Aujourd’hui en Europe

Aujourd'hui en Europe - 19 septembre 2025

Les ministres de l’environnement européens se sont réunis à Bruxelles jeudi 18 septembre pour discuter des objectifs climat en vue de la prochaine COP30 au Brésil en novembre. © European Union Aujourd'hui en Europe - 19 septembre 2025
Les ministres de l’environnement européens se sont réunis à Bruxelles jeudi 18 septembre pour discuter des objectifs climat en vue de la prochaine COP30 au Brésil en novembre. © European Union

Aujourd'hui en Europe est un journal consacré aux actualités européennes du jour, réalisé par la rédaction d'Euradio à Bruxelles. Avec Thomas Kox, Baptiste Maisonnave, Paul Thorineau et Ulrich Huygevelde.

Au programme : 

  • Climat : L’UE divisée à l’approche du sommet de Belém, au Brésil
  • Coup de filet au port du Pirée : un record de marchandises importées frauduleusement de Chine
  • En France, les manifestations font trembler l’économie

On commence ce journal à Bruxelles, où étaient réunis hier les ministres de l’environnement de l’UE pour parler des objectifs climat dans la perspective de la prochaine COP qui doit se tenir, en novembre prochain, à Belém au Brésil. Mais entre les réunions repoussées et les désaccords sur un objectif commun de réduction d'émissions, les discussions sont au point mort.

Oui, l’UE essaye tant bien que mal de se fixer deux objectifs : une réduction d’émission d’ici 2035 - comme prévu par les accords de Paris - et une autre d’ici 2040 - dans le cadre de la loi climat européenne. En juillet, la Commission avait proposé de réduire de 90% ses émissions pour atteindre ce deuxième objectif - un chiffre qui devait être inscrit noir sur blanc hier, mais qui a finalement été jugé trop ambitieux. 

Pourquoi cet abandon ? 

En fait, la semaine dernière, l’Allemagne, la France, et une dizaine d’Etat membres ont demandé de reporter cette décision au Sommet des chefs d’Etat, prévu le 23 et 24 octobre prochain. Certains États, dont la France, ont formulé cette demande sous prétexte d’avoir besoin de plus de temps de réflexion ; d’autres, comme la Hongrie, la Pologne ou la République tchèque ont suivi au nom de la défense de leur industrie. 

Quelle que soit sa raison, cette décision de report divise au sein de l’UE - notamment pour le Danemark, qui occupe la présidence tournante et qui s’est vu obligé de proposer un plan B.

Un plan B qui prend la forme d’une “fourchette d’intention” - qui propose une réductions d’émissions entre 66,3% et 72,5%  d’ici 2035.

Oui, le plan a été éclaté en trois étapes : laisser chaque pays choisir son degré d’investissement dans cette fourchette d’intention ; établir un objectif commun pour 2040 ; et enfin revenir sur 2035 pour s’accorder sur le même pourcentage. 

Mais le risque, souligné par la présidence danoise, c’est d’arriver les “mains vides” à la COP 30, qui prendra place en novembre au Brésil. Mardi encore, la commission parlait d”un “objectif ambitieux” à porter “sur la scène internationale”. 

Or, comme le rappelait l’organisme français du Haut Conseil pour le climat, début septembre, “retarder l’adoption d’objectifs ambitieux reviendrait à fragiliser la sécurité, l’économie et la santé de millions d'Européens, tout en entraînant une “perte de crédibilité internationale de l’UE”.

On continue ce journal à Athènes en Grèce, où le port du Pirée a récemment été le théâtre d’un coup de filet massif avec la saisie de 250 millions d’euros de marchandises illégales, pour la grande majorité en provenance de la Chine.

Oui le parquet européen a annoncé lundi soir avoir saisi 2 435 conteneurs stockés dans le port du Pirée en juin, et renfermant principalement des vélos électriques et des vêtements. Alors pourquoi cette saisie ? Et bien ces marchandises entraient dans l’Union européenne sans payer de droits de douane ou de taxes. Pour l’instant, six individus font l’objet de poursuites, précise le Parquet, dont deux agents grecs des douanes, suspectés d’être impliqués dans ce trafic d’ampleur internationale. A eux deux, ils auraient causé un préjudice au budget de l’UE de plus de 871 000 euros.

Cette saisie marque un record pour la justice européenne.

Oui, et si tous les conteneurs n’ont pas encore été fouillés, faute d’une équipe assez conséquente, presque tous révèlent des pratiques frauduleuses de fausse déclaration ou de sous-évaluation. L’opération de police, surnommée “Calypso”, a révélé l’ampleur du réseau criminel. La fraude durait depuis au moins 8 ans selon l’agence du ministère public de l’UE à Athènes, et aurait généré un manque à gagner en droits de douane d’au moins 350 millions d’euros.

La quantité de ces marchandises saisies en provenance de Chine pourrait être révélatrice de l’ambition commerciale de Pékin en Europe. 

Oui, le port du Pirée n’a cessé de s'agrandir depuis son acquisition par la société chinoise Cosco Shipping en 2016. Un phénomène qui n’a pas échappé aux analystes de la Banque centrale européenne, qui publiaient en juillet une étude sur la croissance des exportations chinoises en direction de l’Europe. Selon les auteurs, la guerre commerciale entre Washington et Pékin, qui fixe pour l’instant des droits de douane à hauteur de 30%, pourrait pousser la Chine à augmenter jusqu’à 10% son trafic de marchandises à destination de l’UE.

Une croissance qui ne serait pas sans conséquences, puisque cet afflux pourrait créer un excédent de produits étrangers, une baisse de leur prix et donc une concurrence trop forte pour les producteurs européens. 

On poursuit ce journal en France, en revenant sur les manifestations qui ont eu lieu hier et qui ont mobilisé plus d’un million de manifestants à travers l’Hexagone selon la CGT, principal syndicat, 500 000 selon les autorités.

Oui, avec des perturbations sur l’ensemble du territoire, notamment dans le secteur des transports, de l’éducation et de l’énergie. Plus de 13% des agents de la fonction publique étaient en grève. Pour rappel, les français sont mobilisés contre les mesures budgétaires de l’ancien et actuel gouvernement, qui évoquent des cours budgétaires importants face à une dette qui se monte à 114% du PIB.

Cette instabilité coûte cher à l'économie française, deuxième plus gros marché d’Europe, qui a passé un cap inédit hier. Pour la première fois, le taux d’intérêt exigé par les marchés pour prêter de l’argent à la France et à l'Italie sont au même niveau. Autrement dit, les investisseurs jugent la dette italienne aussi sûre que la dette française, là où l’économie de Rome a longtemps été considérée comme beaucoup plus risquée.

On termine ce journal au Pérou, où a été publié hier le premier entretien du pape Léon XIV depuis son élection à la tête du Vatican.

“Léon XIV, citoyen du monde, missionnaire du XXIe siècle, c’est le titre de la biographie écrite par Elise Ann Allen, correspondante du média chrétien américain Crux, et qui a donc recueilli les principales visions du pape. Ses visions, mais aussi ce qu’il ne compte pas changer : la doctrine de l'Église concernant la sexualité ou le mariage” par exemple. 

De même pour la question des violences sexuelles, il répond en rappelant que 10% des cas sont de fausses accusations, et qu’il faut “protéger les prêtres”. Pas de changement donc, malgré les nombreuses critiques formulées ces derniers mois par les associations de protection des victimes.

On y retrouve tout de même quelques signaux d’ouvertures, mais pas autant qu’avec son prédécesseur progressiste, le pape François.

Oui, notamment en proposant de “nommer des femmes à des postes de direction à différents niveaux de la vie de l’Eglise”. Ou encore en accueillant la communauté LGBT+ au sein des fidèles, sans pour autant reconnaître le mariage homosexuel. Au final, le nouveau pape n’appelle qu’à peu de changement, au contraire, il explique ne pas vouloir “encourager la polarisation de l’Eglise”, et soutient ne pas vouloir s’impliquer en politique partisane.

Un journal de Baptiste Maisonnave, Ulrich Huygevelde et Paul Thorineau.