L'Europe au plus près

L'Europe au plus près - Vendredi 17 juin

L'Europe au plus près - Vendredi 17 juin

Bienvenue dans cette édition de « L’Europe au plus près » où nous suivons, chaque semaine, l’actualité des différentes institutions de l’Union européenne.  

Cette semaine la Commission européenne doit se décider sur le sort de l’Ukraine et son possible avenir au sein de l’UE. À cette occasion revenons ensemble sur l’historique de ce processus. 

À peine quelques jours après le début de l’invasion russe, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a signé, le 28 février, une demande officielle d’adhésion à l’UE. Une décision suivie, peu de temps après, d’un discours devant les 705 députés du Parlement européen visant à appuyer sa demande et appeler les Européens à, je cite, “prouver qu’ils sont bien avec les Ukrainiens”. 

Une demande très vite traitée par la Commission européenne, qui avait officiellement annoncé l‘évaluation de la demande d’adhésion de l’Ukraine le 7 mars dernier. 

Effectivement, une prise en en compte de la demande ukrainienne quasiment sans délai, et une décision qui, si elle n’est qu’une étape technique de la procédure classique, n’en revêt pas moins une valeur symbolique importante. En effet, pendant des années, l’UE a été plus que réticente à avancer sur la voie de l’élargissement. 

Le président Volodymyr Zelensky avait dit, en février dernier, espérer bénéficier d’une procédure d’adhésion accélérée. La réalité s’annonce plus complexe. 

Même si l’accession au statut de candidat devrait aller vite, notamment après les annonces d’Emmanuel Macron et d’OIaf Scholz lors de leur visite à Kyiv, la route vers une adhésion pleine et entière de l’Ukraine à l’UE risque d’être longue. En ce qui concerne la situation démocratique du pays par exemple, l’ONG Reporters sans frontière estime que l’emprise des oligarques sur les médias est encore trop “étroite”. Plus généralement “la corruption, et l’indépendance du système judiciaire figurent parmi les questions les plus problématiques”. S’ajoutent à cela l’obligation pour tout candidat à l’adhésion d’avoir des frontières clairement définies et consolidées. Une condition pour l’instant difficile à atteindre en raison de l’annexion non reconnue de la Crimée par la Russie depuis 2014. 

Lors de sa visite à Kyiv la semaine dernière, la présidente de la Commission Ursula Von der Leyen a également souligné le long chemin à parcourir avant d’envisager une entrée de l’Ukraine dans l’UE. 

La visite du 11 juin dernier a été l’occasion pour elle de rappeler l’ampleur du travail encore à fournir par le pays afin de se conformer aux normes européennes. En dépit de grands progrès réalisés notamment concernant la réforme de l’administration, la présidente de la Commission a déclaré : "Vous avez fait beaucoup pour renforcer l'Etat de droit mais des réformes doivent encore être mises en place, pour lutter contre la corruption par exemple".


Si la demande de candidature de l’Ukraine a initialement été accueillie avec enthousiasme en Europe, le dossier plonge à présent l’exécutif européen dans un véritable dilemme. 

En effet, l’obtention par l’Ukraine du statut de candidat à l’Union européenne repose la question de l’élargissement du bloc communautaire. Les divisions entre Etats membres à ce sujet sont nombreuses et les négociations d’adhésion des pays à l’est de l’Union semblent au point mort. Le dernier sommet UE-Balkans du mois d'octobre n’avait d’ailleurs offert aucun débouché sérieux à ces Etats, malgré les déclarations symboliques du président du Conseil européen Charles Michel pour qui l’intégration des Balkans est “dans l’intérêt stratégique" de l’UE.

Une situation qui coince et qui pourrait faire émerger de nouveaux modèles d’élargissement alternatif. 

Lors d’une allocution à Strasbourg, le président français Emmanuel Macron s’est dit prêt à imaginer une nouvelle “communauté politique européenne ” .Selon lui, cette formation permettrait aux nations européennes démocratiques de resserrer leurs liens et leur coopération en matière de politique, de sécurité, d’énergie ou encore de transport. 

Une idée qui fait grincer des dents en Ukraine.

Effectivement, le conseiller en politique étrangère du président ukrainien, Ihor Zhovkva, a dit rejeter tout modèle alternatif d’élargissement de l'UE, faisant ainsi référence à la proposition d’Emmanuel Macron, qui reste pour l’instant assez vague. A l’occasion d’une interview pour Euractiv, le conseiller à également déclaré refuser le statut de “candidat potentiel” dont bénéficie la Bosnie-Herzégovine depuis 2003, ajoutant que l’Ukraine ne voulait être « ni candidat potentiel, ni candidat pour dire d’être candidat, ni semi-candidat, juste candidat ». 


Le processus entamé par l’Ukraine fait des émules dans la région. Aujourd'hui, plusieurs États d’Europe de l'est, comme la Moldavie et le Kosovo, ont aussi déposé leur candidature auprès de l'exécutif européen. 

Début mars c’est la Georgie qui avait par exemple demandé à rejoindre "immédiatement" l’UE, rapidement rejointe par la  Moldavie. Le petit pays de l’est craint en effet d’être entraîné dans la guerre que mène Poutine de l’autre côté de sa frontière. La présidente moldave Maia Sandu s’est adressée au Parlement européen lors de la dernière session plénière afin de réaffirmer l’aspiration européenne de son pays.

Une candidature bien accueillie  par les Etats membres de l’Union. Lors d’un déplacement à Chisinau mercredi dernier, le président Emmanuel Macron s’est exprimé à ce sujet. 

Effectivement, selon le président français, les européens doivent, je cite,  envoyer un “signal positif et clair” à la Moldavie. En saluant les efforts de la Moldavie notamment quant à l’accueil des réfugiés ukrainiens, le chef d’Etat à appeler à ne pas  “dissocier la Moldavie de l’Ukraine dans les perspectives” données par l’Union européenne. 

Néanmoins d’autres candidatures font davantage débat. 

Tout à fait, dans le cas du Kosovo par exemple, qui espère déposer sa candidature avant la fin de l’année 2022, les obstacles sont nombreux avant d’espérer recevoir le statut de tant espéré de candidat. Le Kosovo n’est reconnu ni par la Roumanie, ni par l’Espagne, la Slovaquie ou encore la Grèce. De plus, le climat politique et économique du pays ne lui permet pas aujourd'hui d 'espérer adhérer aux normes européennes.

Juliane Barboni - Violette de Croÿ

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