Aujourd'hui en Europe est un format quotidien regroupant les actualités européennes du jour, réalisé par la rédaction euradio à Bruxelles.
Au programme :
- Les chiffres de la croissance dans la zone euro dévoilés par Eurostat
- L'annonce de la démission du premier ministre géorgien, Irakli Garibachvili
- Les tribunaux Croate submergés par un nombre alarmant d'affaires de traite d'êtres humains
Bonjour Joris, démarrons ce journal en évoquant les chiffres de la croissance dans la zone euro dévoilés par Eurostat.
Selon l’agence de statistiques européenne, les chiffres sont légèrement plus bas que prévu mais la récession économique a été évitée de justesse au quatrième trimestre de 2024. Alors qu’au mois de novembre, la Commission européenne anticipait une croissance du PIB de 0,6% par rapport à 2022, celui-ci n’a augmenté que de 0,5%. Une petite déception, qui s’explique par le fait que PIB a reculé de 0,1% au cours du troisième trimestre, avant de finalement se stabiliser sur la fin de l’année.
Cette moyenne cache en réalité de grandes disparités au sein de la zone euro.
Oui, la péninsule ibérique remporte la couronne de la plus forte croissance de la zone pour l’année 2023, avec 2,3% pour le Portugal, et 2,5% pour l’Espagne. La Belgique s’en sort également assez bien avec 1,5% d’augmentation du PIB.
En revanche, l’Allemagne, première économie de la zone, confrontée à une baisse de 0,3% de son PIB, semble connaître un trou d’air. L’Irlande, empêtrée dans une très forte crise immobilière, voit également son PIB plonger. Il s’est contracté de près de 3,4% en une année.
Ces chiffres risquent de très peu augmenter en 2024.
C’est en tout cas ce qu’annonce le Fonds Monétaire International qui vient de mettre à jour ses prévisions pour l’année en cours. Si à l’échelle mondiale, celles-ci sont relativement optimistes poussées par les États-Unis et plusieurs pays émergents, c’est en revanche tout l’inverse pour la zone Euro. Le FMI ayant fait passer ses prévisions de 1,2 à 0,9 pour les 20 pays utilisant la monnaie unique.
Qu’est ce qui explique ce pessimisme économique pour l’année à venir ?
D’abord le contexte géopolitique, peu favorable aux Européens, avec bien évidemment la guerre en Ukraine qui devrait continuer à toucher l’économie de la zone euro l’an prochain. La Commission européenne a annoncé que ses prévisions pourraient être revues à la baisse, du fait également de possibles conséquences du conflit au Proche-Orient, qui pourrait également avoir des retombées sur l’économie européenne.
Depuis le début de la guerre entre Israël et le Hamas, les attaques de rebelles houthis yéménites en mer rouge forcent ainsi de nombreux armateurs à faire de très longs détours, provoquant des augmentations des temps et donc des coûts de trajets. Ces attaques pourraient donc mettre à mal l’économie européenne, puisque 40% des biens échangés entre l’Europe et l’Asie transitent par cette route.
Poursuivons ce tour de l’actualité en évoquant l’annonce faite le lundi 29 janvier de la démission du premier ministre géorgien, Irakli Garibachvili, en poste depuis février 2021 ; une annonce intervenant en amont des élections législatives prévues pour octobre prochain.
Oui, dans une allocution télévisée tenue le lundi 29 janvier, le premier ministre Garibachvili, qui avait déjà dirigé le gouvernement entre 2013 et 2015, a officiellement annoncé sa démission. Il a également exprimé son intention de prendre la présidence du "Rêve géorgien", le parti au pouvoir fondé par l'oligarque Bidzina Ivanichvili et qui détient la réalité du pouvoir et que beaucoup accusent d’être affidé au Kremlin.
Le remaniement de ce lundi s’inscrit dans le prolongement de l’annonce du retour de Bidzina Ivanichvili à la tête de son parti.
En effet, Bidzina Ivanichvili a pris en décembre le poste de président honoraire du "Rêve géorgien", une décision interprétée comme un signal fort de son implication croissante dans la vie politique géorgienne.
Le poste de Premier ministre sera assuré par Irakli Kobakhidzé, actuel chef du Rêve géorgien et proche collaborateur de Bidzina Ivanichvili. Peu apprécié des partenaires occidentaux de la Géorgie pour ses provocations verbales à l’encontre des Européens et des Américains, sa nomination est perçue comme le signe d’un virage pro-russe encore plus affirmé du gouvernement.
Ce remaniement survient à un moment délicat pour la Géorgie, dont le tropisme pro-russe du gouvernement s’accorde de plus en plus mal avec les aspirations pro-européenne d’une grande partie de la population.
Même si le pays a obtenu récemment son statut de candidat à l’Union européenne, les tensions sont très fortes entre Tbilissi et Bruxelles. Bruxelles ne cache plus son agacement sur ce qui apparaît de plus en plus comme un double langage entre d’un côté les discours pro-européens de l’équipe au pouvoir et des actes très loin d’être en phase avec ce discours. Tbilissi ne s’est ainsi pas aligné sur l’Union européenne sur la question des sanctions face à Moscou.
Bruxelles exige notamment des réformes judiciaires et électorales préalables à de nouvelles avancées sur le chemin européen du pays. Bruxelles exige également la libération de l’ancien président emprisonné selon toute vraisemblance pour des raisons politiques.
Terminons ce journal en évoquant la Croatie, qui se retrouve confrontée à un défi sans précédent alors que les tribunaux du pays sont submergés par un nombre alarmant d'affaires de traite d'êtres humains.
Oui, selon les données du ministère de la Justice croate, près de 15 % des cas traités par le système pénitentiaire en 2022 étaient liés à ce fléau. La Croatie, en tant que premier pays de l'espace Schengen sur la route des Balkans occidentaux, est devenue une plaque tournante majeure pour les trafiquants d'êtres humains. Cette route, reliant la Grèce, l'Albanie, la Croatie et la Bosnie-Herzégovine, attire de nombreux migrants qui cherchent à atteindre les nations plus favorisées de l'Europe occidentale. Les trafiquants, selon une enquête menée par les médias locaux, peuvent tirer un profit substantiel d'environ 2 000 € par personne transportée clandestinement.
Sur les 12 000 personnes passées par le système carcéral croate en 2022, plus de 1 800 étaient impliquées dans des affaires de traite d'êtres humains.
Actuellement, plus de 650 individus de plus de 50 pays sont en détention pour des soupçons ou des condamnations liées à ce crime. Alors que les migrants en situation irrégulière arrêtés par la police demandent souvent l'asile, ce qui leur offre un délai de sept jours pour quitter le pays, les trafiquants restent quant à eux dans le système judiciaire pendant des années.
Un journal de Joris Schamberger et d’Ariane Dana.