Aujourd'hui en Europe est un format quotidien regroupant les actualités européennes du jour, réalisé par la rédaction euradio à Bruxelles.
Programme du jour :
- Élections législatives en Pologne
- Polémique après le voyage d'Ursula Von der Leyen en Israël
- déplacement d’Ilham Aliev, président de l'Azerbaïdjan à Stepanakert, l’ancienne capitale du Haut Karabakh.
Ouvrons ce journal en évoquant les élections législatives qui se sont tenues ce week-end en Pologne et qui devraient signer la fin d’un long règne du très conservateur parti Droit et Justice.
Oui, pour la première fois depuis 2011, le parti de Donald Tusk, le parti Plateforme Civique (PO) l’emporte sur la formation de Jaroslaw Kaczynski. Ces élections étaient particulièrement attendues et ont beaucoup mobilisé les Polonais avec pas loin de 73% de participation. C’est le plus haut taux de participation à cette élection depuis la fin de la période communiste.
Les Polonais ont tenu à exprimer leur ras-le-bol envers le premier ministre Mateusz Morawiecki et son gouvernement. Même si PiS reste le parti ayant rassemblé le plus de voix avec 36% des suffrages selon les sondages à la sortie des urnes, Donald Tusk a le champ libre pour créer une coalition majoritaire, notamment avec le parti La Gauche qui a récolté 8,6% des voix. La coalition au pouvoir devrait donc disposer de 248 sièges, sur les 460 que compte la Diète, le parlement polonais.
Et cette élection est également un échec pour le parti d'extrême droite Konfederacja qui n’obtient que de 6% des voix. Qu’est ce qui explique cette déroute de la droite et de l’extrême-droite ?
Durant son règne, le parti PiS n’a cessé de mettre à mal la notion d’Etat de droit en Pologne. Le PiS détient 70% de la presse régionale du pays.
Le Pis s’était également attaqué à l’indépendance de certaines institutions emblématiques. Le tribunal correctionnel et la cour suprême avaient été l’objet d'une âpre bataille ces dernières années, le Pis parvenant à les faire passer sous l’autorité d’un ministre procureur général.
La question de l’indépendance des juges avait d’ailleurs été la source d’une très forte tension avec l’Union européenne.
Oui, depuis plusieurs années les tensions étaient fortes et récurrentes avec Bruxelles, certains craignant même un possible “Polexit”.
La question des droits des LGBT avait également été une source de frictions. Pour rappel, sous le mandat du premier ministre Morawiecki, des zones dites “libres de l’idéologie LGBT” ont été mises en place un peu partout dans le pays. L’Union européenne, et la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen étaient alors montés au créneau contre le pouvoir polonais.
La question migratoire était aussi régulièrement sujet à tensions, la Pologne s’étant montrée très ferme dans son refus d’accueillir des réfugiés, syriens notamment même si la situation avait changé, la Pologne accueillant 1,5 millions d’Ukrainiens depuis la guerre.
Attention cependant : Donald Tusk n’est pas encore premier ministre.
Non, d’après plusieurs analystes, le président Andrezj Duda devrait d’abord donner une chance au PiS de tenter de composer un gouvernement. Une mission quasi impossible. Jaroslaw Kaczynski, président du parti a déclaré suite à l’annonce des résultats qu’il ne savait pas s’il existait un chemin menant le PiS. Néanmoins cela devrait repousser la mise en place d’un gouvernement de plusieurs semaines, potentiellement jusqu’à la fin du mois de novembre.
Évoquons maintenant la polémique déclenchée par le voyage de la présidente de la commission européenne en Israël vendredi.
Oui, la présidente de la Commission Ursula von der Leyen s’est jointe vendredi à un voyage que devait effectuer la présidente du Parlement européen Roberta Metsola en Israël, à l’invitation de la Knesset, le Parlement israélien..
Ce voyage a pris par surprise ses collègues commissaires qui apparemment n’avaient pas été prévenus de cette initiative.
Et beaucoup ont reproché à la présidente de la Commission le ton qu’elle a adopté pendant ce voyage.
Oui, la présidente de la commission a rappelé qu’Israël avait «le droit» et «même le devoir de défendre et de protéger sa population». Elle a aussi ajouté : «Je sais que la manière dont Israël réagira montrera qu'elle est une démocratie».
Contrairement à sa collègue du parlement européen ou au chef de la diplomatie américaine Ursula von der Leyen n’a pas appelé les responsables israéliens à la mesure dans sa réponses aux attaques du 7 octobre, alors que les bombes pleuvent sur Gaza, ce qui a déclenché une certaine bronca dans certaines capitales des 27 où l’on appelle Israël à ne pas se laisser aller à une vengeance sanglante qui pourrait avoir des conséquences funestes.
Beaucoup reprochent aussi à la présidente de la Commission d’outrepasser ses fonctions.
Oui la politique étrangère européenne est théoriquement le domaine réservé de Charles Michel, le président du Conseil européen et de Josep Borrell, le haut-représentant à la politique étrangère et de sécurité commune. Mais les relations entre Charles Michel et Ursula von der Leyen sont notoirement exécrables.
Charles Michel a d’ailleurs convoqué une réunion des 27 en visio ce mardi pour définir une position des Etats dans ce qui apparaît comme un recadrage de la présidente de la Commission.
La présidente de la Commission a semblé rétropédaler en décidant d’une augmentation de l’aide de l’UE à Gaza.
Oui, face aux critiques Ursula von der Leyen a annoncé samedi le triplement de l’aide humanitaire de l’UE «pour venir en aide aux civils les plus vulnérables de Gaza et de la région dans son ensemble». Cette aide humanitaire passe de 25 à 75 millions d’euros.
La question de savoir de quelle façon cette aide pourra parvenir à la région sous les bombes et sous blocus reste cependant entière.
Et terminons ce journal en revenant sur une image forte du week-end, le déplacement d’Ilham Aliev à Stepanakert, l’ancienne capitale du Haut Karabakh.
Oui, au cours d’une cérémonie réaffirmant le contrôle de Bakou sur la région, le président azerbaïdjanais a hissé le drapeau de son pays dans la capitale de la région rebaptisée Khankendi
C’est dans une ville quasiment intégralement vidée de sa population qu’Ilham Aliev a présidé cette cérémonie, la quasi-totalité des presque cent milles habitants ayant fui la région en direction de l’Arménie voisine.
C’est donc la fin du Karabakh arménien.
Oui l’offensive éclaire des forces azerbaïdjanaises le 19 septembre dernier a signé la défaite des forces du Karabakh qui n’ont pas pu faire le poids face à une armée azerbaïdjanaise suréquipée.
Les responsables arméniens qui exerçaient le contrôle de la région depuis 30 ans n’ont eu d’autre choix que d’annoncer la dissolution des institutions de leur propre république tandis que la population fuyait en masse.
Un journal de Joris Schamberger et Ariane Dana.