Regards des territoires avec le Comité européen des régions

Regards des territoires - Avec Daniela Ballico

Regards des territoires - Avec Daniela Ballico

Pour cette nouvelle émission en partenariat avec le Comité européen des régions, nous recevons Daniela Ballico, maire de la commune de Ciampino (Italie) et membre du Comité européen des régions au sein du groupe ECR (European Conservatives and Reformists).

A ce titre, elle a participé à la 144e session plénière du Comité européen des régions, et est la rapporteuse d’un projet d’opinion intitulé “Stratégie en faveur des droits des personnes handicapées”.

Elle nous en dit plus dans cette interview réalisée en italien par Sofia Pavanini (Doublage: Elisa Rullaud/Sofia Pavanini).

Mais d’abord, une question sur votre région : comment la commune de Ciampino et plus largement la métropole de Rome et ses habitants abordent-ils la saison estivale qui approche ?

Il faut avouer que la vaccination avance très bien dans la région du Latium. 2 millions de ses habitants sont désormais vaccinés. Ceci est un élément très important pour retrouver un tourisme national mais aussi international. Rome se situe dans ma région, c’est une ville historique et célèbre dans le monde entier qui attire tous les ans des millions de voyageurs. Ciampino, ma ville, accueille d’ailleurs le deuxième aéroport de la région, qui est aussi l'aéroport des jeunes puisque c’est là où arrivent tous les vols low-cost.

Figurez-vous qu’aujourd’hui nous sommes passées de 6 millions à quelques centaines de milliers de voyageurs par an. Donc l’aéroport est presque à l’arrêt. Nous espérons qu’au niveau européen l’idée du passeport vert prendra de plus en plus d’ampleur. A partir de la mi-mai ce passeport vert sera opérationnel en Italie, et nous espérons que début juin il sera en fonction dans toute l’Europe.

Pour revenir à ce projet d’opinion que vous avez présenté jeudi 6 mai à l’ensemble des membres du Comité européen des régions, Madame Ballico, pour élaborer ce texte, vous vous basez sur un texte déjà existant rédigé par la Commission européenne: “l’Union de l’égalité : Stratégie en faveur des droits des personnes handicapées pour la période 2021-2030”. 

Dans votre projet d’avis, vous reconnaissez que cette stratégie “propose des actions qui visent à protéger les citoyens les plus vulnérables contre la discrimination et la marginalisation sociales”. Pouvez-vous nous en parler un peu plus ?

Ce projet d'opinion est une stratégie très importante. Elle ne concerne pas seulement un aspect de la vie des personnes handicapées comme la discrimination ou l’inclusion, mais elle touche à tous les éléments de la vie de ces personnes. Une condition préalable d’inclusion très importante et pas encore pleinement appliquée est l’accessibilité. Nous constatons encore aujourd’hui de nombreuses difficultés que rencontrent les personnes handicapées pour se déplacer dans leurs villes mais aussi en Europe. Et cela concerne l'accessibilité physique et virtuelle. L’accessibilité, le travail, le droit de vote, le droit à une vie digne et autonome sont intégrés dans cette stratégie.

La stratégie de la décennie précédente ne prenait en compte que certains aspects, alors que celle-ci considère vraiment tous les aspects, y compris, par exemple, l’inclusion, l’école, la culture, l’art, le temps libre, le sport, le tourisme. Il s’agit donc d’une stratégie vraiment ambitieuse et nous espérons qu’elle sera mise en œuvre. Nous, en tant que Comité européen des régions, nous nous sommes penchés sur l'importance des autorités locales. Nous avons demandé à la Commission d’intégrer le Comité des régions dans la plateforme qu’elle veut mettre en place pour partager des bonnes pratiques et tous les règlements concernant les personnes handicapées.

Comment protéger les citoyens souffrant de handicap et promouvoir leurs droits ? Par quels exemples d’actions concrètes ?

Ce qui est sûr, c’est que nous avons beaucoup apprécié le fait que cette stratégie prenne en compte l’insertion de ces personnes dès le plus jeune âge. Ces personnes doivent être accompagnées à l’école, dans leur formation. Et la stratégie fait grandement référence par exemple aux enseignants. Il ne suffit pas qu’un enfant ait un éducateur, mais aussi que cet éducateur soit bien qualifié. La formation est un des aspects qui doit être encouragé, car c’est le point de départ pour rendre une personne handicapée la plus autonome possible par rapport à son handicap, et ceci est l’objectif central. Sur ce point, par exemple, en Italie, les autorités locales italiennes ont des employés qui se consacrent à l’orientation professionnelle. Ces personnes ressources devront être formées pour comprendre le handicap d’une personne et pouvoir l’orienter dans un marché du travail plus ouvert.

Nous ne devons plus penser que les personnes handicapées doivent être salariées, elles peuvent aussi être entrepreneuses. Voilà pourquoi nous avons intégré dans cette stratégie la recommandation de dire aux Etats membres d’encourager le régime fiscal local en faveur des personnes handicapées. Si elles sont salariées, l’employeur pourrait profiter d’allégements fiscaux, mais le régime fiscal peut être favorable pour ceux qui veulent devenir auto-entrepreneurs. Donc il peut y avoir des bonnes pratiques sur ce point là aussi.

Dans cet avis, vous saluez favorablement le lancement cette année de la “plateforme sur le handicap”, et vous demandez que le Comité européen des régions en fasse partie. Pouvez-vous nous expliquer en quoi consiste cette plateforme ? Quel pourrait être le rôle du Comité européen des régions en son sein ?

Il s'agit d’une plateforme qui va mettre en commun toutes les bonnes pratiques des différentes autorités locales, des régions, des villes, des Etats membres. Cette plateforme aidera les États membres dans la divulgation de la stratégie pour les personnes handicapées. Il s'agit d’une initiative très importante où l’on peut retrouver tous les règlements et les bonnes pratiques issues de cette stratégie. Elle témoigne aussi de l’attention portée par la Commission européenne, qui a grandement misé sur cette stratégie.

Vous abordez également les thèmes de l’inclusion professionnelle et de l’égalité des chances, pour les personnes handicapées. Vous déclarez que “le Comité européen des régions devrait lui aussi respecter ce principe en donnant l’exemple”. Selon vous, qu’est-ce qui pourrait être amélioré au sein du Comité et plus largement au sein des administrations de l’UE et des pays membres pour favoriser cette inclusion ?

Nous avons demandé, par exemple, d’organiser un rendez-vous annuel consacré à ce sujet. Nous voulons que le Comité des régions puisse donner l'exemple. En étant aussi un employeur, il faut que le Comité européen des régions se dote de règles pour l’insertion professionnelle des personnes handicapées. Sur ce point, il faut aussi accorder plus d’attention aux femmes. Nous citons le rôle des aides soignants, qui sont dans 90% des cas des femmes, qui s'occupent des personnes handicapées. Donc le Comité européen des régions, en tant qu’employeur, doit donner l'exemple en se dotant un règlement pour l'inclusion des personnes handicapées.

Parmi les autres innovations à apporter pour améliorer le respect des droits des personnes handicapées en Europe, vous défendez l’objectif de reconnaissance mutuelle du statut de personne handicapée par tous les pays membres de l’UE d’ici 2023. Comment atteindre cet objectif selon vous ?

Exactement, ceci est une étape fondamentale, qui se réalise à travers la mise en place d’une carte européenne pour les personnes handicapées. Il faut uniformiser la reconnaissance des personnes handicapées. Aujourd’hui, si une personne porteuse de handicap veut déménager dans un autre pays, elle est obligée de se refaire tous les papiers pour que son handicap soit reconnu. Et elle n’aura pas forcément le même degré d’invalidité dans les autres pays. Donc il s’agit d’un objectif important. Il faudra du temps pour l’atteindre, mais commencer à y travailler maintenant veut dire atteindre une pleine reconnaissance à l’avenir. Cela veut dire que si une personne handicapée déménage dans un autre pays, elle doit pouvoir retrouver tous les droits dont elle bénéficiait dans son pays d’origine, grâce à cette carte et sans devoir remplir des millions de papiers.

© European Committee of the Regions, CC BY-NC-SA 2.0, via Flickr

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