Bienvenue dans cette édition de « L’Europe au plus près » où nous suivons, chaque semaine, l’actualité des différentes institutions de l’Union européenne.
Cette semaine, intéressons-nous à la réunion lundi dernier, le 8 novembre 2021, de l’Eurogroupe, lequel rassemble les dix-neuf Etats membres de l'UE qui ont adopté l'euro comme monnaie. Les ministres de l’Economie et des Finances de ces pays se réunissent chaque mois au sein du Conseil européen, cette autre institution qui regroupe les chefs de gouvernement des 27. Quel est l’objectif de ces réunions ?
Depuis sa création en 1997 par le Conseil européen, l’Eurogroupe réunit chaque mois les ministres de l'Économie des Etats membres de la zone euro. A travers ces réunions informelles, l’objectif est de coordonner les politiques économiques des différents gouvernements, dans le but d'aider le travail du Conseil ECOFIN, qui regroupe l’ensemble des ministres de l'Économie de l’UE.
Quelles sont les prérogatives de ce Conseil des ministres ?
Le Conseil ECOFIN ou Conseil pour les affaires économiques et financières, exerce le pouvoir législatif en matière économique, parfois en codécision avec le Parlement européen. Il a pour responsabilité de surveiller les politiques budgétaires de l’Union et de les coordonner au sein des Etats membres. En outre, il coordonne les positions adoptées par l’UE pour les réunions internationales telles que celles du G20 ou du FMI. Les réunions de l’Eurogroupe, en préparation du Conseil ECOFIN, sont donc primordiales pour que les Etats partageant l’euro coordonnent leurs actions.
Lundi 8 novembre dernier, les ministres des Finances de la zone euro se sont donc réunis pour débattre des principaux défis économiques qui attendent les pays membres dans les mois à venir. Quels étaient les enjeux spécifiques à l’ordre du jour ?
Les sujets de débats étaient nombreux, puisque les participants à la réunion ont évoqué le thème de la reprise économique au sein de la zone euro, à la suite de la pandémie de COVID-19. Pour Paschal Donohoe, président de l'Eurogroupe, il est important de noter que “l’Europe a fait beaucoup de chemin” depuis le début de la crise sanitaire. La zone euro bénéficie, en effet, d'une bonne dynamique de reprise, que le président attribue en grande partie au succès du déploiement du vaccin ainsi qu’à l’efficacité des mesures économiques et politiques orchestrées par les Etats membres.
Bien que Paschal Donohoe ait dressé un bilan très positif de la reprise économique de la zone euro, les ministres ont mis l'accent sur les prochains défis à relever par leur gouvernement.
Au premier titre desquels l’évolution des prix de l’énergie sur le continent. On le rappelle, depuis septembre, les Etats membres connaissent une crise des prix de l’énergie, principalement provoquée par la flambée du prix du gaz, résultat d’une baisse de l’offre et de difficultés d’approvisionnement de gaz naturel en provenance de la Russie. L’enjeu pour l'Eurogroupe est maintenant de mettre au point des solutions efficaces et coordonnées pour contrebalancer cette hausse.
Une augmentation des prix qui se répercute sur le reste des biens de consommation.
Effectivement, les ministres de Finances de la zone euro se sont inquiétés de la hausse de l’inflation, plus importante que prévue au sein des Etats membres. Cependant le président de l’Eurogroupe est resté optimiste, rappelant que cette inflation était en grande partie due à des facteurs temporaires, et qu’elle devrait donc prendre fin au cours de l’année 2022.
Les réunions de l’Eurogroupe sont également l’occasion d’envisager le futur de la zone euro. En ce sens, les participants à la réunion ont débattu de nouvelles perspectives pour l'utilisation de l’euro au sein des Etats membres et notamment l’avènement d’un “euro numérique”. A quoi correspond cette appellation ?
Lundi dernier, les ministres de l’Union ont débattu des objectifs stratégiques et des utilisations de l’euro numérique. Par cela, il faut entendre une nouvelle manière de payer et d’utiliser notre monnaie à l’ère de la digitalisation croissante des moyens de paiement. Le projet est coordonné par l’Eurosystème, un organisme de l’UE qui regroupe la Banque centrale européenne et les banques centrales nationales.
Quels seraient les avantages d’une telle monnaie ?
Dans les faits, un euro numérique ne remplacera pas les espèces, mais les compléterait. Il résoudrait les situations dans lesquelles les gens préfèrent ne plus utiliser d’espèces. Il résoudrait la dépendance européenne à l'égard de moyens de paiement numériques émis et contrôlés depuis l'extérieur de la zone euro, qui représentent un risque pour la stabilité financière et la souveraineté monétaire de l’Union.
L’objectif de l’Eurogroupe est de continuer à faire évoluer la monnaie européenne, au gré des besoins de nos sociétés.
Oui et on le rappelle, l’année 2022 marquera les vingt ans de l’introduction de l’euro. L’occasion pour l’Eurogroupe de rappeler que l’idée d’une monnaie unique au sein des Etats membres est une innovation majeure à l’échelle de la planète. Pour Paschal Donohoe, “l'euro a [toujours] été un atout essentiel [pour] l'Europe, un symbole de notre résistance et de notre force collective.”
En conclusion de la réunion de lundi dernier, les ministres de l'Eurogroupe ont évoqué les fonds européens alloués aux Etats membres dans le cadre du plan de relance “Next Generation EU”. Cet argent doit servir la relance économique et la transition écologique de l’Union. Un défi difficile à relever ?
Oui, l'initiative de soutien lancée l’année dernière par la Commission européenne exige des Etats membres qu’ils allouent une majorité des fonds débloqués dans le cadre du programme NextGenerationEU à la transition écologique. Un objectif rempli par les ministres de l’Economie et des Finances en France et en Allemagne, mais qui s’avère difficile à s’acquitter pour certains Etats membres comme la Pologne, dont l’économie reste très dépendante du charbon. Des ambitions de relance verte de la Commission qui semblent donc difficiles à concrétiser.
Laura Léger - Romain L'Hostis
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