Bienvenue dans cette édition de « L’Europe au plus près » où nous suivons, chaque semaine, l’actualité des différentes institutions de l’Union européenne.
Cette semaine, penchons-nous sur la participation de l’Union européenne et de ses États membres à la Conférence des Nations unies sur le changement climatique. Cette COP 26 a débuté le 1er novembre à Glasgow en Ecosse, et durera jusqu’au vendredi 12 novembre. Les leaders européens y ont défendu leurs ambitions environnementales auprès de la Communauté internationale. Des discussions qui ont pourtant souffert de l’absence de certains pays particulièrement pollueurs comme la Chine et la Russie.
Oui, en prévision de la COP26, Vladimir Poutine avait pourtant annoncé le 13 octobre un nouveau plan pour que la Russie atteigne la neutralité carbone d’ici à 2060. Mais l’absence du président russe à la conférence internationale vient confirmer les doutes émis devant ce plan qui ne contient encore aucun calendrier ni aucune mesure précise pour lutter contre les émissions de CO2 par la Russie.
Mardi, le président américain Joe Biden a déploré le “silence” de Vladimir Poutine malgré les désastres écologiques qui touchent également la Russie.
Tout à fait, la Russie subit déjà depuis cet été des feux de forêt géants dans la région de Iakoutie en Sibérie. De plus, la disparition du Permafrost soulève de plus en plus d’inquiétudes, notamment à cause des glissements de terrain que cela génère et avec eux des dégâts importants aux infrastructures. Mais mercredi, un porte-parole du Kremlin a rejeté ces critiques, affirmant que les actions de la Russie pour le climat « sont cohérentes, réfléchies et sérieuses ».
Dans le même temps, cette évolution climatique ouvre des opportunités économiques et géopolitiques pour la Russie.
Effectivement, en raison des températures plus élevées, la Russie a vu ses récoltes et donc ses revenus agricoles croître au point qu’aujourd’hui le pays est l’un des principaux producteurs agricoles du monde. De plus, Moscou se prépare à l’ouverture de nouvelles routes maritimes que la fonte des glaces va provoquer dans le Nord. Enfin, le poids géopolitique que lui confèrent les exportations de gaz vers l’Europe ne va pas encourager Vladimir Poutine à renoncer rapidement à cette énergie fossile.
L’absence de la Russie aux négociations internationales sur le climat n’a pourtant pas empêché la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen de passer au nom de l’Union européenne, une série d’accords en faveur de la protection environnementale.
Oui, 90 Etats ont ainsi passé un accord pour réduire de 30% les émissions de méthane d'ici à 2030. D’après le journal Le Monde, ce gaz représente le deuxième gaz à effet de serre lié à l’activité humaine après le dioxyde de carbone, mais son effet sur le réchauffement climatique serait “vingt-neuf fois plus important que celui du CO2”. Il est émis principalement par l’agriculture et l’élevage. Mais d'après Ursula von der Leyen, “le méthane est l’un des gaz que nous pouvons réduire le plus vite”, d’où l’intérêt d’un tel engagement. Parmi les signataires de l’accord, on retrouve l’UE, mais aussi les Etats-Unis, le Canada, le Brésil, ou encore le Royaume-Uni.
Le mardi 2 novembre, plus d’une centaine de pays se sont aussi engagés à stopper la déforestation d’ici à 2030.
D’après le président britannique de la COP 26 Alok Sharma, aujourd’hui c’est l’équivalent de 27 terrains de football de forêts qui disparaissent chaque minute. Pour contrer cela, 16,5 milliards d’euros seront alloués à la protection des forêts sur les cinq prochaines années. La Commission européenne a annoncé y contribuer à hauteur d’un milliard d’euros.
Ces accords ont néanmoins été critiqués par de nombreuses organisations environnementales.
Oui, en ce qui concerne l’engagement contre la déforestation, l’organisation Greenpeace a déclaré que “l’objectif de 2030 reste trop lointain et donne le feu vert à une décennie supplémentaire de déforestation”. D’ailleurs, le 3 novembre, l’Indonésie a qualifié ce nouvel engagement des parties prenantes "d'inapproprié et d’injuste” revenant sur son engagemet sur ce texte.
Certaines ONG ont également dénoncé les conditions dans lesquelles ces accords ont été obtenus.
Oui, ainsi la société d’analyse de l’aviation Cirium estime qu’entre le 1er et le 12 novembre, environ 400 jets privés seront mobilisés pour organiser les déplacements des participants au sommet pour le climat, ce qui signifie l’émission de 13 000 tonnes de CO2. Enfin plusieurs ONG ont dénoncé le fait que des experts de nombreux pays n’ont pas été autorisés à assister physiquement à cette première semaine de débats, en raison des restrictions sanitaires imposées au Royaume-Uni et alors que tous les pays du monde n’ont pas le même accès aux vaccins.
Terminons cette édition en évoquant une autre question, c’est celle du paiement des dégâts causés par les changements climatiques. Ces catastrophes sont un problème reconnu comme global, mais tous les pays n’ont pas les moyens d’y faire face.
Tout à fait, et c’est pourquoi depuis 2009, les pays les plus avancés économiquement se sont engagés à verser dès 2020 pas moins de 100 milliards de dollars par an aux principaux pays victimes du réchauffement climatique. Une promesse qui n’a toujours pas été suivie d’effets. De nombreux pays présents à la COP26 ont donc réclamé “un pacte climatique d’urgence”, mais cette idée n’a pas suscité un grand enthousiasme parmi les participants.
La première ministre écossaise Nicola Sturgeon a proposé que l'Ecosse finance un fonds de 1 million de livres sterling pour aider les pays du Sud à faire face aux désastres écologiques. Des petits pas encore loin des 100 milliards qui avaient été promis par la communauté internationale il y a quelques années aux pays les plus touchés par le dérèglement climatique.
Oui, et par conséquent, l’affaire risque de se retrouver devant la Cour internationale de justice. L’avocat Payam Akhavan, membre de la Cour permanente d’arbitrage de La Haye, a déclaré réfléchir à demander prochainement un avis auprès de la Cour internationale de justice ou du Tribunal international du droit de la mer sur cette question juridique des responsabilités en matière de dégâts environnementaux.
Laura Léger - Juliane Barboni
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Image via Flickr. © Andrew Parsons / No 10 Downing Street. Licence CC BY-NC-ND 2.0.