Retrouvez chaque semaine la semainière de Quentin Dickinson sur euradio. L'occasion de découvrir la diplomatie et l'actualité européenne sous un nouvel angle.
Alors, QD, qu’avez-vous retenu de ces derniers jours ?...
Si vous pensiez que j’allais vous entretenir du retour de Donald TRUMP à la Maison-Blanche, vous auriez été déçue – cette actualité-là est largement traitée par ailleurs, et, de toute façon, la plus élémentaire prudence commande d’attendre les faits avant que de se risquer à un quelconque commentaire (et non l’inverse).
A défaut de Donald TRUMP, de quoi allez-vous nous entretenir, alors ?...
On aurait sans doute tort de ne pas s’intéresser à la toute récente tournée à l’étranger du Premier ministre britannique, Sir Keir STARMER. Première étape : KIEV, où le généralement impassible travailliste aura sursauté lors de la destruction en vol d’un drone russe au-dessus du Palais Mariinsky, siège de la présidence, au moment où s’y déroulait un entretien avec Volodymir ZELENSKY (qui, lui, n’a pas bronché). Le Britannique, qui s’est toujours montré très favorable à un soutien militaire accru à l’Ukraine, a paraphé un accord de partenariat liant le Royaume-Uni à l’Ukraine pour cent ans (pas moins !).
Le déplacement s’est poursuivi à VARSOVIE, avec des pourparlers prolongés avec le Premier ministre Donald TUSK. Ceci est tout, sauf anodin : le Royaume-Uni est une puissance militaire et le seul pays européen, en dehors de la France, à disposer de l’arme nucléaire ; et la Pologne, de son côté, a entamé un développement spectaculaire de son potentiel de défense, développement qui devrait lui assurer le tout premier rang en Europe centrale.
Dans plus d’un mois, les Allemands vont aux urnes, et l’on peut déjà en suivre la campagne…
C’est cela, et ce sont les élections législatives à la Diète fédérale, le Bundestag, qui se tiendront le 23 février prochain. Ce n’est évidemment pas pour tout de suite, mais l’actuelle évolution des intentions de vote n’est pas sans intérêt ; ainsi, le tout dernier sondage YouGov place les démocrates-chrétiens de la CDU-CSU, actuellement dans l’opposition, largement en tête avec 222 sièges, alors que les libéraux de la FDP ainsi que l’extrême-gauche de Die Linke n’auraient plus aucun élu. La coalition (toujours possible) entre les sociaux-démocrates de la SPD et les Verts ne totaliserait que 216 sièges ; la coalition (peu vraisemblable) entre l’extrême-droite de l’AfD, arrivée en deuxième place, et les populistes de l’Alliance Sahra-Wagenknecht plafonnerait à 191 sièges – en clair, pour l’instant, les démocrates-chrétiens jouent sur du velours – mais doivent à tout prix éviter tout faux-pas au cours de ces quatre prochaines semaines.
Mais des campagnes électorales sont aussi en cours ailleurs, QD…
On surveillera également deux autres élections : samedi, ce sera la présidentielle en Grèce, et le lendemain, également une présidentielle, cette fois-ci en Biélorussie – mais là, le résultat n’autorise pas le moindre doute.
On aura, ces temps derniers, beaucoup évoqué le différend entre la France et la Commission européenne au sujet des accords économiques et douaniers entre l’UE et le Mercosur, cet espèce de Marché commun entre cinq pays d’Amérique latine ; mais, QD, cette négociation n’en est qu’une parmi bien d’autres, actuellement parvenues à des stades d’avancement différents…
On s’était aperçu, depuis plusieurs mois, que la Commission européenne avait multiplié les initiatives pour relancer ou conclure des conventions commerciales avec nombre de pays tiers, dont en particulier la Malaisie ; les cyniques soutiennent qu’il fallait en effet engranger le maximum de certitudes avant l’arrivée aux affaires de M. TRUMP.
Or, cette préoccupation paraît partagée par le gouvernement indien, qui a insisté pour pousser les feux lors d’une négociation technique détaillée à haut niveau samedi et dimanche derniers. L’Inde constitue, semble-t-il, une priorité également pour la Commission ; attendez-vous donc à apprendre que le 28 janvier, Mme von der LEYEN emmène à la NOUVELLE-DELHI l’ensemble des vingt-six commissaires européens.
On ne se plaindra pas de constater le retour tant attendu d’un certain volontarisme géopolitique de la part de l’Union européenne.
Un entretien réalisé par Laurence Aubron.