Les 1001 héroïnes

Et à la fin ils meurent - La sale vérité sur les contes de fées - 1001 héroïnes #17

Et à la fin ils meurent - La sale vérité sur les contes de fées - 1001 héroïnes #17

Bonjour et bienvenue dans cet épisode de 1001 héroïnes, une chronique qui vous fait découvrir chaque semaine des héroïnes européennes de livres ou de films ! 

Il faut que je vous avoue un truc : pendant toute mon enfance, j’ai adoré lire et regarder des histoires de princesses. Je n’aimais pas Le roi lion et Le livre de la jungle, mais j’adorais Cendrillon et La Belle au bois dormant. Je regardais les dessins animés Disney en boucle. Bref, mes personnages préférées étaient des princesses avec de superbes robes longues pas pratiques du tout, dont le seul objectif dans la vie était de se marier. Et pour atteindre cet objectif, c’est assez simple, elles ne font rien ou pas grand chose : elles attendent que le prince les trouve. Hyper progressiste, sans même parler du caractère 100% hétérocentré de la chose. 

Bon, depuis ce temps-là… tu es devenue féministe !

Eh oui. Comme quoi, on s’en sort ! Aujourd’hui, je regarde donc avec un œil critique les princes qui embrassent les princesses dans leur sommeil, sans se soucier le moins du monde de leur consentement. J’aspire à autre chose dans la vie qu’un prince charmant ; d’ailleurs, je préfère les princesses. J’ai pas franchement envie non plus d’avoir “beaucoup d’enfants”, ce qui dans mon esprit sonne comme au moins 4 ou 5. Malgré tout, je continue à avoir une certaine affection pour les contes de fées. Il faut dire que j’ai rapidement su qu’il existait d’autres versions que celles franchement cucul la praline de Disney. Je lisais avec passion les 86 contes de Grimm, réunis dans un ouvrage magnifique auquel j’ai fini par avoir le droit de toucher, avec reliure en cuir gravé et dorures sur la tranche. Je savais donc qu’il y avait d’autres versions de Cendrillon et Blanche-Neige, moins cucul, un peu plus trash. J’adorais aussi Peau d’âne, le film génial de Jacques Demy sorti en 1970, dans lequel certains personnages sont plus subversifs qu’ils n’en ont l’air… Alors forcément, quand j’ai appris que Lou Lubie, une de mes autrices de BD préférées, préparait un roman graphique sur les contes, j’étais enchantée ! 

Alors c’est quoi, ce roman graphique ? 

Eh bien il s’appelle Et à la fin ils meurent - La sale vérité sur les contes de fées, il est paru en fin d’année 2021 aux éditions Delcourt, et il retrace l’histoire des contes de fées ! Mais ce n’est pas simplement une BD sur l’histoire de la littérature. Oh, non. Car Et à la fin ils meurent est hilarant. Franchement, je ne me souviens pas d’avoir autant ri avec une BD entre les mains, et pourtant j’en lis un paquet. En couverture : une princesse sans bras, un prince zombie et un petit chaperon rouge aux grandes dents. Page 3, la petite sirène pendue. Ça donne le ton !

Pas une BD à mettre entre toutes les mains donc ! 

Non, il vaut peut-être mieux éviter ! Mais reprenons la lecture : Lou Lubie nous apprend des tas de choses sur les contes de fées : des mythes antiques aux récits de Perrault et Grimm, sans oublier des versions anciennes plus ou moins oubliées. Car les contes ont des racines anciennes et ceux que nous connaissons aujourd’hui sont les mélanges d’aventures italiennes, allemandes, tchèques, danoises, roumaines… Certains viennent même de plus loin, jusqu’en Chine ! Et justement, l’ouvrage est construit de sorte qu’on alterne entre des chapitres très pédagogiques qui expliquent leurs origines et les sous-textes, des anecdotes sur les auteurs (et autrices, même si on les connait moins elles existent !), et des récits savoureux et pleins d’humour qui mettent en lumière les différentes versions d’un même conte. On a aussi adoré les chapitres sur le sexisme, le racisme et la présence (ou pas) de personnages LGBT. Lou Lubie explique aussi quelle est l’utilité sociale des contes… mais je ne vais pas spoiler davantage ! Et pour finir quand même, car je ne l’ai pas encore dit : Et à la fin ils meurent est très beau ! Il reprend les codes des beaux livres anciens, avec une reliure cousue et la tranche des pages dorée !

Bref : on apprend plein de choses, c’est pédagogique, c’est vraiment très drôle, et en plus c’est un bel ouvrage ? 

Oui ! C’est donc un bingo absolu pour un cadeau à soi-même ou à vos proches !
Et puis si vous souhaitez découvrir d’autres œuvres qui bousculent les idées reçues, d’autres autrices, plein d’héroïnes… rendez-vous sur le site 1001heroines.fr : 750 œuvres y sont référencées ! Bonnes découvertes et à la semaine prochaine !