Aujourd'hui en Europe est un format quotidien regroupant les actualités européennes du jour, réalisé par la rédaction euradio à Bruxelles.
Au programme du jour :
- La visite d’Emmanuel Macron à Tel Aviv
- La baisse des effectifs au sein de la représentation britannique auprès de l’Union européenne.
- Le nouveau cadre juridique adopté par l’UE pour sanctionner le Niger
Bonjour Joris, ouvrons ce journal en revenant sur la visite du président français Emmanuel Macron à Tel Aviv le mardi 24 octobre.
Emmanuel Macron a finalement entrepris une visite en Israël, plus de deux semaines après les attaques du Hamas sur l'État hébreu. Contrairement à ses homologues occidentaux, Emmanuel Macron a pris du temps avant d’effectuer cette visite, indiquant qu'il souhaitait que son déplacement ait un objectif "utile". Pour justifier cette visite tardive, le Président français a notamment mis en avant les différences de sensibilité en France. La France, qui abrite la plus grande communauté juive d'Europe, choquée par les attaques du Hamas, tout en accueillant un courant propalestinien qui s'est mobilisé face à la situation à Gaza.
Emmanuel Macron a commencé sa visite en rencontrant des familles de Français ou Franco-israéliens tués, disparus ou retenus otages dans la bande de Gaza.
Cette visite est scrutée de près par la communauté internationale.
En effet, cette visite du président français, qui survient alors qu'Israël intensifie ses frappes sur la bande de Gaza, suscite certaines attentes et est scrutée de près, la France portant historiquement une position plus balancée que ses partenaires occidentaux sur le conflit Israelo-palestinien. Pour autant, à l’instar de Joe Biden, Olaf Scholz qui l’avaient précédé à Tel-Aviv, Emmanuel Macron a réaffirmé que cette visite avait comme principal objectif de témoigner de la « solidarité » de la France avec Israël. En ce sens, le politiste libanais Karim Emile Bitar, chercheur associé à l’Institut de relations internationales et stratégiques a estimé que si “on avait pris l’habitude que la France fasse entendre au Proche-Orient un son de cloche un peu différent de celui du camp occidental (...) Le soutien sans condition à Israël et l’interdiction initiale des manifestations pro palestiniennes ont contribué à faire perdre à la France une grande partie de son soft power dans la région. »
Emmanuel Macron qui a cependant rendu également visite au leader palestinien Mahmoud Abbas à Ramallah
Oui le président français s’est également entretenu avec Mahmoud Abbas, le leader palestinien dont l’autorité est cependant très chancelante et ne s’exerce plus du tout sur Gaza depuis 2007. Le vieux leader palestinien a appelé le président français à la mise en place « d’une coalition internationale pour la paix » et à la tenue d’une « conférence de paix internationale ». Une demande qui semblait répondre à la proposition d’Emmanuel Macron de lancer une coalition internationale contre le Hamas.
S’il a appelé à une protection humanitaire, le président français n’est pas allé jusqu’à évoquer publiquement une trêve humanitaire, contrairement aux ministres des affaires étrangères de l’Union européenne.
Oui, les ministres des Affaires étrangères de l’Union européenne se sont prononcés le lundi 23 octobre en faveur d’une « trêve humanitaire » dans la guerre entre Israël et le Hamas. Cette proposition qui vise à permettre l’acheminement rapide de l’aide humanitaire jusqu'à Gaza, divise pourtant encore l'Union européenne. Ainsi, si des pays comme la France, l'Espagne, les Pays-Bas, l'Irlande, la Slovénie et le Luxembourg ont déjà exprimé leur soutien, d'autres, comme l'Allemagne et la Tchéquie, se montrent plus réticents en raison des actions hostiles que continue de perpétrer le Hamas contre Israël.
Continuons ce journal en évoquant l'inquiétude que suscite au Royaume-Uni la baisse des effectifs au sein de la représentation britannique auprès de l’Union européenne.
En effet, depuis le Brexit, en 2021, les effectifs de la représentation du Royaume-Uni auprès de l'Union européenne ont été réduits de plus d'un quart, passant de 180 à 130 fonctionnaires, avec un taux élevé de rotation du personnel depuis 2016. Dans un rapport publié le mardi 24 octobre, les députés britanniques de la commission de contrôle européen de la Chambre des communes tirent la sonnette d'alarme quant aux conséquences potentielles de ces suppressions de postes sur l'influence britannique au sein de l'Union européenne.
Même si la commission qui a rédigé ce rapport est majoritairement composée par des députés conservateurs largement eurosceptiques, leur inquiétude est palpable.
Oui, les députés britanniques ont averti que la réduction de la taille de la mission britannique pourrait nuire à la défense des intérêts géopolitiques du Royaume-Uni. D'ailleurs, Bill Cash, président de la commission et fervent partisan du Brexit, a souligné qu’"avoir des diplomates très au fait des rouages de l'UE est tout aussi important pour l'ensemble de la famille britannique aujourd'hui que lorsqu’[ils] en étaient membres." Il a également ajouté qu'il était essentiel de maintenir le niveau d'effectifs actuel en place. Cette situation est préoccupante au Royaume-Uni, où selon un sondage YouGov paru en novembre 2023, “deux Britanniques sur trois estiment que le Brexit a été mal fait, et une majorité d’entre eux dit qu’elle voterait contre le Brexit si on lui demandait à nouveau son avis”.
Terminons ce tour de l’actualité en évoquant un autre point chaud de l’actualité mondiale, le Sahel et spécifiquement le Niger où, l’on s’en souvient, une junte militaire a déposé le président démocratiquement élu en juillet dernier. L’UE travaille à sanctionner les militaires au pouvoir.
En effet, lors d'une réunion des ministres des Affaires étrangères de l'UE au Luxembourg le lundi 23 octobre, les vingt-sept ont adopté un cadre juridique lui permettant de prendre des sanctions à l’encontre du régime militaire arrivé au pouvoir au Niger par un coup d'Etat fin juillet. L’UE, qui avait déjà suspendu son aide budgétaire au pays sahélien et cessé toute coopération sécuritaire, a condamné fermement ce coup d’Etat qui a écarté le président Mohamed Bazoum. Selon le Conseil européen, ce cadre permet de "pénaliser les individus et les entités responsables d'actes qui représentent une menace pour la paix, la stabilité et la sécurité au Niger". Il cible également ceux "dont les actions portent atteinte à l'ordre constitutionnel, à la démocratie, à l'État de droit, ou qui commettent de graves violations ou abus des droits de l'homme."
Et quelles nouvelles sanctions sont prévues ?
Ces sanctions consistent généralement en un gel des avoirs, en une interdiction d'accès à des financements européens, et en une interdiction d'entrée sur le territoire européen. Une exemption pour l'aide humanitaire et les activités répondant aux besoins humains fondamentaux est toutefois prévue, ainsi que l’a précisé Josep Borrell, chef de la diplomatie européenne.
Un journal de Ariane Dana et Joris Schamberger.