Bienvenue dans cette édition de « L’Europe au plus près » où nous suivons, chaque semaine, l’actualité des différentes institutions de l’Union européenne.
Cette semaine, penchons-nous sur le travail du Parlement européen. Les 705 eurodéputés se réunissaient en session plénière du lundi 18 au jeudi 21 octobre. Ils y ont adopté de nouvelles résolutions, notamment une stratégie agricole renouvelée pour l’UE.
Mercredi matin, la stratégie de la “Ferme à la table” proposée par la Commission européenne a été adoptée par les eurodéputés. Le texte, initialement présenté en mai 2020, propose un système alimentaire européen plus durable et respectueux du bien-être animal et de la santé humaine. La Commission vise, pour 2030, une réduction significative de l’usage des pesticides chimiques et d’engrais dans l'agriculture. Elle souhaite également s’attaquer à la vente d’antibiotiques pour l’élevage et l’aquaculture.
Les eurodéputés ont donc décidé d’apporter leur soutien au projet de la Commission.
Effectivement, mais pas sans conditions. Bien que le texte ait été approuvé à une large majorité avec 452 voix en faveur du projet, les membres du Parlement ont insisté sur la nécessité de rendre contraignants les objectifs inscrits dans la législation. Les Etats membres doivent par ailleurs définir leurs objectifs quant à la réduction de l’utilisation des pesticides dans l'agriculture dans les prochains mois.
Des engagements qui seront difficiles à tenir, soulignent les eurodéputés.
Oui car la résolution votée lundi dernier est déjà le fruit de nombreux compromis entre les commissions parlementaires de l'agriculture et de l’environnement. Les deux rapporteurs du texte, l’Italien Herbert Dorfmann du PPE et la Néerlandaise Anja Hazekamp du groupe de gauche, ne partagent pas la même vision du projet. Cette dernière a indiqué vouloir présenter un texte “beaucoup plus ambitieux” et a pointé du doigt certaines incohérences des politiques européennes, comme le financement de l’élevage intensif. Une pratique qui va à l’encontre de la nouvelle stratégie adoptée.
Continuons ce journal en évoquant les débats qui se sont tenus à Strasbourg concernant la refonte de l’agenda social européen. Ce terme désigne un ensemble de politiques destinées à lutter contre la hausse du chômage et de l’exclusion sociale au sein des Etats membres. Dans ce contexte, un rapport ambitieux de la commission de l’emploi et des affaires sociales a été présenté lundi dernier par la socialiste Lina Gàlvez Munoz. Ce dernier entend revitaliser l’emploi au sein des Etats membres à la suite de la pandémie du Covid-19.
Le rapport soutenu par Lina Galvez Munoz part du constat que la pandémie de coronavirus a provoqué des chocs sans précédent dans l’ensemble de la zone euro. Selon elle, la crise sanitaire a révélé les failles de nos systèmes économiques et contribué à la hausse des inégalités partout en Europe. Dans ce contexte, la commission pour l’emploi au sein du Parlement entend s’atteler au taux élevé de chômage en Europe en promouvant une “nouvelle boussole politique”.
A quoi correspond cette nouvelle boussole ?
Eh bien le texte entend allier la politique économique à des indicateurs de progrès social. Plus concrètement, le rapport présenté lundi 18 octobre a notamment pour objectif de mieux protéger et d’inclure les catégories de personnes les plus fragilisées au sein de la zone euro. L’accent est mis sur le bien-être des travailleurs européens, trop longtemps négligé par les politiques économiques de l’Union et des Etats membres.
Un projet social et politique accueilli favorablement par les groupes politiques du centre et de la gauche, mais qui fait grincer des dents à droite.
Oui, certains eurodéputés comme Sara Skyttedal du PPE critique le volet fiscal du rapport, jugé trop sévère, et qu’elle qualifie d’ “attaque contre la compétitivité européenne”. De son côté l’élu du groupe ID, Guido Reil, regrette ce qu’il considère comme une surenchère écologiste du Parlement. En effet, le rapport cherche à s’aligner sur les objectifs et les stratégies du Green Deal européen, ce qui implique notamment la création d'emplois dits “verts”. Une perte de temps selon l'eurodéputé pour qui la transition écologique de l’Union mène irrémédiablement à la suppression de milliers d’emplois. Un état de fait qui rend, selon lui, ce nouvel agenda social d’ores et déjà obsolète.
Terminons ce journal en évoquant la remise du prix Sakharov 2021. Ce prix consacre chaque année une personnalité ou une organisation qui défend les droits de l’Homme et les libertés fondamentales. Il doit son nom au scientifique et dissident politique soviétique Andreï Sakharov. Or cette année c’est un autre opposant politique russe qui a été mis à l’honneur.
Effectivement, mercredi 20 octobre, les députés ont décerné le Prix pour la liberté de l’esprit à Alexeï Navalny, militant anti-corruption et politique russe qui a activement contesté Vladimir Poutine. L’opposant a “contribué à dénoncer les abus [de la politique du Kremlin] et à mobiliser le soutien de millions de personnes en Russie.”, selon les mots du Président européen David Sassoli, qui rend hommage à son “incroyable courage” Des raisons qui ont conduit la Conférence des présidents, composée du Président et des chefs des groupes politiques, à le nommer lauréat du Prix Sakharov 2021.
David Sassoli a profité de cette occasion pour réclamer la libération immédiate d’Alexeï Navalny.
Oui, depuis le mois de février le dissident est incarcéré pour fraude dans une affaire largement considérée par les observateurs internationaux comme relevant de la répression politique. Il avait échappé de peu à une tentative d’empoisonnement en août 2020, qui avait été attribuée par les Occidentaux aux services secrets russes, bien que Moscou ait toujours nié toute implication.
La remise de ce prix au principal opposant politique à Vladimir Poutine, représente un choix éminemment politique du Parlement européen, sur fond de tensions entre la Russie et les Occidentaux.
Le choix d’Alexeï Navalny a d’ailleurs immédiatement été salué par le secrétaire général de l’OTAN, alors que les relations qu’entretient l’organisation avec la Russie se détériorent de plus en plus. Dans ce contexte, la sélection du Parlement européen va encore durcir un climat déjà polaire entre l’UE et la Russie.
Thomas Knox - Juliane Barboni
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