Aujourd'hui en Europe est un format quotidien regroupant les actualités européennes du jour, présenté par Raphaël Ligot, Félix Doladille et Laura Léger.
Au programme de cet épisode :
- L'Union européenne gèle 6,5 milliards d'euros à la Hongrie
- Plan irlandais de lutte contre la précarité énergétique cet hiver
- Dispositif européen de taxe carbone
Bonjour à toutes et à tous, bonjour Laura, ouvrons ce journal, en évoquant le compromis trouvé entre Budapest et l'exécutif européen qui bloquait, depuis des mois, le versement de fonds à la Hongrie. Des fonds bloqués du fait des entorses à l’état de droit que Bruxelles reproche au gouvernement de Viktor Orban.
Bonjour à tous, bonjour Félix, oui déjà en avril dernier la Commission européenne avait activé le mécanisme de “conditionnalité”, qui permet de geler ou supprimer des fonds européens si certaines conditions en matière d’état de droit ne sont pas respectées. L’exécutif européen envisageait de priver Budapest de 7,5 milliards de fonds européens. Ce lundi les états membres ont ramené la somme bloquée à 6,3 milliards d’euros. Ces fonds sont gelés, pas supprimés. Ils se débloqueront quand la Hongrie aura fait des efforts tangibles et vérifiés, notamment sur la corruption, la transparence des marchés publics et de la justice.
Cet allégement fait suite à quelques efforts effectués par Budapest en direction de Bruxelles sur deux dossiers symptomatiques des tensions entre l’UE et le Premier ministre hongrois.
En effet, le premier ministre hongrois à levé son véto sur deux importants dossiers. En premier lieu l’attribution d’un soutien de 18 milliards d'euros à l'Ukraine qui sera prélevé sur le budget européen l'an prochain pour être versé à Kiev. Viktor Orban a aussi accepté de lever son véto sur la question du plancher d'impôt de 15% pour les multinationales. Un dossier cependant toujours bloqué par un véto de Varsovie… Grâce à ces décisions Budapest se laisse du temps pour améliorer l’état de droit et ainsi ne pas voir l’argent européen auquel elle prétend, disparaître.
Ce recul de Budapest sur ces dossiers était devenu inévitable en raison de la situation économique compliquée du pays.
Tout à fait, dans cet état d'Europe centrale le contexte est particulièrement critique, les prix de l’énergie explosent, et l’inflation flirte avec les 25%. Face à cette situation Budapest a désespérément besoin de l’argent européen. Même si dans les faits, la Hongrie touche encore des fonds de cohésion qui sont inscrits dans le budget européen 2014-2020. Les 6,3 milliards dont elle se voit en théorie privées relèvent, eux, du budget 2021-2027 et représentent la moitié des fonds de cohésion qui lui sont réservés sur cette période.
Continuons ce journal en nous tournant du côté de Dublin, où le gouvernement irlandais vient d'approuver son plan de lutte contre la précarité énergétique pour cet hiver et jusqu’en 2023.
En effet, le gouvernement de centre-gauche de Micheal Martin a mis sur pied un plan en deux parties. D’abord à court terme, avec un fond de 10 millions d’euros pour fournir davantage de soutien aux personnes qui risquent d’avoir des dettes liées à leurs factures énergétiques. Le gouvernement a annoncé souhaiter travailler en coordination avec les fournisseurs, les organismes publics et les ONG pour aider les citoyens en difficulté et leur permettre de passer un hiver plus serein. La seconde partie du plan devrait consister en le versement de 248 millions d’euros supplémentaires pour le projet Warmer Homes visant à moderniser les logements des personnes à faibles revenus. Ce projet s’étend jusqu’en 2027.
Ce n’est pas seulement l’Irlande mais l’ensemble de l’Europe qui craint l’hiver.
Oui dans le contexte actuel, marqué par la guerre en Ukraine et la crise énergétique due à l’arrêt quasi total des relations avec Moscou, les pays de l’UE doivent définir leurs approches pour faire face à une hausse de la demande en énergie alors que les prix augmentent et que l’offre se fait rare. La présidente de la Commission européenne prévoit une pénurie de gaz qui pourrait atteindre 30 milliards de mètres cubes en 2023. Malgré le plan colossal “RepowerEU” doté de 300 milliards d’euros destiné à assurer l'indépendance énergétique de l'UE via une réforme du secteur de l’énergie, les états membres vont devoir trouver, en attendant la mise en place des différentes déclinaisons de ce programme, des solutions d’urgence.
L'agence internationale de l'énergie (AIE) vient d’ailleurs de publier un rapport proposant des recommandations pour faire face aux pénuries d’énergie.
Oui, ce rapport liste une série de propositions réalisables en une durée record d'un an. Le rapport préconise d'augmenter les mesures sociales de soutien pour la rénovation des habitats et l'adoption d'appareils et de systèmes d’éclairage efficaces. En ce qui concerne les énergies renouvelables, le rapport suggère d’écourter les procédures d'octroi de permis. L’agence encourage le passage à l’électricité dans l’industrie. Plus généralement, le rapport espère changer les habitudes des consommateurs. Selon Fatih Birol, le chef de l'Agence internationale de l'énergie, ces mesures représentent un coût de 100 milliards d’euros, qui seront néanmoins rapidement amorties grâce aux économies engendrées.
Terminons ce journal en nous intéressant au nouveau dispositif européen de taxe carbone aux frontières.
En effet, le Parlement européen et le conseil de l’UE ont annoncé, s’être entendus pour adopter un mécanisme inédit visant à verdir les importations industrielles vers l’UE en faisant payer les émissions carbones liées à leur production. Le dispositif entrera pleinement en vigueur en 2027, avec une période de test en octobre 2023.
Néanmoins ce dispositif n’est pas une taxe à proprement dit.
Effectivement, le mécanisme vise les secteurs considérés comme les plus polluants, on pense à l’acier, l’aluminium, le ciment ou encore l’électricité. Cela consistera à appliquer aux importations des 27 les critères du marché du carbone européen, où les industriels de l’UE sont tenus d’acheter des quotas carbones/droit à polluer. Avec l’envolée du prix de la tonne de CO2, l’idée est d’éviter un dumping écologique qui verrait les industriels délocaliser leur production hors d’Europe, tout en encourageant le reste du monde à adopter les standards européens, puisque si les entreprises souhaitent rentrer en Europe sans payer de taxe, il leur suffit d’améliorer leurs processus de production.
Et qu’en est-il des quotas gratuits pour les entreprises européennes?
Les institutions européennes déclarent qu’à mesure que l'ajustement aux frontières montera en puissance, l’UE supprimera progressivement les quotas d’émission gratuits. Les eurodéputés réclament une suppression progressive des quotas gratuits à partir de 2027, avant leur disparition complète en 2032. Un délai considéré comme bien trop tardif par les eurodéputés écologistes. Damien Carème, eurodéputé Les verts, soulevait il y a quelques mois pour Euradio, l’incohérence de ces quotas gratuits. Ces fameux droits à polluer, dont disposent les industriels européens, n'ont pas servi à décarboner la production mais ils ont été vendus à des entreprises extra-européennes, pour un bénéfice de 25 milliards d’euros.
Merci Laura et merci à tous pour votre attention !