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Le changement climatique : l’atténuation

Photo de Christian Naccarato - Pexels Le changement climatique : l’atténuation
Photo de Christian Naccarato - Pexels

Une chronique de Christine Le Brun, Experte Smart Cities & Places chez Onepoint, où nous parlerons de villes, d’outils et de technologies numériques, de données, mais aussi des citoyens et de ceux qui font les villes.

Bonjour Christine, on a entendu parler dans l’actualité récente du Plan National d’Adaptation au changement climatique et vous vouliez en profiter pour nous parler de la manière dont les villes appréhendent cette question du changement climatique.

Oui Laurence, c’est évidemment un sujet très vaste et très important, et qui mérite bien plusieurs chroniques. Pour l’aborder du point de vue des villes, on peut rappeler ce qui structure le plus l’ensemble des initiatives, à savoir les accords de Paris. Ceux-ci datent de fin 2015, et ont été signés aujourd’hui par plus de 190 pays à l’échelle mondiale. C’est un accord juridique qui se veut contraignant et par lequel les pays s’engagent à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre dans l’objectif de contenir la hausse des températures en dessous de 2°C. Car ce sont bien ces gaz qui sont à l’origine de l’effet cocotte-minute qui produit le réchauffement climatique. En France, l’accord de Paris a pris la forme d’une Stratégie Nationale Bas Carbone qui a fixé un objectif de neutralité carbone à l’horizon 2050.

Et pouvez-vous nous rappeler ce qu’est la neutralité carbone ?

Oui bien sûr. Selon la définition du parlement européen, cela représente l’équilibre entre les émissions de carbone et l'absorption du carbone de l'atmosphère. Cette absorption est réalisée par les puits de carbone que sont par exemple les forêts, les lacs et les océans qui agissent comme des réservoirs qui capturent le CO2. C’est une des raisons pour lesquelles la gestion responsable des espaces naturels est une question aussi cruciale. Il faut donc, d’une part les préserver, et d’autre part travailler à réduire nos émissions de CO2.

Et donc, les villes sont bien sur impliquées sur ce sujet ?

Forcément Laurence ! Je vous rappelle que, si les villes occupent seulement 2% de la surface de la terre, elles produisent par contre 80% des émissions de gaz à effet de serre ! Donc il y a fort à faire. Je me permets d’ailleurs au passage d’indiquer que dans d’autres pays en Europe, certaines villes se sont donné de plus grandes ambitions, comme Helsinki qui entend atteindre la neutralité carbone en 2030, ou encore Stockholm, Hambourg ou Manchester en 2040.

Versus 2050 pour la France. Et concrètement, comment on compte s’y prendre ?

En France, la stratégie nationale bas carbone est comme un guide qui donne les grandes orientations aux collectivités qui doivent l’intégrer dans leurs politiques environnementales. Elles ont l’obligation d’élaborer des PCAET, des Plans Climat Air Energie Territorial, qui contiennent donc un volet décarbonation. Le but étant qu’à chaque maille du territoire, chacun mette en œuvre des solutions qui permettent de limiter les émissions de gaz à effet de serre. Ce qui in fine, se cumulera, et permettra d’atténuer le réchauffement climatique. C’est pourquoi on associe souvent les notions de décarbonation et d’atténuation.

C’est donc un vaste chantier. Quels sont donc les principaux leviers sur lesquels les villes peuvent agir ?

Il y en a beaucoup, et je vais en citer 3 : les bâtiments, la mobilité et l’aménagement urbain. En milieu urbain, les bâtiments représentent à eux seuls près de la moitié des émissions de gaz à effet de serre. Ils sont très consommateurs d’énergie, et cette énergie est souvent du gaz ou même encore du fioul. La majorité d’entre-eux ont été construits à une époque où la notion même de sobriété énergétique n’existait pas. On a donc 2 leviers : premièrement la rénovation, pour consommer moins ; ensuite modifier ce qu’on appelle le mix énergétique, cad changer de mode de production, pour supprimer le recours aux énergies fossiles, en privilégiant par exemple les pompes à chaleur ou les réseaux de chauffage urbain.

Pour ce qui est de la mobilité, les villes s’efforcent de limiter l’usage de la voiture en encourageant la pratique du vélo, ou du covoiturage. Ce dernier n’est pas négligeable car plus qu’à l’intérieur de la ville, ce sont les déplacements entre les différentes strates des zones urbaines qui représentent la majorité des émissions liées à la mobilité individuelle (78%).

Enfin, en ce qui concerne l’aménagement, même si c’est pour créer des pistes cyclables, il faut faire attention à préserver les espaces naturels, et même à profiter de tout nouvel aménagement pour séquestrer plus de carbone, soit en renforçant la végétalisation de la ville, soit en favorisant la renaturation, ou encore en ayant recours à des matériaux biosourcés.

Pour une fois, vous ne nous avez pas encore parlé de numérique ? Est-ce qu’il peut aider là-dedans ?

Le numérique a effectivement une part à prendre dans tous ces efforts. Par exemple, nous avons déjà parlé des bâtiments, où les systèmes de pilotage intelligent permettent de limiter les consommations liées au chauffage et à la climatisation. Nous avions aussi évoqué toutes ces données remontées par des capteurs qui donnent des informations sur la ville. Celles-ci sont essentielles pour apprécier l’impact des politiques mises en place, par exemple l’évolution des pratiques de covoiturage ou des flux de vélo sur les pistes cyclables.

Un entretien réalisé par Laurence Aubron.