Composer comme compositrices et compositeurs, ces musiques inspirées par l'Europe mais aussi ces compositions qui forment une culture européenne. À retrouver sur euradio le samedi. Par David Guérin-Marthe.
À l’occasion de nombreux concerts partout en Europe, le compositeur Ignaz Moscheles a rencontré plusieurs grands compositeurs avec qui il a noué des liens d’amitié forts.
En plus d’avoir beaucoup voyagé, il faut préciser qu’Ignaz Moscheles était quelqu’un de bien, d'attentionné. C’était une très bonne personne. Charlotte Moscheles, sa femme, le décrit comme « le meilleur des pères, des maris, des fils, des amis. » Cela pourrait paraître subjectif, venant de sa femme, qui écrit cela quelques années après sa mort. Mais c’est entièrement corroboré par tous les témoignages et les articles de l’époque. Quelqu’un avec qui il était donc facile d’être ami.
L’un de ses amis les plus proches est Felix Mendelssohn, compositeur allemand qui a notamment permis aux européens de redécouvrir Bach. En 1840, Moscheles, Mendelssohn et Clara Schumann interprètent ensemble un concerto pour trois claviers de Bach. Cette amitié forte s’interrompt brusquement lorsque Mendelssohn meurt prématurément, en 1847.
Moscheles pouvait même être ami avec des personnalités parfois plus difficiles. Notamment avec le compositeur de l’Ode à la joie.
Beethoven oui, pas toujours facile à vivre. Moscheles était un grand fan de Beethoven, plus âgé que lui de 24 ans. Ils se sont rencontrés à plusieurs reprises, établissant une vraie relation de confiance. Beethoven a d'abord demandé à Moscheles d'arranger pour piano son opéra Fidelio. Une autre rencontre professionnelle, plus inattendue, a eu lieu pour la création d'une œuvre orchestrale de Beethoven, La Victoire de Wellington, en 1813. Plusieurs compositeurs ont participé à cette création. Œuvre sans piano, Moscheles a alors tenu le pupitre de percussions.
Un peu avant la mort de Beethoven, c'est Moscheles qui parvient à convaincre la Société Philharmonique londonienne d'aider financièrement le maître, qui connaît une fin de vie assez difficile. La toute dernière lettre écrite par Beethoven est une lettre de remerciements pour Moscheles. Enfin, après sa mort, Moscheles jouera et dirigera très fréquemment les œuvres de Beethoven : ses sonates et concertos pour piano, ses symphonies. Les critiques seront très positives, comme dans le journal The Atlas : « Les symphonies de Beethoven, dirigées par Moscheles, deviennent de nouvelles compositions… Le tempo donné par Moscheles est le bon, issu d'une parfaite intimité avec les œuvres elles-mêmes et de la connaissance des intentions de l'auteur. »
Avec cette activité de direction, Moscheles avait-il encore le temps de composer ?
Il a assez peu composé dans les dernières années de sa vie, c'est vrai, mais pas en raison de son activité de direction. Il a toujours eu un train de vie particulièrement chargé, cela ne l’empêchait pas d’écrire. Mais à partir des années 1850, il a bien senti que sa musique ne plaisait plus autant. Il était de moins en moins joué. Et il ne souhaitait pas composer si sa musique ne devait pas être jouée.
Je vous propose d’écouter l’une des dernières œuvres de Moscheles, une Pastorale pour piano. Dans le style, on sent une légère ouverture vers le romantique, mais toujours dans une expression mesurée. « Pastorale » ici fait simplement référence au caractère bucolique de la musique, à sa mélodie simple.
Pastorale dans le style de l’orgue opus 135, interprétée par Christine Croshaw.