Artiste européen·ne de la semaine

Marijus Aleksa (VILNIUS) - Artiste européen.ne de la semaine

Gabriele Kutheviciute Marijus Aleksa (VILNIUS) - Artiste européen.ne de la semaine
Gabriele Kutheviciute

Cette semaine nous nous intéressons à Marijus Aleksa. 

  

Chapitre 1. Un passionné du rythme

Marijus Aleksa grandit à Vilnius dans une famille de musiciens, son père est bassiste et parolier dans un groupe de rock, sa mère est professeure de piano, son frère est violoncelliste et bassiste, et sa tante est bassiste dans un groupe de heavy metal. Il commence à jouer de la batterie à ses cinq ans, sur tout ce qu'il pouvait trouver à sa maison : des casseroles, des pots de beurre de cacahuètes... C'est à ses treize ans, en 1999, qu'il fait ses débuts dans le jazz pour devenir aujourd'hui une figure du genre dans les Pays Baltes. De nombreuses récompenses, de nombreuses collaborations et de nombreux projets. Des groupes comme Riot et Mockuna Nuclear par exemple. Il a aussi expérimenté la formation duo à travers divers projets, comme Santaka et Music for a non Existent Movie. Marijus Aleksa est un musicien très reconnu, qui a d'ailleurs été élu meilleur batteur au concours national des jeunes musiciens de jazz en 2001, et a remporté le premier prix du concours de batteurs des États baltes en 2007. Une renommée qui l’amène à devenir au cours de sa carrière, un partenaire de scène d'envergure et à collaborer avec des artistes au delà de la Lituanie, tels que les américains Keyon Harold et China Moses et les britanniques Bill Laurance, Joe Armon Jones ou encore Ashley Henry. C'est vrai que la collaboration est très importante pour lui, et son dernier projet l'atteste : As They Are, un album réalisé avec 23 musiciens, venus des quatre coins du monde.

  

    

Chapitre 2. Mockuno Nuclear, une explosion jazz

Marijus Aleksa, une figure du jazz et un batteur très reconnu en Lituanie. Mainte fois récompensé, il a sillonné les scènes du monde auprès de grands musiciens. Parmi ses nombreux projets, aujourd'hui nous nous intéressons à Mockuno Nuclear. Le projet réunit 4 musiciens déjà bien connue des scènes lituaniennes : Dimitrij Golovanov au clavier, Jakob Riis à la basse, Marijus Aleksa à la batterie, et le leader du groupe Liudas Mockūnas, un saxophoniste hors pair et l'une des figures de proue du jazz contemporain en Lituanie. Les quatre musiciens jouent ensemble depuis des années, dans les jam et au sein de plusieurs projets dont Saga Quartet par exemple. C'est en 2010, au festival Birštonas Jazz, qu'ils décident de monter ce groupe. Avec Mockuno Nuclear, ils explorent le paysage du jazz et de l'improvisation libre, en allant puiser dans divers langages, du heavy rock au punk, en passant par le classique et la free funk. Ils ont publié un album en 2016, Drop It. L'album oscille entre des interprétations relativement familières et des improvisations débridées, et les morceaux alternent des grooves jazz puissants avec des passages plus introspectifs et intimes. Une diversité musicale surprenante !

  

Chapitre 3. Santaka, une exploration du rythme

Marijus Aleksa: un explorateur des rythmes, un amoureux de jazz, et un féru d'expérimentations en tout genre. Parmi ses nombreux projets et ses nombreuses collaborations, il y en a une qui vaut particulièrement le détour : Santaka. Un duo made in Lituanie du batteur Marijus Aleksa et du DJ et producteur Mandredas, une rencontre entre la batterie jazz et la musique club. L'amitié est née de la passion commune pour les musiques des années 70 qui fusionnaient les sons électroniques au jazz, à l'avant-garde et aux musiques du monde. Leur collaboration se concrétise en 2022 avec un album, No Rivers Here. Trois titres d'une dizaine de minutes, qui explorent les langages du jazz et de l’électronique avec des sonorités exotiques et des rythmes endiablés. Comme une rivière, dans cet album la musique est en mouvement perpétuel, et le courant nous emporte avec lui. On ne se noie pas et pourtant il nous est difficile de résister. Un morceau, 10 minutes. Le temps de nous emmener déjà loin, avec des petites figures mélodiques et rythmiques qui s'enchaînent, et créent à la fois un sentiment de répétition et de mouvement continu.

  

  

Il ne leur a pas fallu longtemps à Santaka pour présenter un nouveau projet,  Santaka EP, paru le 10 mars dernier. Toujours dans la même optique que le précédent, avec des morceaux de 6 à 10 minutes. Entre digital et organique, la machine et le tribal, le jazz et l'électro minimale, l'EP est un voyage à travers le rythme.

  

  

Chapitre 4. Une musique pour un film qui n'existe pas

Marijus Aleksa, un batteur hors pair, un explorateur de rythmes, et un collaborateur prolifique. Nous l'avons vue dans les chapitres précédents avec deux de ses collaborations, le quartet Mockuno Nuclear et l'électro jazz Santaka. Aujourd’hui je vous propose d'explorer une autre de ses collaboration avec Paulius Kilbauskas, un compositeur et producteur de musiques électroniques. Nous commençons à connaître un peu Marijus Akeksa, et vous savez qu'il aime l’innovation et l'expérimentation. Ça décrit parfaitement ce projet, qui dure le temps d'un album : un mélange de musique électroacoustique, minimaliste, de jazz et d'avant-garde.

  

  

« Music for non existent movie ». C'est le nom de l'album, réalisé en 2022, dont nous venons d'en entendre un extrait. Enregistré en direct au Vieux théâtre de Vilnius, la musique a été construite comme une musique de film. Si le film n'existe pas, les références cinématographiques sont bien présentes pourtant. En plus de la musique, les titres des morceaux par exemple : ce ne sont pas des mots mais des signes, une typographie qui s'inspire de la « pyramide de Gustav Freytag », utilisée par les réalisateurs de films pour créer leurs scénarios. Sur cet album les musiciens utilisent en plus de l'acoustique de la batterie, des technologies électroniques et numériques. Bien qu'écrite, l'œuvre évolue et se façonne en live, car modifiée et transformée en direct par les musiciens. Ainsi, chaque représentation est unique. Avec cet album Music for Non Existent Movie, encore une fois Marijus Aleksa repousse les limites de style, en mêlant les textures de la batterie à l'électronique, et en proposant des procédés de composition novateurs.

  

Chapitre 5. Du collage sonore

Chez Marijus Aleksa, les collaborations sont nombreuses. Nous l'avons vu dans les précédents chapitres avec le groupe Mockuno Nuclear, son duo Santaka, et Music for Non Existent Movie, son projet de musique de film cinématique. Quelques uns parmi les nombreuses collaborations qu'il a mené au long de sa carrière, sur la scène lituanienne et anglaise, car en 2008 le musicien a quitté Vilnius pour Londres. Alors aujourd'hui, nous nous intéressons à son dernier projet en date, paru le 17 mars dernier: l'albumAs They Are. Une riche tapisserie sonore construite autour d'une batterie entraînante enracinée dans l'afrojazz. Il y invite des sonorités diverses : la mélodie lumineuse d'une trompette dans le titre See, un saxo grave et puissant dans Things, le son futuriste d'une électro et d'un rhodes dans les morceaux Do, Is, Itou Be, et puis des morceaux très organiques comme As They Are.

   

  

Le titre Guided By Sensations, qui illustre bien le caractère général de l'album : une fusion de styles et de sons, sans aucune barrière. On pourrait croire que Marijus Aleksa a collé des textures sonores pour créer cet album. En fait, c'est un peu ça. L'album As They Are est le résultat de trois années d'enregistrement et de sessions de jam. Des sons venues de différents musiciens et musiciennes, et de différentes parties du monde : de Lituanie, des États-Unis, du Royaume-Uni et de Cuba. Alors si vous souhaitez voyager, cet album est idéal. Ce ne sont pas tellement les mélodies ou les harmonies qui font écho à d'autres lieux ou d'autres atmosphères. Chez lui le rythme et le timbre rythmique ont une place centrale. C'est à travers eux qu'il explore, qu'il nous parle, et qu'il créé un monde ou la notion de frontière ou de limite n'existe pas. La musique de Marijus Aleksa est libératrice. 

  

  

Une émission proposée par Mari le Diraison.