"Aujourd'hui en Europe" est un journal quotidien relatant les actualités européennes du jour, réalisé par la rédaction d'euradio à Bruxelles. Avec Paloma Biessy, Alizée Lambin, Thomas Kox, Paul Thorineau et Ulrich Huygevelde.
Au programme :
- Le bloc des 27 valide l'utilisation des avoirs russes gelés pour financer la défense en Ukraine.
- La décision de plusieurs pays européens de reconnaître l’existence d’un État palestinien.
- La potentielle suspension de la tête de liste du parti d’extrême droite Alternativ für Deutschland aux élections européennes du 9 juin.
Bonjour Alizée, ouvrons ce journal en évoquant l’accord qu’ont approuvé les États membres de l’UE sur l’utilisation des avoirs russes gelés en Europe. Objectif : réquisitionner les revenus générés par ces actifs dormants de Moscou en Europe pour financer la défense ukrainienne.
Selon la Commission européenne, cette décision devrait permettre de dégager près de 3 milliards d’euros par an. 90% de cette somme sera utilisé directement pour l’acquisition d’équipement militaire, tandis que le reste sera injecté dans le budget de l’UE pour la défense de l’Ukraine. Pour rappel, près des deux tiers des avoirs russes à l’étranger sont placés en Europe, dont la plupart en Belgique. Une somme qui avoisine les 210 milliards d’euros.
Cette mesure de l’Union européenne était particulièrement attendue depuis plusieurs mois.
Et notamment très attendue par les États-Unis. Washington, qui a récemment débloqué un fonds de 60 milliards de dollars pour l’Ukraine, pressait l’Europe de se servir de cet argent dormant. D’ailleurs, le 23 mai, lors d’une réunion du FMI, la maison blanche devrait mettre en avant un plan visant à accorder une aide de 50 milliards de dollars à Kiev, avec pour base toujours les bénéfices générés par ces avoirs russes à l’étranger.
L’Ukraine, qui devrait commencer à recevoir cette aide de près de 3 milliards d’euros en juillet, considère qu’elle ne représente, je cite “presque rien”.
Selon le Ministre de la Justice Denys Maliouska, les besoins du pays s’élèvent à plusieurs centaines de milliards d’euros. Sur le front, la situation se détériore depuis plusieurs semaines près dans la région de Kharkiv, au nord-est du pays. Dans ce contexte difficile l’Ukraine appelle à l’utilisation de la totalité des avoirs russes à l’étranger et pas seulement les intérêts qu’ils génèrent, une mesure que se refusent pour l’instant à prendre les Occidentaux, de peur qu’une telle décision n'entraîne des conséquences en cascade pour la stabilité de la finance mondiale.
Poursuivons ce journal en évoquant la décision de plusieurs pays européens de reconnaître l’existence d’un État palestinien.
La chaîne de télévision irlandaise RTE avait déjà vendu la mèche la semaine dernière. Dublin reconnaîtra officiellement l’existence d’un État palestinien le 28 mai. Elle est accompagnée dans cette décision par la Norvège, et l’Espagne, qui sont d’ailleurs à l’initiative de ce mouvement. A noter que la Slovénie devrait rejoindre également ce groupe, puisque la procédure de reconnaissance de la Palestine y a été officiellement amorcée le 9 mai.
La réaction d’Israël ne s’est pas fait attendre : l’État hébreu a rappelé ses ambassadeurs en Irlande et en Norvège.
Ce n’est pas la première fois que Tel Aviv exprime son courroux de cette façon. L’ambassadrice en Espagne avait déjà été rappelée pour un peu plus d’un mois cet hiver pour procéder à des “consultations”. Le même motif utilisé pour le rappel des ambassadeurs à Dublin et Oslo. Le ministre des affaires étrangères israélien, Israël Katz a d’ailleurs déclaré sur le réseau social X que cette décision aurait, je cite, “de graves conséquences”.
Ces pays, qui prônent une solution à deux États pour résoudre le conflit à Gaza, restent cependant isolés sur la question en Europe occidentale.
Le Premier ministre espagnol a essayé à plusieurs reprises de rallier d’autres États à sa cause sans succès. Le Portugal et la Belgique avaient par exemple refusé de suivre l’appel de Madrid sur le sujet. En revanche, selon l’analyste Hugh Lovatt, cet appel pourrait à court terme pousser d’autres pays européens à prendre position. Notamment la France, dont le ministre des Affaires étrangères déclarait attendre “le bon moment” pour acter cette décision.
Concluons ce journal en Allemagne, où le parti d’extrême droite Alternativ für Deutschland enchaîne les scandales ces derniers mois. Le dernier en date pourrait même conduire à la suspension de sa tête de liste aux élections européennes du 9 juin.
Maximilian Krah, tête de liste habituée aux polémiques, a été prié le 22 mai par son parti de ne plus participer à un seul meeting jusqu’au scrutin. En cause : une déclaration récente dans laquelle il estimait que, je cite, “tous les SS ne devraient pas être automatiquement considérés comme criminels”.
L’AfD a également fait la une en début d’année, après que certains de ses membres aient participé à une réunion secrète avec des partis néonazis.
Depuis cet événement, le parti, qui avait auparavant le vent en poupe, connaît une baisse significative dans les sondages. Selon Europe Elects, ses intentions de vote sont passées de 23% en janvier à 18% aujourd’hui. L’interdiction du parti avait même été envisagée par les autorités allemandes.
À l’échelle européenne, le parti s’est également mis à dos plusieurs alliés de poids.
Notamment le Rassemblement National et la Lega italienne, deux des principales formations du groupe d’extrême droite Identité et Démocratie au Parlement européen. Le président du groupe et tête de liste du RN aux élections européennes, Jordan Bardella a par ailleurs estimé que le parti avait franchi la ligne rouge. Sa formation a donc acté la fin de son alliance avec l’AfD. Une décision qui, d’après plusieurs observateurs, se préparait déjà en coulisses depuis plusieurs mois.
Un journal de Paul Thorineau et Alizée Lambin