En cette rentrée, l'album européen de la semaine fait place à l'artiste européen·ne de la semaine ! Chaque semaine, euradio vous fait découvrir un·e artiste émergent·e de la scène musicale européenne.
Nous nous intéressons cette semaine à Bishi, chanteuse anglaise d’origine indienne mais aussi joueuse de sitar, compositrice, productrice, performeuse et militante.
Chapitre 1 : Une déesse interculturelle
Née Bishi Bhattacharya, fille d’une chanteuse indienne classique, Bishi a deux albums autoproduits à son actif où elle exerce son intérêt conjugué pour l’électro, le folk en général, et la musique indienne traditionnelle en particulier.
Elle a tout récemment sorti “Language is an Ocean”, un nouveau single, qui annonce son troisième album “Let My Country Awake” prévu pour le mois d’octobre.
https://www.youtube.com/watch?v=Nt3nNtZ0YF8
L’album lui a été inspiré par la lecture de “The Good Immigrant”, un recueil d’essai publié en 2017, dans lequel Nikesh Shukla réunit les écrits de 21 écrivains explorant le sujet de l’immigration en Angleterre. Bishi y a trouvé un écho de son expérience personnelle de femme issue de l’immigration et de sa difficulté à se construire avec l’influence de deux cultures radicalement différentes.
C'est armée de son sitar, instrument traditionnel indien, de son synthé et de sa voix mélodieuse, qu'elle nous emmène dans un univers unique et multiculturel qui n'appartient qu'à elle.
Chapitre 2 : La fille de sa mère
Bishi n’a jamais été simple à caractériser dans l’industrie musicale, de par son style mélangeant les sonorités indiennes dont elle est l'héritière, mêlé à sa prédilection pour l’électro issue de ses soirées londoniennes.
Elle rend hommage à son héritage musical d’origine Bengali dans de nombreux morceaux. D'ailleurs, elle maîtrise parfaitement le sitar, instrument à cordes pincées typique de la musique hindou, qu’elle a étudié à la Ravi Shankar School of Music.
Sa passion pour la musique lui vient d’abord de sa mère, Susmita Battacharya, qui est une chanteuse indienne reconnue. Les deux femmes se rejoignent dans un duo mère-fille dans le titre “Gram Chara” :
Dans le titre “Namaste”, extrait de son premier album, Bishi nous fait une démonstration de sa maîtrise du sitar : https://www.youtube.com/watch?v=iCX9R4tEYP0
Chapitre 3 : La clubbeuse londonienne
Bien que Bishi soit née dans la culture musicale indienne, elle a surtout été élevée dans les clubs queers londonniens…
Dans de nombreuses interviews, Bishi souligne l’importance des soirées londoniennes dans le développement de son identité musicale. C’est dans ces soirées qu'elle a pu explorer le monde des synthétiseurs et de la musique électro.
C’est aux côtés de Patrick Wolf qu’elle fait ses débuts en tant que DJ de l’un des clubs les plus populaires du début des années 2000, le Kash Point.
Dans “Free, but not for long”, les deux amis collaborent dans un mélange de percussions aux sonorités sud asiatiques et d’électronique quelque peu désordonné...
C’est aussi à cette période que Bishi découvre le travail des chanteuses Björk et Laurie Anderson, inspirations que l’on retrouve beaucoup dans sa voix. D’ailleurs, le titre du morceau de Bishi “Language is an Ocean” à l’honneur du premier chapitre, n’est pas sans rappeler le titre de l’un des plus grands succès de Laurie Anderson “Language is a virus from outer space”.
https://www.youtube.com/watch?v=KvOoR8m0oms
Chapitre 4 : Boss lady
De musicienne, à artiste en passant par performeuse, Bishi est très engagée et défend la place des femmes et des personnes non binaires dans le monde de la technologie et de la musique. Elle reproche notamment à l’industrie musicale son manque d’inclusivité. C'est pourquoi elle a créé un collectif appelé WITCiH, (l’acronyme de Women in Technology Creative Industries Hub) dont elle est la directrice artistique et qui a pour objectif de promouvoir le travail des femmes dans l’industrie musicale et technologique.
Dans leur quête de diversité et d’égalité au sein de ces industries, Bishi et son mouvement WITCiH organisent de nombreux workshops, des conférences diverses et variées et des festivals de musiques. Et en 2020, Bishi a aussi lancé le podcast “Creative Women in Tech” pour adresser les thématiques qu’elle défend.
Dans le single “Passport is a Palace” sorti en 2021 et qui figurera sur son futur album “Let My Country Awake”, Bishi évoque son besoin d’appartenance et la difficulté à être acceptée par l’industrie musicale en tant qu’artiste :
https://www.youtube.com/watch?v=ZWSRmvxGGWU
“Where do we belong ?” se demande Bishi dans ce morceau, en référence à ses propres origines, mais aussi aux femmes qu’elle défend et qui ont peu de place dans l’industrie musicale. Elle a fait le constat à plusieurs reprises de sa difficulté à être acceptée dans l’industrie, se sentant jugée comme trop peu blanche, trop vieille et trop queer pour être vendue.
Chapitre 5 : Une performeuse artistique
Nous avons déjà évoqué les multiples facettes de l’artiste. Nous terminerons en présentant ses talents de performeuse. Car pour Bishi, la musique et les performances artistiques visuelles ne font qu’une.
Elle unit les deux dans des installations complexes durant ses concerts, où elle ne se présente pas seulement en tant que joueuse de sitar et chanteuse mais en tant qu’artiste performeuse complète à l’univers riche.
Si l’on met les pieds à l’une de ses performances, on se retrouve face à des projections interactives spectaculaires et colorées.
A l’image des ses œuvres, le single Ostara, sorti en 2021, aux sons électriques rythmés, Bishi nous transporte dans un voyage musical entre Londres et l’Inde :
Nous pourrons retrouver son troisième album, “Let My Country Awake” le 15 octobre 2021. Bishi y transforme sa sitar traditionnelle en sitar électrique, mêlant à merveille ses origines indienne à sa culture musicale londonienne…
Ainsi s’achève notre voyage aux côtés de BISHI, déesse interculturelle, fille de sa mère, clubbeuse, boss lady, militante et performeuse.
Pour écouter l'ensemble des chapitres de la semaine :
Rendez-vous la semaine prochaine pour vous présenter un·e nouvel·le artiste européen·ne émergent·e…
Suzanne Gerles
© Bishi