Aujourd’hui en Europe

Aujourd'hui en Europe - 24 octobre 2024

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Aujourd'hui en Europe est un journal consacré aux actualités européennes du jour, réalisé par la rédaction d'euradio à Bruxelles. Avec Margot Klein, Thomas Kox, Giona Melotto, Paul Thorineau et Ulrich Huygevelde.

Au programme:

  • Le sommet des Brics qui se tient actuellement à Kazan, en Russie
  • Le rapport du Médiateur européen concernant l’accord entre l’UE et la Tunisie de juillet 2023
  • En Autriche, deux partis s’apprêtent à former une coalition majoritaire qui exclut le FPÖ, le parti d’extrême droite qui a remporté les élections

Bonjour, ouvrons ce journal en faisant un point sur le sommet des pays membres des BRICS, qui se tient actuellement en Russie.

Ce mercredi 23 octobre, le président russe Vladimir Poutine a ouvert, dans la ville russe de Kazan, le sommet des Brics. Le Brics est une alliance de neuf pays dits du “Sud Global” comprenant entre autres la Russie, l’Inde, la Chine, et le Brésil. Le groupe, fondé à l’initiative de ces quatre pays, vise à contrebalancer le pouvoir économique de l’Occident, et permet de former une alliance économique mais aussi géopolitique entre ces États. Réunis, les pays membres du BRICS représentent une importante force économique mais aussi démographique. 

Vladimir Poutine qui cherche à mettre en scène son non-isolement alors que la Russie mène sa guerre en Ukraine a tenté de proposer des initiatives pour limiter la domination économique occidentale dans le monde.

Vladimir Poutine a d’ailleurs ouvert la réunion en proposant une “dé-dollarisation”, c’est-à-dire l’introduction d’une monnaie internationale alternative qui permettrait d’ôter du pouvoir au dollar américain. L’objectif de Vladimir Poutine - et, par extension, de ses alliés - serait de rendre l’économie mondiale moins dépendante du dollar, une proposition qui ne risque cependant pas d’aboutir de sitôt.

Outre les leaders de Brics le secrétaire général de l’ONU s’est également rendu à Kazan.

Oui et ce déplacement a d’ailleurs été très critiqué par l’Ukraine, Antonio Guterres est accusé de s’être “déplacé depuis New York pour un homme qui fait l’objet d’un mandat d’arrêt du Tribunal Pénal International”, allusion à la situation de Vladimir Poutine. Cependant, le porte-parole de M. Guterres a insisté sur le fait que ses positions sur l’Ukraine étaient très claires et ne changeaient pas : Antonio Guterres condamne l’invasion russe. 

Et, de plus, les membres de l’alliance Brics ne sont pas tous enclins à soutenir la Russie dans son invasion de l’Ukraine non plus.

Le Brésil a proposé un plan alternatif pour mettre fin à la guerre, qui a été rejeté par l’Ukraine. C’est l’Inde qui s’est démarquée en s’exprimant plus franchement en faveur de la paix en Ukraine, sans pour autant condamner la Russie. Même la Chine, alliée de Moscou, affirme reconnaître l’intégrité territoriale des Etats, dont l’Ukraine.

Le sommet Brics est le plus grand événement diplomatique à se tenir en Russie depuis le début de la guerre.

Selon les observateurs internationaux, Poutine espère projeter une image, je cite, de “contre-hégémonie orientale” en présence de ces économies émergentes. Alors que l’Union européenne condamne fermement la Russie pour l’agression de l’Ukraine, aucun dirigeant européen n’a accepté de s'y rendre depuis le début de l’invasion russe, à l’exception de la visite du dirigeant hongrois Viktor Orban il y a quelques mois qui a fortement fait réagir. 

Reste à voir quelles conséquences aura cette rencontre sur le renforcement du lien diplomatique des pays des Brics.

Poursuivons ce journal en évoquant un rapport du Médiateur européen concernant l’accord migratoire passé entre l’UE et la Tunisie.

Cet organe indépendant examine les plaintes à l’encontre des institutions européennes. Et, dans une déclaration publiée le 23 octobre, la Médiatrice européenne Emily O’Reilly a critiqué l’accord controversé signé entre la Commission européenne et la Tunisie en juillet 2023. À travers cet accord, l’Union s'était engagée à débourser 150 millions d’euros de “soutien financier” au gouvernement de Tunis.   

Une somme destinée à freiner les départs irréguliers de migrants vers l’UE, notamment vers l’Italie.

Ursula von der Leyen avait d’ailleurs déclaré avoir diminué de 64% les arrivées dans l’ensemble de la Méditerranée centrale grâce aux efforts de la Commission européenne.  

Mais le Médiateur a accusé l'accord de n'être pas à la hauteur des engagements de l’UE sur la protection des droits humains

"Dans ce contexte, on ne peut négliger les nouvelles profondément inquiétantes qui continuent à émerger sur la situation des droits de l’homme en Tunisie, notamment en ce qui concerne le traitement des migrants” a affirmé le Médiateur Emily O’Reilly. 

En effet, le pays Nord africain a été accusé de violences, de détentions arbitraires et d’expulsions collectives et forcées des migrants.

Sur cette base, l’Organe observateur invite la Commission à établir des "critères détaillés" qui pourraient déclencher la suspension des fonds de l’UE si des violations des droits fondamentaux étaient constatées en Tunisie.

De son côté, la Commission a affirmé avoir “pris note” de l'enquête du Médiateur et s’est dite “prête à améliorer le suivi des droits de l’homme concernant les migrations.”

Terminons ce journal en Autriche, où, à quelques semaines des élections gagnées par le parti d’extrême droite FPÖ, deux autres partis ont entamé des négociations afin de former une coalition qui exclurait le FPÖ. 

Mardi 22 octobre, le Président autrichien Alexander van der Bellen a chargé Karl Nehammer, chancelier sortant et chef du parti de centre droit ÖVP, de former le nouveau gouvernement, ce qui exclut de fait Herbert Kickl, président du FPÖ, le parti qui a gagné les élections fin septembre dernier. 

Une nouvelle qui n’est pourtant pas totalement inattendue.

L’ÖVP, qui est au pouvoir depuis 2021, est arrivée deuxième du scrutin avec 26% des voix. Comme le parti d’extrême droite FPÖ n’a pas obtenu la majorité absolue lors des élections, le parti ne peut pas former de gouvernement seul et a besoin de rejoindre une coalition. Néanmoins, plusieurs autres partis autrichiens avaient annoncé ne pas vouloir s’allier au FPÖ si Herbert Kickl, figure très controversée, reste à sa tête.  

Seulement, l’ÖVP n’aura qu’une très légère majorité si elle s’allie avec le parti arrivé en troisième position, le parti des sociaux démocrates.

Ils devront potentiellement trouver un troisième parti, plus petit, avec lequel former une coalition afin d’avoir une majorité stable au parlement. 

Un journal de Giona Melotto et Margot Klein.