain de temps conséquent pour les employé•es, les lobbys craignent par exemple que le fait de se priver de ces innovations ne nuise à la compétitivité des entreprises européennes.
Concluons ce journal, en évoquant la remise du prix Sakharov, récompense décernée par le Parlement européen à des associations ou des personnes luttant pour le respect des droits humains.
Cette année la remise du prix avait un goût amer. On le savait depuis le mois d’octobre, le titre a été remis à titre posthume à Mahsa Amini, jeune femme iranienne arrêtée en 2022 pour mauvais port du voile. Elle aurait par la suite été victime de diverses tortures de la part de la “police des moeurs” avant de finalement mourir à l’hôpital quelques jours plus tard, provoquant un large mouvement de révolte en Iran.
Un mouvement de révolte nommé «Femme, vie, liberté» qui a rassemblé une très grande partie de la population locale, hommes comme femmes. Mais aujourd’hui ce mouvement est réprimé implacablement par les autorités.
Pourquoi cette remise aurait un goût amer ?
Parce que la famille de Mahsa Amini, qui aurait dû venir à Strasbourg récupérer ce prix mardi 12 septembre, a été tout simplement interdite de quitter le territoire iranien. Une interdiction qui a été couplée à une confiscation des passeports de la famille Amini selon leur avocate à Paris. Ils auraient en revanche été en mesure de rentrer chez eux.
La présidente du Parlement européen Roberta Metsola a appelé samedi 9 décembre les autorités iraniennes à revenir sur cette interdiction.
Un journal de Joris Schamberger et Ariane Dana