Les Voies de l'histoire

La nature de l’impérialisme européen

© Couverture du livre La nature de l’impérialisme européen
© Couverture du livre

Chaque mois, Virginie ADANE du CRHIA accueille à son micro des historiens et historiennes pour nous guider vers un sujet du passé, qui parfois, peut éclairer notre présent.

Ce mois-ci dans Les Voies de l’Histoire se concentre sur l’impérialisme européen à travers le prisme des jardins botaniques coloniaux. Virginie Adane accueille pour l'occasion Hélène Blais, historienne spécialiste des colonisations et de l’histoire environnementale, pour discuter de son ouvrage L’empire de la nature (2023).

L’entretien explore la relation entre l’empire colonial et la nature, en particulier dans la création et l’utilisation des jardins botaniques du XVIIIe au début du XXe siècle. Initialement perçus comme des espaces de curiosité scientifique et de divertissement, les jardins botaniques se révèlent être des instruments impérialistes, servant à organiser et classifier la nature coloniale.

Hélène Blais explique comment ces jardins ont été utilisés pour matérialiser l'empire, circuler des marchandises et des savoirs, et accomplir une mission scientifique, tout en ayant un rôle économique et en générant des profits pour les métropoles. Les jardins ont aussi été des lieux d’expérimentation et d’acclimatation des espèces, qui révèlent des stratégies coloniales visant à dominer et exploiter les territoires.

Les usages diversifiés de ces jardins par les populations colonisées et la façon dont ces espaces ont servi à la fois de lieux d’exposition de la nature et de gestion des relations de pouvoir sont également abordés. Les jardins botaniques sont analysés dans une perspective globale, en examinant leurs rôles dans les différents empires européens, tels que la France, la Grande-Bretagne et les Pays-Bas.

Hélène Blais aborde également la question de la décolonisation de ces lieux et de leur rôle actuel, notamment avec des exemples comme le Jardin d’Essai d’Alger et Kew Gardens à Londres. Il est donc important de comprendre ces espaces comme étant aussi profondément politiques que récréatifs, soulignant ainsi l’interconnexion entre l’histoire impérialiste et l’environnement.

Invitée : Hélène Blais, historienne spécialiste des colonisations et de l’histoire environnementale.