Aujourd'hui en Europe est un format quotidien regroupant les actualités européennes du jour, présenté par Raphaël Ligot, Félix Doladille et Laura Léger.
Au programme de cet épisode :
- Nouveau plan allemand sur l'immigration et la naturalisation
- Conséquences de la guerre en Ukraine sur le secteur de l'énergie
- Difficulté du gouvernement belge
Bonjour à tous et à toutes, bonjour Laura, ouvrons ce journal en nous intéressant à la nouvelle loi allemande sur l’immigration et la naturalisation.
Bonjour Félix, oui l’objectif du gouvernement allemand est de transformer le pays en une société d’immigration, mais pas n’importe laquelle. Berlin souhaite attirer davantage de travailleurs qualifiés des pays tiers, pour répondre au chômage structurel présent dans le pays et par conséquent combler le nombre toujours plus croissant de postes vacants en Allemagne.
Pour cela l'Allemagne souhaite introduire un nouveau système de points ?
Oui exactement, le gouvernement s’inspire ici du système d’immigration canadien, connu pour être très sélectif. Ce dispositif autoriserait les personnes ayant, je cite, un "bon potentiel" à immigrer en Allemagne sans offre d'emploi. Le gouvernement d’Olaf Scholz prévoit aussi d’alléger le système d’accès à la citoyenneté, en permettant le cumul de nationalités mais aussi en donnant automatiquement la nationalité allemande aux enfants nés en Allemagne et dont les parents ont vécu dans le pays pendant au moins cinq ans.
Et dans le contexte de la crise migratoire en Méditerranée, ce système suscite de nombreuses critiques, considéré par beaucoup comme profondément injuste et favorisant la fuite des cerveaux.
On a souvent dit que Berlin allégeait les conditions d’accès à son territoire pour les migrants dans l’objectif de ralentir le vieillissement de sa population, à l’instar des mesures prises en 2015 à la suite de la crise syrienne. Néanmoins, beaucoup dénoncent ce système de points comme un nouveau moyen de solutionner le chômage structurel sans pour autant permettre un accès plus égalitaire à la formation et aux hautes études. Selon une récente étude de l’OCDE, “l'Allemagne est un pays où les inégalités sociales se creusent, où l’ascenseur social est bloqué”. Toujours selon ce rapport il faut 6 générations pour qu’une famille à faible revenu progresse jusqu’au revenu moyen.
Continuons ce journal en nous intéressant aux conséquences toujours plus larges de la guerre en Ukraine sur le secteur de l’énergie.
Depuis le début de l'année, on ne cesse de répéter, à raison, la dépendance de l’UE aux hydrocarbures russes. La commission européenne a même mis en place un grand plan structurel pour réformer le secteur de l’énergie en Europe. Néanmoins la dépendance, en particulier en Europe de l’Est, au nucléaire russe a été, pour sa part, très peu évoquée. Un secteur qui n’est sous le coup d’aucune sanction de la part de l’UE. L’industrie de l’atome a même bénéficié d’exemptions, des avions de transport en provenance de Russie ont ainsi pu acheminer des combustibles pour des centrales nucléaires slovaques et hongroises et ont été autorisés à voler en dépit de la fermeture de l'espace aérien européen aux avions russes.
Et le secteur du nucléaire russe est très centralisé depuis le Kremlin.
Oui, le géant russe Rosatom a été créé en 2007 par Poutine lui-même. Cette année-là, le maître du Kremlin a centralisé l’ensemble de l’activité nucléaire russe, militaire et civile, pour la regrouper au sein d’une seule entreprise. Moscou utilise Rosatom comme une véritable arme d’influence. D’après le centre de recherche Carnegie Endowment for International Peace, la compagnie serait directement impliquée dans la stratégie de guerre russe en Ukraine et jouerait notamment un rôle important dans l’occupation de la centrale de Zaporijia.
Et à quel degré l’économie européenne est-elle dépendante du nucléaire russe ?
Premièrement il est nécessaire de prendre la mesure de l’importance de la Russie dans le secteur du nucléaire. D’après un article du Monde, sur les 440 réacteurs en activité dans le monde, 80 sont de conception russe. L’union compte 18 réacteurs de ce type encore en activité, notamment en Bulgarie et en Tchéquie où les réacteurs russes fournissent près de 35% de l’électricité de ces pays. Concernant l’uranium naturel, la Russie est le troisième fournisseur de l’UE et capte 20 % des parts du marché européen dans ce secteur. De plus, Moscou contrôle la quasi-totalité des voies d'approvisionnement et de transit du second fournisseur de l’UE : le Kazakhstan.
Pour terminer ce journal, dirigeons nous vers Bruxelles où le gouvernement du libéral Alexandre de Croo est en difficulté et doit faire face aux critiques de la commission européenne.
La situation du gouvernement fédéral belge devient de plus en plus inconfortable. Le coalition de sept partis est soudée par la seule volonté d'empêcher le retour au pouvoir des nationalistes de la Nouvelle Alliance flamande (N-VA). Le gouvernement a le plus grand mal à mettre en place des réformes structurelles, et seule l'absence d'une réelle alternative à celui-ci empêche sa dissolution. Les prévisions économiques de la commission européenne sont également mauvaises. La Belgique présentera le déficit budgétaire le plus important de la zone euro en 2023 et 2024. De plus, le pays devrait être le seul membre de la zone dont le niveau d'endettement est supérieur à 100 % du PIB et à devoir faire face à une augmentation de sa dette au cours de la même période.
Et une nouvelle controverse vient déstabiliser encore davantage le gouvernement belge.
Oui en effet cela concerne un contrat d'armement négocié par Londres avec l’entreprise belge, EPSI. Ce contrat est désormais bloqué par un différend au sein du gouvernement entre la gauche écologiste et la droite libérale francophone. Le Royaume-Uni souhaite acquérir une presse isostatique, une appareillage de haute technologie qui permet de réduire la porosité des pièces métalliques et de renforcer leur densité. Cette technologie est utile pour le nucléaire, civil ou militaire…
Et le blocage vient du fait qu’il est interdit de livrer du matériel dans le domaine nucléaire pouvant servir à un double usage.
Exactement, une loi de 1981, révisée en 2010, interdit les exportations de matériels à double usage s’ils peuvent aider au développement du nucléaire « non pacifique ». Ce blocage provoque du côté de Londres une colère non dissimulée. À Bruxelles, beaucoup sont dans l’incompréhension. Certains députés pensent qu’affaiblir la dissuasion nucléaire d’un proche allié dans le contexte géopolitique actuel relève de la stupidité”.
Merci Laura et merci à tous pour votre attention !