Aujourd'hui en Europe est un format quotidien regroupant les actualités européennes du jour, réalisé par la rédaction euradio à Bruxelles.
Au programme :
- Le feu vert donné par la Commission européenne pour que la Géorgie obtienne le statut de candidat officiel à l'Union européenne
- La reprise des négociations entre la Suisse et l’Union européenne
- L’inaction de 13 Etats membres de L’UE dans la lutte contre l'antisémitisme
Ouvrons ce journal en évoquant l’enthousiasme qu’a suscité en Géorgie le feu vert donné par la Commission européenne pour que le pays obtienne le statut de candidat officiel à l'Union européenne.
Oui, attendu depuis près d'un an et demi et accordé ce mercredi 8 novembre, cet avis favorable de la Commission européenne intervient après un premier refus en juin 2022. La présidente géorgienne, Salomé Zourabichvili, a accueilli cette décision avec enthousiasme et l’a qualifié de “réponse à l'occupation russe”, en référence à l’occupation par la Russie de l’Ossétie et de l’Abkhazie, soit 20 % du territoire géorgien. Elle a aussi souligné l'importance stratégique de cette avancée pour contrer l'influence de Moscou.
Toutefois si la présidente géorgienne s’est félicitée de cette nouvelle le gouvernement est beaucoup plus discret
En effet, bien que la présidente de la Géorgie se montre très pro-européenne, le gouvernement, qui exerce la réalité du pouvoir, est sur une autre ligne, considérée par beaucoup, comme pro-russe. Malgré l’occupation d’une partie de son territoire par Moscou, la Géorgie ne s’est ainsi pas alignée sur les sanctions européennes face à la Russie malgré les demandes répétées de Bruxelles. Le gouvernement géorgien avait même prévu il y a quelques mois de rétablir les lignes aériennes avec Moscou, reculant finalement devant la bronca suscitée par cette décision au sein de la population géorgienne.
Le cas de la Géorgie représente un véritable dilemme pour Bruxelles.
En effet, donner à la Géorgie le statut de candidat c’était risquer de légitimer un gouvernement critiqué pour ses fréquentes atteintes à la démocratie, tandis que le refuser c’était risquer d’exposer davantage la Géorgie à l'influence russe.
La Commission européenne avait en juin 2023 refusé d'octroyer le statut de candidat officiel à la Géorgie, sanctionnant son recul démocratique. Recul démocratique illustré notamment par la détention politique de l’ancien président Saakachvili dont le procès récent a tout d’une vendetta politique.
Cette reconnaissance comme candidate officielle qui doit encore être validée par le conseil en décembre prochain n’est cependant qu’une toute première étape qui précède l’ouverture des négociations, étape bien plus décisive.
Le chemin promet d’être long pour la Géorgie
Oui car la Commission européenne a assorti son feu vert de neuf conditions afin de garantir le respect des droits humains, l'indépendance des institutions, la liberté des médias ou encore la lutte contre la corruption. La commission demande aussi à la Géorgie de poursuivre le processus de "désoligarchisation", faisant référence à la domination de l'oligarque milliardaire et ancien Premier ministre Bidzina Ivanichvili. Celui-ci, en tant que fondateur du parti au pouvoir, le “Rêve géorgien”, exerce une influence considérable sur le pays en dépit de l'absence de toute fonction officielle.
Continuons ce tour de l’actualité en évoquant la reprise des négociations entre la Suisse et l’Union européenne en vue d'un large accord de coopération.
En effet, ce mercredi 8 novembre, deux ans après l'arrêt brutal des pourparlers entre Berne et Bruxelles, le Conseil fédéral suisse a émis un communiqué annonçant son feu vert pour la rédaction d’un mandat de négociation.
La question du rapprochement avec l'UE est un sujet politiquement sensible en Suisse
La relation entre Berne et Bruxelles est compliquée depuis une votation populaire sur “l’immigration de masse” que l’Union européenne avait perçue comme une gifle. Bruxelles avait demandé la remise à plat des accords régissant la relation avec la Suisse, des négociations qui avaient tourné à l’aigre. En 2021, la Suisse avait choqué en quittant brusquement la table des négociations, laissant en suspens de nombreux traités régissant ses relations avec l'UE, et suscitant la colère des Européens. Les discussions techniques ont repris en avril 2022, travaillant sur de nouveaux accords dans des domaines tels que l'électricité, la sécurité alimentaire, la santé, et la participation de la Suisse aux programmes de l'UE tels que Horizon Europe et Erasmus.
Cependant, certains points sensibles demeurent.
Oui, notamment sur le fonctionnement de l'accord existant sur la libre circulation des personnes. La parti UDC, la droite radicale, continue de s'opposer à cette législation assez souple sur la circulation des personnes. Par ailleurs, les syndicats se sont publiquement opposés aux premiers résultats des discussions, craignant une « libéralisation » du modèle suisse en matière de protection des salaires et du service public.
Terminons ce journal en évoquant les accusations d’inaction contre certains Etats membre de l’UE dans la lutte contre l'antisémitisme.
En effet, la secrétaire d'État chargée de l'Europe, Laurence Boone, a souligné cette lacune lors d’une intervention au Sénat le mercredi 8 novembre. D’après elle, 13 États membres de l'Union européenne n'auraient toujours pas élaboré de stratégie nationale contre l'antisémitisme ; et ce malgré leurs engagements pris dans le cadre de la "stratégie européenne de lutte contre l'antisémitisme" adoptée en 2021. La stratégie européenne, bien que non juridiquement contraignante, propose des réformes visant à renforcer l'efficacité des États membres dans la lutte contre l'antisémitisme. Les pays étaient censés élaborer leurs propres stratégies nationales d'ici la fin de l'année 2022.
La critique intervient dans le contexte de l'augmentation des actes antisémites à la suite de l'attaque terroriste du Hamas sur Israël le 7 octobre.
Oui, plus de 1 000 actes antisémites ont été recensés en France et au Royaume Uni en un mois seulement, créant une préoccupation croissante. La Commission européenne parle même d'une "flambée des incidents antisémites dans toute l'Europe", faisant craindre pour la sécurité des Juifs européens.
La Commission européenne prévoit d'évaluer l'ensemble des stratégies nationales d'ici la fin de 2023.
En effet, la secrétaire d'État Laurence Boone s'est engagée à exercer une pression diplomatique sur la Commission pour accélérer le processus et mobiliser les États membres sur cette question cruciale. Face à l'urgence de la situation, elle estime que la Commission doit agir pour demander aux États membres de s'investir davantage dans la lutte contre l'antisémitisme. « Il y a une obligation morale de la part de la Commission de demander aux Etats membres de se mobiliser sur le sujet » a ainsi affirmé le cabinet de la ministre.
Un journal d’Ariane Dana et Joris Schamberger.