Composer comme compositrices et compositeurs, ces musiques inspirées par l'Europe mais aussi ces compositions qui forment une culture européenne. À retrouver sur euradio le samedi. Par David Guérin-Marthe.
Nous terminons aujourd’hui une série d’épisodes consacrés au compositeur de l’hymne européen, Beethoven. Vous nous parlez de sa vie après la création de la Symphonie n°9.
En 1824, après cette création, il retrouve le succès pour une courte durée. Il est invité à l’étranger, à Londres notamment, mais il ne peut s’y rendre. Les compositions qui suivent sa Symphonie n°9 sont jugées par beaucoup trop difficiles à jouer, trop innovantes : à Vienne, on l’oublie quelque peu.
Du côté de sa vie personnelle, la situation est toujours aussi compliquée. Karl, son neveu, dont il est le tuteur, tente de se suicider en 1826. Beethoven est bouleversé. En repos chez son frère Johann, il écrit alors ses dernières notes de musique, l’allegro final du Quatuor à cordes n°13.
Il rentre à Vienne à la fin de l’année 1826. Il tombe malade, mais cette fois, il n’arrive pas à se relever. Il vit dans la douleur encore quatre mois, et meurt le 26 mars 1827. Des milliers de personnes se réunissent pour accompagner le cortège funèbre, jusqu’au cimetière central de Vienne.
Nous écoutons aujourd’hui l’une de ses dernières compositions, un extrait du Quatuor à cordes n°13. Pourquoi ce choix ?
Beethoven a un rôle immense dans l’histoire de la musique : il fait le pont entre la musique classique et la musique romantique. Et dans ses derniers quatuors, l’aboutissement de longues recherches, il innove encore. Les dernières compositions de Beethoven sont d’ailleurs souvent considérées comme le début du romantisme, des œuvres qui ont donc influencé une grande majorité, si ce n’est tous les compositeurs du XIXe siècle.
La Cavatina, un mouvement lent de ce Quatuor n°13, est un bon exemple de ce romantisme européen naissant, ici extrêmement mélancolique. Mais l'influence de Beethoven dépasse en fait largement notre continent. Ses symphonies sont jouées par tous les orchestres du monde. De très nombreux artistes de tous les genres de musique et de tous les pays lui rendent sans cesse hommage. Et même au-delà du système solaire, les sondes Voyager transportent avec elle un enregistrement de cette même Cavatina.
Je me demande qui pourrait bien comprendre cette musique sublime si loin de son créateur, alors même que sur Terre, son message semble parfois si difficile à être entendu. La liberté, la joie, la fraternité, ces valeurs censées représenter l’humanité pour le reste de l'univers, n’ont pourtant jamais eu de support aussi convaincant et aussi beau que la musique de Beethoven. Que nous faut-il de plus que l'œuvre de Beethoven ? Que faut-il faire pour que la nécessité de ces valeurs soit comprise par tous ?
La réponse, c’est Schubert qui nous la donne : il nous faut être patient. « [Beethoven] sait tout, mais nous ne pouvons pas tout comprendre encore, et il coulera beaucoup d’eau dans le Danube avant que tout ce que cet homme a créé soit universellement compris. »
Le Tokyo String Quartet interprète le cinquième mouvement, Cavatina, du Quatuor à cordes n°13 de Ludwig van Beethoven.
Un entretien réalisé par Laurence Aubron