Artiste européen·ne de la semaine

Monoswezi - Artiste européen de la semaine

Monoswezi - Artiste européen de la semaine

L’artiste européen de cette semaine est Monoswezi, un collectif de musiciens originaires d’Afrique et d’Europe, qui revisite les musiques africaines traditionnelles (du Mozambique et du Zimbabwe) en particulier, en y ajoutant des accents de jazz nordique et la modernité des sons occidentaux. Le nom du groupe est la contraction de toutes les nationalités de ses membres : Mo de Mozambique, No de Norvège, Swe de Suède et Zi de Zimbabwe. 

Chapitre 1 : Cinq musiciens, cinq albums, quatre destinations

La sortie la plus récente du groupe n’est autre que leur 5ème album, Shanu, qui signifie justement “Cinq” en langue Shona, la langue parlée au Zimbabwe. Pour le découvrir, on écoute le morceau Tsika Dzakohttps://www.youtube.com/watch?v=Rc5o-Yj2geI

Shanu veut dire cinq comme le cinquième album de Monoswezi mais désigne aussi les cinq musiciens qui composent le groupe. Il se compose autour du multi instrumentiste norvégien Hallvard Godal (qui joue environ 7 instruments sur l’album Shanu), de la chanteuse zimbabwéenne Hope Masike (qui joue aussi du mbira dans la quasi-totalité des albums de Monosewzi). S’ajoutent à eux les suédois Putte Johander à la basse, Eryk Nylander à la batterie et aux percussions, et le percussionniste mozambicain Calu Tseman. 

La musique africaine traditionnelle est l’inspiration majeure de Monoswezi. C’est sans aucun doute le cas dans leurs 4 précédents albums, or, le plus récent, Shanu, transmet une impression occidentale plus marquée. Erik Nylander, le batteur du groupe, prend les rênes de l’album dans la plupart des morceaux, et notamment dans Tsika Dzako, morceau aux rythmes tout droit sortis d’un club, auxquels s’ajoutent le synthé d’Hallvard Godal

Chapitre 2 :  Entre tradition et modernité

Nous retrouvons Monoswezi, quintet au croisement des musiques scandinaves et africaines. Et c’est justement la musique traditionnelle africaine qui nous intéresse aujourd’hui. Découvrons la, au son du morceau Xtimela de Monoswezi, morceau tiré de leur 2ème album, The Village, sorti en 2013. https://www.youtube.com/watch?v=lVisPoczo7Q

The Village, le deuxième album de Monoswezi, est un album très acoustique, qui rappelle les enregistrements “bruts” du jazz. Le son du groupe est grand ouvert sur leurs inspirations multiculturelles : entendez-y le mbira (un instrument traditionnel semblable au lamellophone), un doux saxophone, des percussions hypnotisantes, et des mélodies mémorables. 

La musique traditionnelle du Zimbabwe et du Mozambique ressemble à la musique occidentale. Sa fondation rythmique est semblable à celle du jazz américain. La plupart du temps, ce sont des musiques accompagnées par la danse et la participation de l’audience, ainsi, il n’y a pas de distinction entre le musicien et son public, ils ne font plus qu'un lors de la performance. 

Le titre Xtimela est justement un chant de célébration. Sur un air léger, la chanson raconte le voyage en bus qui permet de se rendre à une fête qui a lieu tous les ans au Mozambique. Le morceau évoque l’esprit des passagers, heureux d’aller festoyer… 

Chapitre 3 : La princesse du mbira 

Dans ce chapitre, c’est la chanteuse du groupe Hope Masike qui est à l’honneur, car elle est la figure principale du troisième album du groupe, Monoswezi Yanga. En voici le morceau Povo m’povo.https://www.youtube.com/watch?v=J4F2u5rWlXc

Monoswezi Yanga, est le deuxième album de Monoswezi, sorti en 2015. Sur sa couverture ne figure pas, comme à l’accoutumée, tous les membres du quintet, mais seulement sa chanteuse, Hope Masike, armée de son fidèle instrument traditionnel, le mbira. Elle tient d'ailleurs son surnom “the princess of mbira”, du fait qu’elle est l’une des seules femmes à savoir en jouer. 

Dans un parlé-chanté en langue Shona, Hope Masike et son mbira nous content des histoires zimbabwéennes traditionnelles. Nous sommes invités à s'asseoir autour d’elle et à se laisser bercer par les légendes de son enfance, et par le doux son de l’accompagnement des fidèles acolytes musiciens de Monoswezi. 

Dans le tout premier morceau de l’album, Hope Masike raconte que son mbira lui a été volé. Puis, il lui est retourné dans le titre qui conclut l’album. Entre les deux, dans le morceau Povo m’povo elle chante le fait de se battre pour ce qui nous appartient, en l'occurrence, son mbira.

Chapitre 4 : Symbiose musicale du Nord au Sud 

Nous poursuivons notre voyage musical du Sud au Nord entre le Mozambique, le Zimbabwe, la Norvège, et la Suède, aux côtés de nos guides, les membres du groupe Monoswezi. Au programme de ce chapitre : escale dans le 4ème album du quintet, qui s’intitule A Je. On le découvre en écoutant le morceau Sola Manihttps://www.youtube.com/watch?v=6Ao-gR4TL0A

Le 4ème album de Monoswezi, A Je, sorti en 2017, a été l’occasion pour le groupe d’explorer de nouveaux univers musicaux. Ils l’ont notamment fait au travers de leur collaboration, avec la musicienne de jazz norvégienne Kim Johannesen, dont on retrouve le banjo sur toutes les tracks de l’album. On retrouve d'autres instruments variés sur l'album : l’harmonium indien, le ngoni malien (une sorte de guitare), et bien sûr, comme dans tous les albums de Monoswezi, le mbira (un genre de lamellophone). 

Les compositions du groupe sont inspirées de l’héritage zimbawéen de leur chanteuse, Hope Masike, et mozambicain de leur percussionniste Calu Tseman, auxquelles s'ajoutent des inspirations du folklore nordiques, issues de la Suède et de la Norvège.  

Dans une interview, Hope Masike tente de mettre des mots sur la symbiose créative qui s’opère entre tous les membres de Monoswezi, malgré leurs différentes nationalités : “je pense que l’on partage les mêmes façons de penser la musique et de jouer dans un groupe. C’est étrange, mais parfois j’ai l’impression d’avoir plus en commun avec une personne qui vient de l’opposé du monde, qu’avec mon voisin.” 

Chapitre 5 : En quête de son héritage culturel

La semaine consacrée au collectif de 5 musiciens Monoswezi touche à sa fin dans ce dernier chapitre de l’artiste européen de la semaine. ll sera consacré au tout récent album du groupe, Shanu, sorti fin octobre 2021. Nous l’avons présenté en début de semaine, et aujourd’hui, nous nous intéressons à deux morceaux aux messages intéressants. On écoute d’abord Where Is My Mbira? https://www.youtube.com/watch?v=aLErOMhr2u4

Le titre Where Is My Mbira?, de Monoswezi, est un morceau qui évoque la quête de l’héritage culturel zimbabwéen d’Hope Masike, quelque peu effacé par la mondialisation. Dans un monde de plus en plus occidentalisé, Hope Masike est attristée de constater la disparition de sa culturel. Où est mon mbira ?, instrument traditionnel sud africain, est une question qui permet d’instaurer une conversation sur ce sujet.
Et justement, dans le morceau, le son du mbira est effacé par le mélange des percussions, des guitares et du clavier. 

Pour terminer, voici le morceau We crown you Nehanda, qui fait d’ailleurs son entrée dans la playlist d’euradio cette semaine. https://www.youtube.com/watch?v=MT5r5ZIjSsY

We crown you Nehanda est le seul morceau chanté en anglais sur l’album Shanu de Monoswezi. La chanteuse Hope Masike y invoque l’esprit de Nehanda Charwe Nyakaskiana, une combattante qui s’est révoltée contre les coloniaux britanniques venus au Zimbabwe au 19ème siècle. Ce morceau rend hommage à toutes les femmes qui s’expriment contre l’injustice : "to any woman who is screaming against injustice, who is wrestling the invisible chains of oppression”

Pour écouter l'ensemble des chapitres de la semaine :

Rendez-vous la semaine prochaine pour vous présenter un·e nouvel·le artiste européen·ne émergent·e… 

Suzanne Gerles