La semainière de Quentin Dickinson

Décisions industrielles majeures - Quentin Dickinson

Décisions industrielles majeures - Quentin Dickinson

Alors, avez-vous passé une bonne semaine ?...

Au fond, on ne peut pas dire le contraire, puisque, de façon assez imprévue, deux décisions majeures sont simultanément venues éclairer l’avenir de deux secteurs industriels européens. D’abord, les avionneurs DASSAULT et AIRBUS-DÉFENSE ont enfin l’un et l’autre mis de côté leurs états d’âme, ce qui permet au projet d’avion de combat européen du futur de se remettre à aller de l’avant. Pour ce retour des deux industriels à une sage sérénité, on peut voir l’effet de la guerre en Ukraine qui, dans ce cas comme dans nombre d’autres, aura eu pour conséquence de pousser à l’unité les gouvernements européens.

…et l’autre décision industrielle ?

C’est une démonstration dans les conditions réelles d’exploitation d’une locomotive entièrement autonome. Le fabricant ALSTOM a fait évoluer dans un centre de triage aux Pays-Bas un engin diesel-électrique, chargé de composer des rames de wagons de marchandises, selon un programme précis et sans l’assistance d’un machiniste. La locomotive manœuvre sans hésitation et repère (et évite) les obstacles qu’on a disposés sur la voie. L’extension du système aux rames de voyageurs débutera dès l’année prochaine sur des lignes régionales en Allemagne. Un agent qualifié sera toujours à bord du train et, si nécessaire, la conduite pourra en être assurée à distance par un centre de contrôle.

Vous évoquiez à l’instant la guerre en Ukraine – le Conseil de l’Union européenne vient de renforcer le régime de sanctions contre la Russie, c’est cela ?

C’est bien cela : la décision est tombée samedi et est entrée en vigueur dès lundi. Non sans mal ni multiples péripéties de dernière minute, les Vingt-sept ont fini par tomber d’accord pour imposer un tarif maximum de soixante Dollars américains par baril de pétrole vendu par la Russie – pour autant que celle-ci poursuive ses livraisons vers l’UE, puisque le Kremlin a immédiatement rejeté cette contrainte. L’idée est évidemment de limiter les ressources qui permettent à MOSCOU de financer son agression contre l’Ukraine. Sont visés également les huiles et autres produits pétroliers, ainsi que les activités de transport maritime, d’assistance technique, financière, et d’assurances liées aux exportations d’hydrocarbures russes. La Russie pense pouvoir réorienter celles-ci vers d’autres marchés, tels ceux de la Chine ou de l’Inde, mais ces pays seraient à leur tour sanctionnés pour avoir violé les sanctions européennes – sauf à acheter le pétrole russe pour moins de soixante Dollars. Les professionnels du secteur disent constater la discrète constitution, par des entreprises russes ou leurs faux-nez, d’une flotte de vieux navires pétroliers – mais, s’interrogent-ils, qui voudra les assurer ?

Le tarif sera revu tous les deux mois.

Autre chose pour la semaine écoulée ?

Le Brexit, c’est un peu, pour les Britanniques, le sparadrap du Capitaine HADDOCK. Vous le savez, à LONDRES, les gouvernements successifs ont maintes fois proclamé qu’ils allaient faire un feu de joie de toutes les règles techniques européennes, toujours présentes dans la réglementation britannique.

On a eu beau leur expliquer que cela signifierait la fin de leurs exportations vers l’UE dans les secteurs où les produits ne correspondraient plus aux normes européennes, qui, de plus, sont appliquées un peu partout dans le monde, rien ne paraît pouvoir infléchir la myopie court-termiste des brexiteurs.

Et voilà que des associations de consommateurs Outre-Manche donnent l’alerte : l’abandon des règles, disent-elles, sur les jouets mettrait gravement en péril la santé et la sécurité des jeunes enfants.

En cette période de l’année, le Père Noël est sûrement solidaires de ces associations.

Et pour cette semaine, quelques repères ?

Forte présence de ministres des pays de l’UE à BXL (150 en tout, si je ne me trompe pas dans mes calculs), une activité foisonnante comme toujours juste avant la trêve des confiseurs, activité dont on retiendra en vrac : la gestion des entorses à l’État de droit en Hongrie ; un nouveau soutien de 18 milliards d’Euros pour l’Ukraine ; les grands travaux d’infrastructure, principalement ferroviaire, du Réseau transeuropéen de Transport ; et la perspective de l’extension de la zone SCHENGEN à la Roumanie, à la Bulgarie, et à la Croatie.

Rien à ajouter ?

Si fait : samedi, la Journée internationale des Droits humains, qui coïncide avec la remise, à OSLO, du Prix Nobel de la Paix à l’avocat biélorusse Ales BIALIATSKI et à deux organisations de défense des libertés civiles, l’une russe, l’autre ukrainienne.

Et puis, n’oublions pas cet avant-goût de la Noël pour les enfants méritants (on y revient) : c’est la Saint-Nicolas, ses friandises et ses cadeaux, principalement fêtée dans les pays du Benelux.

Entretien réalisé par Laurence Aubron.