Aujourd'hui en Europe est un format quotidien regroupant les actualités européennes du jour, présenté par Raphaël Ligot, Félix Doladille et Laura Léger.
Au programme de cet épisode :
- Exportation de pesticides françaises en Europe
- Relation Hongrie et Union européenne
- Relation France et États-Unis
Bonjour à toutes et à tous, bonjour Laura. Débutons ce journal en évoquant l’exportation française de milliers de tonnes de pesticides très toxiques interdites à la vente dans l’UE.
Bonjour Raphaël, oui alors que la France a été le premier pays à proscrire l’exportation de pesticides le 1er janvier 2022, ces produits ont été envoyés vers des pays comme le Brésil, l’Ukraine, la Russie ou encore l’Inde. Un an après avoir adopté cette interdiction, la France a répondu favorablement à 155 demandes d’autorisation de ces pesticides dangereux pour la santé humaine et pour l'environnement ainsi que d’insecticides néonicotinoïdes “tueurs d’abeilles”.
Ces exportations sont possibles grâce aux lacunes de la loi française.
Oui la plus grande faille de l'interdiction française réside probablement dans la formulation de la loi elle-même : elle interdit la fabrication et l'exportation de "produits phytosanitaires", soit le produit prêt à l’emploi, mais elle n'interdit pas la fabrication et l'exportation des produits sous leur forme pure. Autrement dit, depuis la France, les fabricants sont libres de continuer à fabriquer et à exporter ces produits chimiques sous leur forme pure dans le but d’être ensuite utilisés dans le pays importateur pour produire des pesticides prêts à l'emploi.
Bien que la nouvelle loi n’ait pas mis fin aux exportations françaises de ces pesticides proscrits, l’enquête menée par les ONG indique toutefois une baisse des exportations françaises.
Absolument, les autorisations d’exportation depuis la France ont jusqu’à présent baissé de près de trois quarts par rapport à l’année complète 2021. Cette loi a également permis d'initier un changement de pratique au niveau européen. Ainsi au cours de cette année, des ministres allemands et belges se sont engagés à mettre fin aux exportations de pesticides interdits. La Commission européenne avait quant à elle promis de présenter l’année prochaine des propositions visant à mettre fin à toutes exportations de produits chimiques interdits en provenance en provenance de l’UE mais les lobbys de l’agrochimie ont fait pression et le projet a été retiré du plan de travail pour 2023.
Continuons ce tour de l’actualité en évoquant la relation de plus en plus tendue entre la Hongrie et la Commission européenne. La Commission juge insuffisantes les réformes de la Hongrie pour lutter contre la corruption, elle s’apprête donc à bloquer un total de 13 milliards d’euros de fonds européens destinés à Budapest.
Oui pour rappel l’UE avait bloqué les fonds de cohésion d’une valeur de 7,5 milliards d’euros à la Hongrie s’inquiétant de l’érosion de l’Etat de droit et plus particulièrement des faits de corruption. Pour débloquer ces fonds, Budapest a dû soumettre à la Commission européenne dix-sept mesures visant à lutter contre la corruption. Pour convaincre l’UE, Viktor Orbán n’a pas hésité à faire du chantage en bloquant certaines des initiatives les plus urgentes de l'UE, notamment un plan d'aide urgent de 18 milliards d'euros. Mais la Commission a fait preuve de fermeté face au dirigeant en estimant que les réformes n’avaient pas été menées de manière satisfaisante jusqu’à la date butoir du 19 novembre.
En plus des 7,5 milliards de fonds de cohésion, ce sont également 5,8 milliards d’euros de plan de relance post-Covid qui sont sur la sellette.
Effectivement, l’exécutif européen a validé ce plan de relance post-Covid pour la Hongrie en l’assortissant cependant de 27 conditions, qui reprennent d’un côté les 17 mesures de lutte anticorruption et de l’autre des réformes pour améliorer l’indépendance de la justice. La décision finale repose désormais dans les mains des Etats membres qui doivent statuer à la majorité qualifiée soit 15 pays sur 27, représentant au moins 65% de la population de l’UE.
En attendant, l’inflation et la crise énergétique bas son plein en Hongrie, la flambée des factures d’énergie oblige certaines villes à fermer des infrastructures pour l’hiver.
Oui le mécontentement de la population grandit. Les stades, les théâtres ou les bibliothèques ferment leurs portes. Et face à aux protestations des hongrois, Viktor Orban impute la responsabilité directement à Bruxelles, la tactique du gouvernement étant de rejeter toute la faute sur l’Europe.
Terminons ce journal en évoquant la visite d’Emmanuel Macron aux Etats-Unis. Les objectifs de cette visite sont multiples : sceller la réconciliation franco-américaine après une grave crise diplomatique entre les deux alliés mais également défendre les intérêts européens face au protectionnisme américain.
Oui Raphael, pour rappel septembre 2021 avait jeté un froid diplomatique entre la France et les Etats-Unis lorsque Joe Biden avait annoncé une nouvelle alliance, l’AUKUS, avec l’Australie et le Royaume-Uni. La France n’a pas été prise en compte dans la stratégie nord-américaine pour la région Asie-Pacifique et a perdu au passage un méga contrat de vente de sous-marins à Canberra. Plus récemment, c’est le plan massif de soutien à la transition énergétique de Joe Biden qui pose problème à l’Europe.
Ce plan, l’Inflation Reduction Act (IRA), accorde de généreuses subventions aux véhicules électriques, batteries ou énergies renouvelables à condition qu’ils soient “made in America”
Oui, si ce plan profite au développement des industries durables sur le territoire américains, ces mesures protectionnistes discriminent les produits venus d’Europe. Révoquer ou amender la loi américaine étant impossible, Emmanuel Macron trouve donc une solution en Europe en faisant la promotion, auprès des autres Etats de l’UE, d’une arme commerciale en tout point comparable, le “Buy European Act”, qui donnerait la priorité aux produits fabriqués en Europe.
S’ils existent quelques tensions commerciales, la France et les Etats-Unis se rejoignent néanmoins autour de l’objectif premier : soutenir coûte que coûte l’Ukraine et éviter l’escalade avec Moscou.
Oui, Outre-Atlantique, les appels à une sortie de guerre se font entendre aussi bien chez les démocrates que chez les républicains. L’Elysée annonce une convergence totale avec son allié américain mais à l’inverse continue de maintenir le dialogue avec Vladimir Poutine. Si les Etats-Unis saluent les efforts de Macron pour tenter de garder ce contact, ils s’accordent sur un point : les négociations avec Moscou ne pourront se faire que lorsque le président Volodymyr Zelensky le jugera de circonstance.
Merci Laura et merci à tous pour votre attention !