La guerre des étoiles

James Webb : le télescope spatial (Partie 1)

© ESA ATG James Webb : le télescope spatial (Partie 1)
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Tous les mercredis, écoutez Iris Herbelot discuter d'un sujet du secteur spatial. Tantôt sujet d'actualité ou bien sujet d'histoire, découvrez les enjeux du programme européen Hermès, de la nouvelle Ariane 6, ou encore de la place de l'Europe dans le programme Artémis. Ici, nous parlons des enjeux stratégiques pour notre continent d'utiliser l'espace pour découvrir, innover, et se défendre.

Nous nous retrouvons aujourd’hui pour la première partie d’un épisode consacré au télescope spatial James Webb, à l’origine d’une grande partie des observations et découvertes scientifiques spatiales de ces dernières années.

Effectivement depuis son placement par Ariane 5 début 2022, James Webb a permis de nombreuses observations nouvelles, grâce à son champ de vision dans l’infrarouge proche, là où Hubble, qu’il est venu compléter –et non pas remplacer– observe dans le champ visible.

Donc James Webb apporte des observations nouvelles d’objets célestes qu’on connaissait déjà.

Quelle agence spatiale est à l’initiative de James Webb ?

C’est un télescope issu d’un partenariat international entre la NASA, l’agence spatiale américaine, qui est l’acteur et opérateur principal de James Webb, ainsi que l’ESA, l’agence spatiale européenne, et la CSA, l’agence spatiale canadienne.

Après, James Webb est un parfait exemple de coopération internationale au service de la science avant tout, ses créneaux d’utilisation ne sont pas calculés au prorata de la participation des pays dans la conception et le lancement de James Webb, c’est un programme qui alloue des temps d’observation à des équipes scientifiques qui candidatent pour utiliser James Webb. Chaque année, un emploi du temps de James Webb est fait, sur la base des candidatures pour son utilisation, et tout le monde peut candidater pour l’utiliser. Mais il est si populaire et demandé qu’environ un dixième des candidatures sont retenues.

Qu’est-ce qui fait de James Webb un télescope particulièrement efficace et demandé ?

Plusieurs facteurs. Déjà, son champ d’observation dans l’infrarouge, qui permet d’observer des objets à température basse, donc potentiellement loin, qui ne sont pas visibles à l'œil, par exemple qui sont cachés par de la poussière, et donc qu’Hubble pouvait deviner mais ne pouvait pas observer.

Ensuite il y a son orbite, James Webb n’orbite pas autour de la Terre, il a été placé par la fusée Ariane près du deuxième point de Lagrange, donc en orbite autour du soleil sur un point instable. Instable ici n’est pas un problème, au contraire, parce que ça évite un agglutinement d’objets et donc des collisions. Et James Webb dispose de carburant pour régulièrement ajuster son orbite. Et petit rappel d’à quel point Ariane 5 était la reine des lanceurs ; la précision inégalée avec laquelle elle a placé James Webb en orbite a permis des économies de carburant qui doublent la durée d’utilisation de James Webb !

Quels sont les objectifs de James Webb ?

James Webb a été envisagé dans un ensemble de télescopes spatiaux et terrestres, et sert avant tout à des missions de trackage et d’observations des premières galaxies de l’univers, les galaxies nées d’un premier effondrement de gaz. Toujours sur les galaxies, il les observe pour permettre une catégorisation et d’affiner les théories sur leur évolution.

James Webb permet aussi d’observer et étudier le cycle de vie des étoiles.

Et bien sûr, ce sur quoi on reviendra la semaine prochaine, James Webb peut mesurer par spectroscopie la composition des atmosphères d’exoplanètes et donc aider les scientifiques à potentiellement détecter de la vie ailleurs que sur Terre.

Il a quatre instruments embarqués, qui observent tous dans des ondes infrarouges différentes, et qui permettent une modularité et une diversité d’observations.

Ce qui est enthousiasmant pour les chercheurs, c’est aussi que James Webb, dont la mission première est de répondre à un set de questions sur les premiers temps de l’univers et sur d’hypothétiques voisins cosmiques ; fait émerger de nouvelles questions à mesure qu’il est tenté de répondre aux premières. Donc ses missions évoluent à mesure des observations et des hypothèses soulevées.

Un entretien réalisé par Laurence Aubron.