Aujourd’hui en Europe

Aujourd'hui en Europe - Mardi 28 mars

Aujourd'hui en Europe - Mardi 28 mars

Aujourd'hui en Europe est un format quotidien regroupant les actualités européennes du jour, réalisé par la rédaction euradio à Bruxelles.

Au programme du jour :

- L’Allemagne et le blocage de l’interdiction des moteurs thermiques

- Asile et migration

- Conseil de l’Europe épingle la France pour violence policière

Bonjour à toutes et à tous, bonjour Laura. Débutons ce journal en se tournant du côté des institutions européennes. Lundi, les ambassadeurs des 27 pays de l’UE ont approuvé la fin des moteurs thermiques dans les voitures neuves à partir de 2035. Une approbation durement acquise et qui a nécessité quelques ajustements. 

Bonjour Tania, oui après des mois de négociations, le texte actant la fin des moteurs thermiques d’ici à 2035 a enfin été approuvé par les 27 États membres. Pour rappel, en octobre dernier le Parlement et les États membres s’étaient mis d’accord sur un texte prévoyant d’interdire la vente de voitures et camionnettes thermiques neuves en Europe d’ici à 2035. Le texte avait ensuite été formellement approuvé mi-février par les eurodéputés et devait faire l’objet d’une approbation officielle au début du mois de mars. Le ministre allemand des transports avait néanmoins émis des réserves au texte en annonçant que la Commission devait d’abord trouver des alternatives concrètes pour remplacer les moteurs thermiques avant de voter cette mesure, et ainsi exempter du texte les voitures roulant avec des carburants de synthèse. 

Sans l'Allemagne, la majorité qualifiée des Vingt-Sept qui était requise n’a pas pu être atteinte, ce qui a permis à Berlin de peser dans les négociations et de demander des ajustements auprès de l’UE sur la place des carburants de synthèse.

Exactement. L’Europe qui a fait le choix du tout électrique après 2035 s’est retrouvée coincée face à l’opposition allemande qui questionnait au début du mois la place d’alternatives de synthèse, adaptables aux véhicules plus anciens. Pour l’instant, les carburants de synthèse représentent une énergie dite “plus verte” car ils sont fabriqués à partir d’électricité et neutres en carbone s’ils utilisent du CO2 issus des activités industrielles. Ils pourraient ainsi être utilisés dans les véhicules à moteur à combustion vendus après 2035. Le texte, finalement approuvé après la levée du veto de l’Allemagne, sera « mis à l’ordre du jour » d’une réunion des ministres de l'Énergie pour adoption formelle. 

Une “victoire allemande” que certaines ONG environnementales et eurodéputés dénoncent fermement 

Absolument, déjà car ces alternatives sont encore en phase de développement et ne seront pas utilisées avant plusieurs années mais surtout parce que ces technologies sont jugées coûteuses, énergivores et très polluantes. Plusieurs eurodéputés, à l’instar de Karima Delli, appellent le Parlement européen à empêcher le feu vert aux carburants de synthèse car ces ajustements obtenus par l’Allemagne ne reflètent pas le texte approuvé initialement par le Parlement. 

Autre sujet d’actualité, celui du pacte sur l’Asile et la migration. Vendredi dernier, une énième embarcation a disparu en mer avec à son bord 34 personnes. 

Oui, les 27 étant incapables depuis des années de s’entendre sur une réelle politique commune en la matière, la gestion des flux migratoires de l’Europe semble de plus en plus complexe, tant les drames continuent de s’enchaîner en Méditerranée centrale ces dernières semaines. Vendredi, une nouvelle embarcation a disparu en mer au large des côtes tunisiennes, 34 personnes sont encore portées disparues. D’après un responsable local "Ce bateau est le cinquième à couler dans la région en deux jours". 

Alors que les drames s’enchaînent au large des côtes européennes, une réponse de l’union tarde à se faire entendre et les États continuent principalement à oeuvrer à l’échelle nationale.

Absolument, et le plus souvent en durcissant le ton, comme la Suède à l’origine d’une nouvelle campagne internationale de sensibilisation contre l’immigration. Une campagne d’information qui vise à réduire l’immigration en Suède en décourageant les migrants à s’y rendre. Certains pays vont même jusqu’à légiférer sur cette question épineuse comme l’Italie par exemple qui passait il y a quelques semaines une loi visant à restreindre les sauvetages d’embarcations de migrants en mer. L’Allemagne fait presque figure d’exception car c’est l’un des seuls pays qui semble assouplir ses conditions d’accueil : Berlin annonçait en novembre dernier une nouvelle loi visant à attirer davantage de travailleurs qualifiés des pays tiers, pour répondre au chômage structurel que connaît le pays. 

Aujourd’hui une question commence à émerger dans les rangs des 27, faut-il ériger des murs aux frontières de l’Europe ? 

Et bien Tania en réalité c’est déjà le cas, ces murs existent bel et bien. En huit ans, les États membres ont construit plus de 1 700 kilomètres de murs aux frontières de l’UE, comme en Pologne par exemple. Aujourd’hui la question qui fait débat au sein de l’UE est plutôt de savoir qui est prêt à payer pour ces installations. La Commission européenne ou encore l’Allemagne refusent à ce que l’UE érige ces murs, alors que l’Italie, la Hongrie ou encore la Grèce poussent pour une fermeture plus stricte de l’Europe à la migration. Encore une fois, en l’absence de prise de décision des 27, les États sont pour l’instant voués à eux même. 

Terminons désormais ce journal du côté de la France. Vendredi 24 mars, la commissaire aux droits de l’homme du Conseil de l’Europe, Dunja Mijatovic, a fait part de son inquiétude quant à l’usage excessif de la violence envers les manifestants contre la réforme des retraites.  

D’après la commissaire aux droits de l’homme, je cite, “Les actes de violences sporadiques de certains manifestants ne peuvent justifier la réponse des agents de l’État”. Elle appelle le gouvernement français à faire “respecter le droit de manifester” et assure que “« Le défaut de déclaration d’une manifestation n’est pas suffisant en soi pour justifier une atteinte au droit à la liberté de réunion pacifique des manifestants” rappelant à l’ordre Gérald Darmanin qui déclarait la semaine dernière dans une interview que participer à une "manifestation non déclarée" constituait un "délit" qui "mérite" une "interpellation".

Des violences que plusieurs organisations, comme Amnesty International, dénoncent depuis plusieurs semaines déjà.   

Oui absolument, Amnesty International dénonçait dans un rapport paru jeudi dernier le recours excessif à la force et aux arrestations abusives en France, une “utilisation abusive des matraques”, des “lacrymogènes” et des grenades de désencerclement sur des manifestants pacifiques. De son côté, L'ONG Reporters sans frontières (RSF) a appelé Gérald Darmanin, à "mettre fin aux violences policières contre les journalistes".

Merci Laura et merci à tous pour votre attention.