Aujourd'hui en Europe est un format quotidien regroupant les actualités européennes du jour, réalisé par la rédaction euradio à Bruxelles.
Au programme du jour :
- La Suisse détruit des batteries antiaériennes qui auraient pu servir à l’Ukraine. Malgré sa neutralité, la Confédération aurait pu transférer d’anciens missiles sol-air Rapier à son fabricant d’origine, le Royaume-Uni, mais elle a choisi de les mettre au rebut. Au grand dam de ses alliés européens.
- Guerre en Ukraine : Les importations d’armes ont doublé en Europe en 2022.
- Tragédie ferroviaire en Grèce : la responsabilité partagée de Bruxelles et Athènes.
Bonjour à toutes et à tous. Débutons ce journal en évoquant les importations d’armes en Europe. Ces importations ont presque doublé en 2022, avec les livraisons massives à l’Ukraine.
Exactement l’Ukraine est devenue la troisième destination mondiale des importations d’armes, derrière le Qatar et l’Inde, selon les chercheurs de l’Institut de recherche sur la paix de Stockholm (SIPRI). Avec un bond de 93 % par rapport à 2021, les importations ont également augmenté en raison de l'accélération des dépenses militaires des États européens, notamment de la Pologne et de la Norvège.
Le taux d'importation devrait encore s'accélérer.
Oui selon le chercheur principal à l’'Institut international de Stockholm pour la paix (Sipri), Pieter Wezeman : "l'invasion a réellement provoqué une hausse significative de la demande d'armes en Europe, ce qui aura d'autres effets et conduira très probablement à une augmentation des importations d'armes par les États européens". À elle seule, l'Ukraine a représenté 31 % des transferts d'armes vers l'Europe et 8 % de l'ensemble des livraisons mondiales. Les importations de l'Ukraine, y compris les dons, ont été multipliées par plus de 60 en 2022. Les États européens ont "déjà commandé ou prévoient de commander" des armes allant "des sous-marins aux avions de combat, des drones aux missiles antichars, des fusils aux radars", a déclaré Pieter Wezeman.
Les livraisons à l'Ukraine étaient principalement constituées d'armes prélevées sur les stocks.
Absolument, parmi elles, quelque 230 pièces d'artillerie provenant des États-Unis, 280 véhicules blindés polonais et plus de 7 000 missiles antichars britanniques, ainsi que d'autres pièces nouvellement produites telles que des systèmes antiaériens. Bien qu'il soit difficile de le chiffrer en raison de l'opacité de nombreux contrats, le commerce mondial des armes représente plus de 100 milliards de dollars américains par an, et le Sipri a déclaré qu'en 2022, les dépenses militaires totales avaient dépassé les 2 000 milliards de dollars américains pour la première fois.
Continuons ce journal en évoquant la décision de la Suisse de détruire des missiles antiaériens opérationnels qui auraient pu être particulièrement utiles à l’Ukraine.
Absolument, la Suisse se débarrasse d'armes antiaériennes. Actuellement, ce sont près de 60 systèmes de défense, la première tranche du système de missiles antiaériens Rapier qui a été démantelée. Selon la porte-parole d’Armasuisse, l'Office fédéral d'acquisition de matériel de défense “il est prévu que tous les systèmes soient démontés et éliminés". L'armée suisse avait acheté ces missiles sol-air Rapier dans les années 1980 qui comprennent une rampe de lancement et un système de radar.
En 2007, le gouvernement fédéral a de nouveau investi massivement dans la modernisation, lorsque l'armée a acheté 2 000 missiles guidés modernes. Aujourd'hui, ces missiles sont également mis au rebut, car la Suisse mettra le Rapier hors service à partir de la fin de 2023.
Ces missiles sont vieux, mais pas encore obsolètes.
En effet, les Britanniques avaient utilisés ces systèmes pour protéger les infrastructures accueillant les compétitions des jeux olympiques de Londres en 2012. Selon les experts militaires, ces missiles peuvent être très bien utilisés contre des cibles volant à basse altitude, comme les drones et auraient également pu être utilisés pour combattre des avions de chasse ou des hélicoptères et ainsi protéger les infrastructures civiles. La mise au rebut du Rapier provoque donc une levée de boucliers parmi certains députés suisses. Le conseiller national, François Pointet, déclare "qu’il est absurde que nous mettions au rebut des armes de défense qui fonctionnent encore en Suisse".
Le Rapier étant un système de fabrication britannique, les règles suisses applicables aux missiles sont différentes de celles qui s’appliquent aux armes suisses.
Selon une décision du Conseil fédéral de 2006, les systèmes étrangers mis hors service doivent être revendus en priorité au pays d'origine, “sans conditions”. La Suisse ne peut donc exiger l’interdiction de la réexportation comme elle le fait depuis le début de la guerre en Ukraine. Toutefois, comme on l'a vu, Berne n'a pas reçu de demande correspondante de la part de Londres. Le gouvernement fédéral a décidé de se débarrasser des Rapiers en 2019 et n'a jamais demandé si l'Angleterre s'y intéressait - même après le début de la guerre, confirme Armasuisse.
En dehors de ses frontières, on accuse la Suisse d’être insensible, voire de profiter de la guerre en sanctionnant avec indolence les oligarques russes.
Effectivement, les sanctions contre les oligarques russes en Suisse se sont traduites par la confiscation de 7,5 milliards de francs suisses sur les 200 milliards déposés par les milliardaires. En ce qui concerne la livraisons d’armes, les autres partenaires européens attendent de la Suisse une certaine flexibilité en adaptant sa neutralité aux temps nouveaux.
Terminons ce tour de l’actualité en évoquant la récente tragédie ferroviaire qui a touché la Grèce. Ce dimanche 12 mars, des milliers de personnes ont manifesté dans toute le pays, 12 jours après l’accident de train qui a fait 57 morts.
Absolument, ces manifestants réclament une enquête approfondie afin de traduire les coupables en justice, mais également de moderniser le système ferroviaire jugé vétuste. Quatre responsables des chemins de fer ont été mis en examen à la suite de cet accident et les manifestants appellent également à la démission du premier ministre.
Depuis vingt ans, l’UE et la Grèce tentent de mettre en place des systèmes de sécurité modernes et d’améliorer l’interopérabilité transfrontalière des chemins de fer grecs.
Absolument, la Commission européenne a fait pression ces dernières années sur les autorités grecques dénonçant les lacunes à propos de deux projets essentiels à la sécurité des chemins de fer grecs. Le premier projet de sécurité concernait l’installation du système européen de contrôle des trains pour la période 2000-2006 et le deuxième concernait la mise à niveau du système de signalisation des trains et le contrôle à distance censés être terminés en 2013.
Cependant, une série de retards, de contrats flous et l’absence de responsabilité ont mis en lumière le manque d’investissement de la Grèce ainsi que le laxisme des mécanismes de contrôle de l’UE.
Merci à toutes et à tous pour votre attention !