Aujourd’hui en Europe

Aujourd'hui en Europe - 13 mai

© Montecruz Foto Aujourd'hui en Europe - 13 mai
© Montecruz Foto

Aujourd'hui en Europe est un journal consacré aux actualités européennes du jour, réalisé par la rédaction d'euradio à Bruxelles. Avec Gaspard Timmermans, Robin Job Thomas Kox, Paul Thorineau et Ulrich Huygevelde.

Au programme :

  • Turquie : le PKK annonce sa dissolution après plus de 40 ans de lutte armée
  • "Pfizergate" : Ursula von der Leyen face à la justice européenne
  • Belgique : polémique autour de la mise sous tutelle de Bruxelles

Bonjour Assia, on commence ce journal en évoquant un tournant historique en Turquie : le PKK a annoncé sa dissolution après plus de quarante ans de lutte armée

Oui c’est une page majeure de l’histoire contemporaine turque qui se tourne. Le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) a annoncé ce lundi 12 mai sa dissolution, mettant un terme à plus de quarante ans de guérilla contre l’État turc. Le groupe armé, fondé en 1978 et en conflit ouvert avec Ankara depuis 1984, met ainsi fin à des décennies de conflit avec l’État turc qui auraient fait environ 40 000 morts. L’annonce, relayée par l’agence pro-kurde ANF, fait suite au 12e Congrès du parti, tenu dans les montagnes du nord de l’Irak, au cours duquel les cadres du PKK ont décidé de "dissoudre la structure organisationnelle du parti et de mettre fin à la voie de la lutte armée".

Le mouvement dit estimer avoir accompli sa "mission historique", jugeant que "la question kurde est parvenue à un point où elle peut désormais être résolue par une politique démocratique". 

Cette décision s’inscrit dans le sillage de l’appel lancé par le chef fondateur du PKK, Abdullah Öcalan, le 27 février dernier. Détenu à l’isolement depuis 26 ans sur l’île-prison d’Imrali en mer de Marmara, Öcalan, 76 ans, aurait accepté que ses conditions de détention soient assouplies, sans toutefois envisager de quitter la prison, selon des sources proches du pouvoir.

Le parti au pouvoir, l’AKP, a salué cette dissolution comme une "étape importante vers l’objectif d’une Turquie débarrassée du terrorisme". Ömer Çelik, porte-parole du parti, a toutefois averti que la mesure devait être "mise en pratique et réalisée dans toutes ses dimensions", insistant sur la nécessité de fermer toutes les extensions illégales du PKK.

Sur le front politique, cette annonce intervient dans un contexte de forte tension entre le pouvoir et l’opposition. 

Ekrem Imamoglu, maire d’Istanbul et figure de proue de l’opposition à Recep Tayyip Erdogan, est en prison depuis le 23 mars. Il est accusé de corruption, des faits qu’il conteste. La justice a également annulé son diplôme universitaire, ce qui l’écarte, pour l’instant, de la course à la présidentielle de 2028, bien qu’il ait été désigné candidat par son parti, le Parti républicain du peuple (CHP), principale formation d’opposition à Erdogan.

Malgré les mobilisations initiales, les manifestations en soutien à Imamoglu ont perdu de leur vigueur. 

La faible participation de la population kurde, qui ne s’est pas jointe aux rassemblements récents de l’opposition, illustre la stratégie du président Erdogan visant à fracturer le front anti-AKP. Selon la chercheuse Gönul Tol, ce processus de paix avec le PKK permet au chef de l’État de renforcer sa position et d’arriver en 2028 face à une opposition divisée. Une dynamique que le CHP peine, pour l’heure, à enrayer.

On continue ce journal en évoquant le scandale du "Pfizergate", qui place Ursula von der Leyen face à un test décisif devant la justice européenne. Lui sont reprochés des SMS échangés en toute opacité avec le PDG de Pfizer lors des négociations du plus gros contrat vaccinal de l’UE lors de la pandémie de Covid.

Ce mercredi 14 mai, le Tribunal de l’Union européenne rendra une décision clé sur les SMS échangés entre la présidente de la Commission européenne et le PDG de Pfizer, Albert Bourla, lors des négociations du plus grand contrat vaccinal signé par l’UE pendant la pandémie.

Ces messages, révélés par The New York Times en 2021, sont au cœur d’un bras de fer juridique sur la transparence des institutions européennes. La Commission a refusé de les rendre publics, estimant qu’ils ne constituent pas des documents officiels. Mais pour les plaignants, ils ont influencé un accord majeur : l’achat potentiel de 1,8 milliard de doses du vaccin Pfizer-BioNTech.

L’affaire, surnommée "Pfizergate", pourrait entacher le second mandat d'Ursula von der Leyen, entamé en décembre 2024, et relancer les critiques sur sa gestion très centralisée du pouvoir. 

En 2022 déjà, la Médiatrice européenne, Emily O’Reilly, dénonçait une "culture du secret" au sein de la Commission, parlant d’un "retour en arrière sur la transparence".

Lors de l’audience à Luxembourg en novembre dernier, les juges ont exprimé leur irritation face à l’absence de preuves sérieuses : ni téléphone vérifié, ni explication sur les recherches menées. L’avocate du New York Times a qualifié la défense de la Commission de "très décevante". Le verdict attendu pourrait bien redéfinir les règles du jeu institutionnel à Bruxelles.

On conclut ce journal en abordant la récente l’annonce du Premier ministre belge Bart De Wever, qui a évoqué une possible “tutelle” du gouvernement fédéral sur la capitale belge. Cette annonce a provoqué l’indignation de la gauche.

Les propos de Bart De Wever sur une éventuelle mise sous tutelle de la Région bruxelloise ont suscité une vive controverse. Le président de la N-VA, parti nationaliste flamand, devenu Premier ministre en 2024, a suggéré que si la situation financière désastreuse de la région Bruxelles l’amenait à demander une aide financière au gouvernement fédéral, ce soutien devrait être conditionné à des réformes, comparant la situation à une intervention du FMI.

Pour Ahmed Laaouej (PS), figure de la gauche bruxelloise et dont la formation est dans l’incapacité à former une coalition gouvernementale depuis les élections de juin 2024, cette déclaration est révélatrice : je cite « Ça vient d’un leader nationaliste et séparatiste qui ne respecte ni la Constitution, ni Bruxelles, ni la Belgique. » a t-il déclaré. 

Ce débat intervient alors que Bruxelles reste sans gouvernement, près d’un an après les élections du 9 juin 2024, dans un climat d’impasse politique apparemment totale. 

Oui les résultats avaient confirmé la fragmentation du paysage électoral. La région de Bruxelles-Capitale, bilingue, exige des majorités dans les deux groupes linguistiques (72 francophones, 17 néerlandophones), ce qui complexifie toute coalition. Dotée de compétences régionales propres, comme l’aménagement du territoire ou l’économie, Bruxelles fonctionne avec un parlement distinct des deux autres régions du pays, dans un système fédéral belge déjà très complexe. Au vu de la situation et du grave dérapage des finances de la région, le risque que la Région bruxelloise doive aller frapper à la porte du Fédéral est de plus en plus net.

Un journal de Gaspard Timmermans, Isaline Feller et Assia PATEL