Cette semaine, Euan Walker et Laurence Aubron des menaces russes contre la Moldavie, des accusations de corruption parmi les ONG du Parlement européen et des tensions entre la France et l'Allemagne concernant la production d'hydrogène.
Pour en revenir à l'actualité européenne de la semaine, il semble que le gouvernement moldave ait été frappé par plusieurs crises...
En effet, Cécile - La Moldavie, particulièrement vulnérable en raison de sa dépendance à la Russie et sa difficile gestion des flux d’Ukrainiens fuyant les combats, a fini par ébranler son exécutif. Le 10 février, la démission de la Première ministre pro-européenne Natalia Gavrilita a entraîné la dissolution du gouvernement moldave. Une fois cette première crise apparemment résolue avec la nomination d'un nouveau Premier ministre pro-européen, Dorin Recean, la présidente moldave Maia Sandu a publié une déclaration le 13 février affirmant que ses services de renseignement avaient détecté des complots d'ingérence russe dans la société moldave visant à déstabiliser le gouvernement.
Quelles ont été les conséquences de cette déclaration de la présidente moldave ?
La Moldavie est maintenant en état d'alerte - le 14 février, l'espace aérien moldave a même été brièvement fermé. C’est particulièrement angoissant car la Russie exerce depuis longtemps des pressions sur la Moldavie pour dissuader ses tentatives de resserrer les liens avec l'Europe. Cette tendance semble s'exacerber à l'approche du prochain sommet de la Communauté politique européenne qui doit se tenir en Moldavie, en juin.
En ce qui concerne l'État de droit, après le Qatargate au Parlement européen, le scandale a-t-il connu de nouveaux développements ?
Malgré une résolution prise par le Parlement européen le 15 décembre, le Qatargate continue de faire peser une chape de plomb sur la politique européenne. Cependant, dans une tournure inattendue, le groupe de droite PPE a publié une déclaration, le 13 février, ciblant les ONG comme le prochain foyer d'ingérence étrangère à traiter - ceci malgré le fait qu’à l’heure actuelle, les ONG doivent communiquer plus d'informations que les lobbies d'entreprises pour poursuivre leurs activités avec le Parlement européen.
Quelles ont été les réactions à cette tentative de rejeter la responsabilité du scandale sur la société civile ?
Alors, nombreux·ses sont ceux·celles qui ont critiqué la déclaration du groupe, demandant que la conversation soit à nouveau ancrée dans le cœur du problème : la corruption des député·es européen·nes par des régimes répressifs pour protéger leurs intérêts au Parlement. Il est largement admis que le Qatargate et les découvertes concernant des membres du S&D ne sont que la partie émergée de l'iceberg qui continuera d'être découverte au fil des mois, la question se pose donc : cette déclaration était-elle une tentative du PPE de détourner l'attention de son propre groupe politique ?
Enfin, malgré le 60e anniversaire du Traité de l'Elysée le mois dernier, la France et l'Allemagne sont toujours dans l'impasse sur les questions d'énergie...
Absolument, la France et l'Allemagne se disputent actuellement sur le rôle potentiel du nucléaire dans la production d'hydrogène. La France défend l’idée que la nature peu carbonée de l'hydrogène d'origine nucléaire devrait permettre que sa production soit protégée par les normes de l'UE. L’Allemagne, historiquement contre l'énergie nucléaire, s’y oppose. La négociation est entamée avec Laurence Boone, le 13 février : si l'Allemagne ne renonce pas à cette opposition, la France s’opposera à la construction du futur hydrogénoduc H2Med qui vise à relier l'Allemagne à l'Espagne via la France.
A votre avis, comment cette impasse sera-t-elle résolue ?
La décision de la France de tenir tête à l'Allemagne est plutôt remarquable dans le domaine de la politique européenne, mais son efficacité reste à voir. N’oublions pas que dans la coalition gouvernementale allemande, c’est le parti vert qui supervise la politique économique. Il semble peu probable que le sauvetage de l’amitié franco-allemande soit une priorité par rapport à son objectif de stopper toute production d'énergie nucléaire. En conséquence, on peut s’attendre à voir s'effondrer les espoirs français de voir l'hydrogène d'origine nucléaire inscrit dans les normes de l'UE.
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English version :
Russian threats against Moldova – Accusations of corruption among NGOs – Tensions on hydrogen production
This week, Euan Walker discuss Russian threats against Moldova, accusations of corruption among NGOs in the European Parliament and tensions between France and Germany over hydrogen production.
Returning to Europe's news of the week, it seems that the Moldovan government has been hit by several crises...
Indeed - Moldova, already vulnerable because of its dependence on Russia and its difficulties in managing the flow of Ukrainians fleeing the conflict in Ukraine, has ended up undermining its executive. On the 10th of February, the resignation of the pro-European Prime Minister Natalia Gavrilita led to the dissolution of the Moldovan government. After this first crisis was apparently resolved with the appointment of a new pro-European Prime Minister, Dorin Recean, Moldovan President Maia Sandu issued a statement on the 13th of February claiming that her intelligence services had detected plots of Russian interference in Moldovan society aimed at destabilising the government.
What were the consequences of this statement by the Moldovan president?
Moldova is now on high alert - on the 14th of February Moldovan airspace was even briefly closed. This is particularly worrying because Russia has long been putting pressure on Moldova to dissuade its attempts to strengthen ties with Europe. This trend seems to be exacerbated in the run-up to the next European Political Community summit to be held in Moldova in June.
Regarding the rule of law, after Qatargate in the European Parliament, have there been any new developments surrounding the scandal?
Despite a resolution by the European Parliament on the 15th of December, Qatargate continues to cast its shadow over European politics. However, in an unexpected turn of events, the right-wing EPP group issued a statement on the 13th of February targeting NGOs as the next hotbed of foreign interference to be dealt with - this despite the fact that NGOs currently have to disclose more information than corporate lobbies in order to continue their activities with the European Parliament.
What has been the reaction to this attempt to blame civil society for the scandal?
Many have criticised the group's statement, calling for the conversation to be re-anchored in the heart of the matter: the bribery of MEPs by repressive regimes to protect their interests in the Parliament. It is widely acknowledged that Qatargate and the discoveries about S&D members are just the tip of the iceberg that will continue to be uncovered as the months go by - so the question arises: was this statement an attempt by the EPP to deflect attention from its own political group?
Finally, despite the 60th anniversary of the Elysée Treaty last month, France and Germany still seem to be arguing about energy issues...
France and Germany are currently arguing over the potential role of nuclear power in hydrogen production. France defends the idea that the low carbon nature of nuclear hydrogen should allow its production to be protected by EU standards. Germany, historically against nuclear energy, is opposed to this. Negotiations began with Laurence Boone on the 13th of February: if Germany does not drop its opposition, France will oppose the construction of the future H2Med hydrogen pipeline, which aims to link Germany to Spain via France.
How do you think this issue will be resolved?
France's decision to stand up to Germany is rather remarkable in the field of European politics, but its effectiveness remains to be seen. Let's not forget that in the German government coalition, it is the Green Party that oversees economic policy. It seems unlikely that saving the Franco-German friendship is a priority compared to its goal of stopping all nuclear power production. As a result, French hopes of having nuclear hydrogen included in EU standards could collapse.