Aujourd'hui en Europe est un journal consacré aux actualités européennes du jour, réalisé par la rédaction d'Euradio à Bruxelles. Avec Thomas Kox, Baptiste Maisonnave, Paul Thorineau et Ulrich Huygevelde.
Au programme :
- Guerre en Ukraine : l’UE accuse VP de faire “perdre du temps au monde” ; et avertit Zelensky que les USA vont trahir l’Ukraine ; nouveaux soutiens financiers de l’Allemagne
- Immigration : le Royaume-Uni met la pression, la France augmente l’aide au retour volontaire
- la France augmente la défense de l’Arctique et l’Antarctique, derniers espaces de paix désormais objets de convoitise
On commence ce journal à Bruxelles, où l’UE durcit le ton face à Vladimir Poutine, alors que les négociations de paix tentées par Washington patinent. Le ministre ukrainien des Affaires étrangères, Andrii Sybiha, suivi par ses alliés européens, fustige le président russe accusé de “faire perdre du temps au monde”.
Oui, le chef de la diplomatie ukrainienne appelle Vladimir Poutine à, je cite, “mettre fin au fanfaronnades et à l’effusion de sang, et à être prêt à s’asseoir à la table des négociations”. Une déclaration qui intervient après l’échec de l’entretien, mardi, entre le président russe et les émissaires américains. Un entretien très attendu, de plusieurs heures, mais qui n’a abouti à aucun compromis.
Mercredi, les ministres des Affaires étrangères de l’UE ont fait part de leur impatience : “Il est assez évident que [Vladimir Poutine] ne veut pas d’une quelconque paix” a déclaré Margus Tsahkna, le ministre eStonien ; “nous n’avons vu aucune concession du côté de l’agresseur” a poursuivi son homologue finlandaise, Elina Valtonen.
Côté américain, Donald Trump continue cependant d’affirmer, je cite, avoir “l'impression très nette que Vladimir Poutine souhaite conclure un accord”.
Une lecture de la situation qui diverge donc très largement entre Washington et Bruxelles, suscitant les inquiétudes de leaders européens comme viennent de le trahir des indiscrétions
Oui, selon des propos rapportés par l’hebdomadaire allemand Der Spiegel, certains leaders européens n’ont pas maché leur mots lors d’une réunion avec le président ukrainien en début de semaine. Pour le chancelier allemand, Friedrich Merz, les Etats Unis “jouent à des jeux” avec l’Ukraine et l’Europe.
Des propos soutenus par son homologue français, qui aurait averti pendant l’appel qu’il existait selon lui de réels risques que Washington “trahisse l’Ukraine sur les questions de territoire” si la Maison Blanche ne donnait pas “de garanties de sécurité plus claires”. L’Elysée a réagi à la publication, en affirmant qu’Emmanuel Macron ne s’était pas exprimé en ces termes.
Le président finlandais, enfin, Alexander Stubb, aurait lui aussi fait part de ses doutes quant aux garanties de sécurité promises par les Etats-Unis : “nous ne pouvons pas”, je cite, “laisser l’Ukraine et Volodymyr Zelensky seuls avec ces gens là”.
Plus officiellement, la journée d’hier était aussi marquée par des annonces de nouvelles aides financières à l’Ukraine : le Canada, l’Allemagne, la Pologne et les Pays-Bas ont annoncé des centaines de millions d’euros supplémentaires pour soutenir Kyiv.
Oui, et notamment en achetant des armes américaines pour les livrer ensuite à l’Ukraine. Berlin ajoutera par ailleurs une centaine de millions d’euros pour soutenir les réparations des infrastructures énergétiques du pays, en veillant, je cite, “strictement”, à leur utilisation, alors que le pays traverse un scandale majeur de corruption.
Avec les récents 60 millions d’euros débloqués par le gouvernement allemand, le soutien de Berlin à l’Ukraine atteindra les 550 millions d’euros d’ici la fin 2025 - la plus importante contribution des 27. Friedrich Merz compte d’ailleurs verser une aide militaire de 11,5 milliards d’euros en 2026.
On poursuit ce journal au Royaume-Uni, qui accentue la pression sur la France pour limiter les traversées clandestines de la Manche. l’Hexagone a dû mettre en place de nouvelles mesures, à commencer par l’augmentation du montant de l’aide au retour volontaire.
Oui, aussi appelée ARV, cette aide vise à inciter les migrants en situation irrégulière à retourner volontairement dans leur pays. La plupart du temps, la demande est formulée après la réception d’une obligation de quitter le territoire français, ou OQTF. Jusqu’alors fixée à 1 200 euros, le gouvernement français a décidé ce jeudi de l’augmenter jusqu’à 3 500 euros — une décision qui s’inscrit dans le cadre de l’accord “one in, one out”, souvenez-vous, signé avec le Royaume-Uni cet été.
En 2024, l’Office français de l’immigration et de l’intégration avait versé près de 7 000 de ces ARV, principalement à des ressortissants géorgiens et albanais. L’aide était, jusqu’à ce jeudi, dégressive dans le temps ; c’est-à-dire qu’elle diminuait entre la notification de l’OQTF et la date de dépôt de la demande. Elle sera désormais versée indépendamment de ce délai.
Cette aide, Baptiste, s’accompagne de mesures plus restrictives : depuis quelques jours, la France autorise également sa police à intercepter des canots en mer.
Oui, une mesure jusqu’ici inimaginable pour les ONG, qui cherchent à protéger les exilés traversant la Manche. Jusqu’à présent, la police n’avait le droit que de porter secours aux “small boats”, ces embarcations fragiles et surchargées empruntées par les migrants. Elle pourra désormais les intercepter, malgré les risques de provoquer des noyades.
La France peine à ralentir le rythme des départs : plus de 39 000 personnes ont débarqué sur les côtes anglaises depuis le 1er janvier — c’est déjà plus que sur toute l’année 2024. Une traversée extrêmement dangereuse, qui a coûté la vie à 27 migrants cette année, et dont, dans la plupart des cas, il est impossible de récupérer les corps.
On termine ce journal à Bruxelles, où a été dévoilée hier une version largement renforcée de l’Autorité européenne des marchés financiers, ou ESMA. Sorte de gendarme des bourses et des cryptomonnaies, sa montée en puissance inquiète de nombreux États membres.
Oui, si l’ESMA existe déjà depuis plusieurs années, elle ne jouait jusqu’à présent qu’un rôle consultatif, chargé d’harmoniser les pratiques entre les 27 autorités nationales de régulation. Avec cette transformation, l’autorité régulera désormais directement l’ensemble des infrastructures de marché en Europe, à l’exception des banques et des assurances.
Concrètement, lui seront confiées des missions comme l’octroi de licences pour les services liés aux crypto-monnaies, ou encore la surveillance des infrastructures de marché les plus importantes, comme la Banque de Francfort ou Euronext, la place boursière européenne.
Mais certains pays craignent de perdre une partie de leur souveraineté financière…
Oui, à commencer par Malte, dont la réglementation plus souple en matière de crypto-monnaies attirait de nombreux investisseurs. Le Luxembourg et l’Irlande, deux acteurs majeurs de la gestion d’actifs, affirment également que l’ESMA ne disposera jamais des compétences suffisantes pour reprendre autant de dossiers.
Une autorité de régulation ainsi renforcée permettrait pourtant de mieux coordonner les finances de l’Union européenne, dans un contexte où 70 % de l’épargne européenne reste encore immobilisée sur des comptes bancaires.
Un journal de Baptiste Maisonnave, Ulrich Huygevelde et Paul Thorineau.